Le renouvellement des générations a son livre blanc
La confédération nationale de l’élevage se soucie du renouvellement générationnel et propose un livre pour soutenir l’installation en élevage de ruminants et propose des pistes d’amélioration à la situation actuelle.
Dévoilé à l’occasion du SIA, le livre blanc pour le renouvellement des générations en élevages bovin, ovin et caprin a été publié par la Confédération nationale de l’élevage (CNE), l’Institut de l’élevage, les Jeunes agriculteurs et les syndicats spécialisés. État des lieux des installations, départs, et enquêtes de terrain composent ce recueil de 62 pages à destination des politiques nationaux et européens, des élus locaux, etc. « C’est une opportunité de relever tous ensemble le défi du renouvellement agricole », annonce Jérémy Decerle, le président des Jeunes agriculteurs. « La souveraineté alimentaire d’un pays, dont on entend beaucoup parler aujourd’hui, passe par la capacité à renouveler les générations d’agriculteurs. C’est un enjeu national », renchérit Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine. En face de chaque frein à l’installation identifié, les auteurs ont imaginé une solution. Par exemple, l’image du métier d’éleveur est dégradée du fait d’un décalage croissant entre la perception et la réalité du métier. De même, la société est abreuvée d’idées reçues concernant l’agriculture, avec une image caricaturale des éleveurs et des phrases toutes faites relayées par les médias et les politiques. Pour remédier à cette situation inconfortable et peu attrayante, les auteurs du livre blanc estiment qu’il est primordial de mettre plus en avant les nombreux atouts et services rendus par l’élevage, tout en valorisant mieux les démarches de progrès dans lesquelles s’engagent les éleveurs.
Créer des synergies entre éducation nationale et secteur agricole
D’autre part, les installations sont de plus en plus complexes et difficiles à financer. Les auteurs ont ciblé les problèmes qui se posaient le plus fréquemment à ce niveau, tel que l’offre bancaire souvent inadaptée aux besoins des jeunes agriculteurs avec trop peu de conseils eux aussi inadaptés, l’accès au foncier très compliqué et des évaluations du patrimoine qui peuvent être déconnectées de la réalité. En réponse à cela, le Livre Blanc propose de mettre en place un accompagnement, une formation et des conseils plus adaptés suivant différents leviers. Les futurs agriculteurs devraient être mieux informés sur les différentes formes de baux pour la location de foncier. Les programmes de formation vont être amenés à évoluer prochainement pour que les jeunes appréhendent plus facilement leur futur métier d’éleveur comme l’équivalent d’un chef d’entreprise. Les auteurs du recueil souhaiteraient qu’il existe plus de synergies entre éducation nationale et monde agricole, afin que les nouvelles générations de tout corps de métier puissent avoir une meilleure connaissance des enjeux de l’agriculture. « Nous avons relevé un grand nombre de données et d’informations erronées sur le secteur agricole dans les manuels scolaires de l’éducation national », avertit Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine. D’un autre côté, la formation agricole aurait besoin d’être rafraîchie et remise au goût du jour. « Il faut donner plus d’importance au collectif et à l’économie de filière dans l’enseignement spécialisé, assène-t-elle. La relève doit avoir une vision plus globale de l’élevage. » La présidente des éleveurs ovins continue : « Former les jeunes est bien sûr important, mais enseigner la pédagogie aux cédants, les faire construire un projet de vie après leur carrière d’éleveur est bien trop oublié aujourd’hui et nous devons remédier à cette situation. » Toujours selon la présidente du syndicat ovin, les cédants doivent déjà se mobiliser dix ans avant leur départ et se positionner sur le transfert de patrimoine et de savoirs qu’ils auront à réaliser.