Le pis de bois, une ancienne mammite ?

Dès l’agnelage, l’un ou les deux quartiers mammaires sont durs, froids et sans aucune goutte de lait ! « À ce stade, ce type de mammite est irréversible », explique Pierre Autef, vétérinaire praticien à Bellac en Haute-Vienne. Autrement dit, la brebis doit être réformée, son ou ses agneaux élevés au biberon ou bien candidats à l’adoption. Ce type de mammite, appelée couramment « pis de bois » peut avoir plusieurs origines. La plus courante est liée à une ancienne mammite qui s’est développée lors du tarissement. « Les sevrages progressifs et tardifs avec des agneaux lourds qui continuent à téter en donnant des coups de tête dans le pis pour faire venir le lait favorisent les pis de bois, explique Pierre Autef. Cela provoque des mammites non détectables cliniquement avec fibrose et induration du parenchyme mammaire. Les brebis n’ont pas de lait lors de la lactation suivante ». L’agalactie contagieuse à Mycoplama agalactiae peut également provoquer ce syndrome. « C’est une affection plutôt localisée au Pays basque. Les formes visibles sont rares mais il n’est pas exclu de les voir survenir notamment chez les primipares ».
L’ergot suspecté ?
Des mycotoxicoses telles que l’ergot des céréales peuvent également entraîner une absence de lait en début de lactation. La prolactine est inhibée et la lactation ne commence que 7 à 10 jours après l’agnelage. Mais dans ce cas, la mamelle reste souple. Ce sont des conditions climatiques très humides au printemps qui favorisent le développement de champignons sur les céréales. Producteurs d’alcaloïdes, il suffit de quelques grains contaminés, pas toujours très visibles car souvent en très faible quantité, pour entraîner des pathologies. On les reconnaît à leur forme d’ergots pourpres ou bruns de 1 à 2 cm de longueur au moment de la récolte. L’analyse de mycotoxines est possible et fiable à condition de prélever un échantillon représentatif (l’unité de mesure est alors la partie pour milliard !). Cette analyse coûte entre 100 et 150 €.