La passion de l’élevage avant tout
Dans l’Allier, Jean-Marie Gaujour s’occupe de 70 brebis Texel en sélection en plus de son travail de technicien. Un loisir de passionné qui lui rapporte environ 4 000 euros par an…
Jean-Marie Gaujour a emmené ses plus beaux reproducteurs au Sommet de l’élevage pour le concours Texel du 4 octobre. Il a dû pour cela prendre une demi-journée de congés car, en plus de ses 70 mères en sélection, Jean-Marie est technicien pour un négoce agricole. « L’élevage est une passion mais ça me donne aussi une vraie légitimité dans les conseils que je peux donner à mes éleveurs clients » explique le grand gaillard de 45 ans.
Chez lui, le tunnel de 9 mètres par 30 est surtout utilisé pour l’agnelage et l’engraissement. Pendant l’agnelage, du 10 mars au 10 avril environ, c’est un peu tendu au niveau travail et Jean-Marie essaie de rentrer le midi quand il peut. Heureusement, il peut aussi compter sur l’aide de Corinne, son épouse, Mathias, son fils, et de Marine, sa fille de 14 ans. « Elle aussi adore les bêtes et elle sait que si l’élevage ne rapporte pas, ça sera compromis pour les cours d’équitation, le scooter ou les vacances… ». En effet, une fois toutes les factures réglées, la vente de reproducteurs et d’agneaux de boucherie leur laisse un revenu complémentaire d’environ 4 000 euros, soit à peu près le montant des aides PAC. Pourtant, en étant double actif, il ne peut pas toucher les indemnités compensatoires de handicaps naturels (ICHN). Il trouve aussi la cotisation solidaire de la MSA (800 euros environ) d’un montant plutôt élevé alors qu’il ne recevra pas de retraite agricole en étant salarié à plein-temps. Et cette année, avec la sécheresse, le résultat sera amputé de 1 000 euros.
Mes brebis, c’est mon antidépresseur
La Texel étant une race de plein air, Jean-Marie s’occupe surtout de sa troupe le soir. Les animaux reviennent naturellement vers le tunnel en soirée et il peut alors les observer, les soigner et les alimenter si besoin. « Il y a des jours, je suis rincé de ma journée mais passer une demi-heure à une heure avec les brebis, c’est mon antidépresseur. » Il s’occupe alors aussi de la centaine de poulets, de la jument de trait, des chiens de chasse et des génisses laissées par son beau-frère en pension en échange des travaux de fenaison.
Pour lui, la sélection est une façon d’aller au bout de l’élevage. Il sélectionne ainsi des brebis qui agnèlent seules, avec une bonne prolificité (1,8) et moins de gros agneaux. L’éleveur a aussi porté sa sélection vers la rusticité, en privilégiant notamment les brebis résistantes aux mammites et au piétin. Ce passionné emmène parfois certains de ses animaux à Verdilly dans l’Aisne, au siège d’Oson qui gère la race. C’est même lui qui anime la vente annuelle et il lui arrive aussi de juger au concours général à Paris quand il n’y participe pas lui-même.