Assemblée générale régionale FNO
La FNO débute son tour des régions
En Bretagne, Pays de Loire puis dans toutes les régions, la Fédération nationale ovine échange avec les éleveurs sur la conjoncture, la future PAC mais aussi l’agneau dans les cantines ou les vols de moutons.
En Bretagne, Pays de Loire puis dans toutes les régions, la Fédération nationale ovine échange avec les éleveurs sur la conjoncture, la future PAC mais aussi l’agneau dans les cantines ou les vols de moutons.
L’assemblée générale des organisations départementales ovines des régions Bretagne et Pays de la Loire s’est tenue le 8 janvier dernier à Angers. Pour la Fédération nationale ovine, ces rendez-vous annuels dans toutes les régions de France sont l’occasion d’échanger entre le local et le national sur les informations de la filière et l’actualité régionale.
Un point sur la conjoncture permet de goûter la remontée des cours en fin d’année. « Nous avons bien repris depuis le creux de fin d’été, apprécie Michèle Boudoin, la présidente de la FNO, en expliquant que la sécheresse a incité les éleveurs à rentrer leurs animaux et à les trier davantage. En plus des Anglais qui ont vidé les bergeries avant le 31 octobre en vue de l’épopée du Brexit, on a observé un défaut de consommation car les Français ont peu consommé de viandes pendant les grandes chaleurs. La consommation est revenue avec les pluies. »
Si le nombre d’agneaux vivants importés a baissé par rapport à 2018 et celui d’agneaux vivants exporté a augmenté, la présidente de la FNO alerte sur le transport des animaux vivants qui sera de plus en plus compliqué à l’avenir avec la pression des ONG. Fin novembre, le naufrage d’un bateau contenant 14 600 moutons en mer Noire a mis en lumière les limites du transport d’animaux vivants sur de longue distance. Ce bateau partait d’un port roumain à destination de l’Arabie Saoudite. La Roumanie est d’ailleurs un acteur ovin européen à surveiller de plus en plus même s’il s’agit surtout d’élevages laitiers avec des agneaux moins conformés, un fonctionnement parfois perçu comme mafieux et des circuits commerciaux déjà en place.
Oui pour mettre de l’agneau dans les cantines
« Ce qui m’inquiète le plus c’est la perte du nombre d’achat », regrette la présidente en analysant les chiffres. Les volumes achetés ont en effet baissé de 6,5 % en 2019 alors que le prix moyen monte de 2,5 % à 14,92 euros le kilo. Pour redonner le goût de l’agneau aux jeunes générations, la présidente de la FNO lance le défi de mettre du mouton dans les cantines pour contrer le repas végétarien obligatoire. « Inviter vos politiques au salon de l’agriculture pour en discuter, a-t-elle encouragé. Nous avons souhaité garder un stand spécifique ovin, profitons-en ! »
Les éleveurs des Pays de la Loire y travaillent. Dans le Maine-et-Loire, des opérations se font en association « avec les bovins viande qui mènent la danse et nous y associent, selon Jean-Marc Gaborit, éleveur ovin du département. La volonté de nos politiques est là pour mettre de la viande locale dans les cantines. Mais on a plus de problèmes avec nos abatteurs qui ne savent pas découper les agneaux pour faire du piécés et répondre aux demandes des cantines. » « Ce sont des marchés que nous avons un peu oubliés, reconnaît Marc Humeau, éleveur du Maine-et-Loire et administrateur de Terrena. Nous y travaillons mais cela prend du temps de bien s’articuler entre abattages, productions, politiques et cantines. » En Vendée aussi, des rencontres sont prévues entre intendants des cantines et fournisseurs d’aliments. « La coopérative Vendée Sèvres Ovins y sera présente pour voir comment construire des partenariats », affirme Jean-Paul Rault, éleveur vendéen.
Une aide ovine pour tirer les éleveurs vers le haut
En prévision de la PAC post 2020 (qui s’appliquera plutôt à partir de 2023), les discussions vont bon train à Paris, Bruxelles et ailleurs. Et la FNO a également apporté sa part au débat en affirmant ses attentes au ministère de l’Agriculture dans le cadre du plan stratégique national. D’une manière générale, la Fédération nationale ovine rappelle son attachement à ce que les aides permettent de préserver l’activité agricole ou le potentiel de production. Avec une PAC qui devrait rémunérer davantage les externalités positives, la FNO affiche la nécessité de faire reconnaître l’existant. « Toutes les brebis ont un intérêt économique, environnemental et sociétal, explique Michèle Boudoin. Pour faire reconnaître l’existant, nous avons besoin d’indicateurs et c’est pour cela que la filière ovine adapte l’outil Cap2ER pour évaluer l’impact à l’échelle de l’atelier ovin puis celle de l’exploitation ».
Mais les professionnels préviennent que les crédits européens pour l’agriculture risquent encore de diminuer. « Avec la convergence et la baisse des moyens alloués à la PAC, j’ai perdu pas tout à fait mille euros par an depuis 2016 », calcule Marc Humeau. « Ça rabote de tous les côtés », confirme Gilles Morvan du Finistère. La FNO revendique un maintien de l’enveloppe des aides couplées avec « une aide couplée forte permettant d’orienter notre production vers la performance globale des exploitations ovines pour la rendre toujours plus compétitive ». Pour l’aide ovine, la FNO demande ainsi le retour à un ratio de productivité d’un agneau produit par brebis avec prise en compte des agneaux vendus et des agnelles de renouvellement. « Cette aide ne doit pas être un masque à oxygène pour éleveurs ovins en difficulté, défend la présidente. Elle doit plutôt chercher à tirer les producteurs vers le haut ».
La FNO souhaite aussi maintenir l’aide majorée pour les nouveaux producteurs mais ils ne sont pas reconnus par exemple à l’arrivée d’un jeune dans un Gaec. De même, un agriculteur qui possède quelques brebis et un numéro de cheptel et voudrait ouvrir un atelier de 400 têtes serait exclu de l’aide car il est déjà enregistré par l’EDE… Autre difficulté de l’aide, si un supplément est accordé aux productions sous signes officiels de la qualité et de l’origine (label, IGP, AOP, bio), doit-on aider uniquement les agneaux labellisés ou seulement si un pourcentage d’agneaux est labelisable ?
La future PAC se prépare maintenant
Au moment des élections des administrateurs régionaux, les représentants bretons et ligériens ont décrit brièvement les spécificités ovines de leur région. « En Bretagne, nous avons des jeunes qui s’installent qui démarrent très vite techniquement, apprécie Gilles Morvan, éleveur ovin du Finistère. Que ce soit en lait ou viande, ceux qui s’installent sont des battants et ils sont vite opérationnels. En plus des techniciens de la chambre d’agriculture, il y a un vrai réseau syndical et on s’appelle souvent entre nous pour se tuyauter. Que ce soit en vente directe ou en vente organisée, les éleveurs ne sont pas abandonnés à eux-mêmes ».
Pour les Pays de la Loire, Marc Humeau a présenté le projet bien avancé de la Maison du mouton mis en place suite à la dissolution du GIE élevage. Cette association interprofessionnelle régionale pourrait être accueillie par Interbev, avec un temps plein dédié, et traiterait de toutes les questions techniques ou professionnelles en lien avec les ovins.
Jean-Paul Rault a évoqué la « prédation à deux pattes » et comment les éleveurs de la région tentent de se protège contre le vol. Un groupe WhatsApp permet ainsi de s’informer entre éleveurs de la présence de véhicules suspects. Certains ont investi dans des caméras qu’ils ont placées dans les prairies. Ces mesures se combinent avec la cellule nationale Demeter mis en place en décembre par le ministère de l’Intérieur.
L’actualité ovine du Pays de la Loire est aussi l’arrivée attendue de 20 000 brebis laitières avec la demande d’Eurial de collecter du lait en Vendée et dans les Deux-Sèvres. « On craignait que ce soit des éleveurs allaitants qui se reconvertissent et appauvrissent d’autant la production d’agneaux. Finalement, ce sont plutôt des créations de troupes ou des reconversions d’autres productions. »
Enfin, en arrivant dans la dernière année du plan quinquennal d’Inn’ovin, la profession souhaite prolonger ce programme. Pour Michèle Boudoin, « nous allons nous appuyer sur l’existant en développant l’axe sur l’environnement pour répondre aux demandes des consommateurs et de la politique agricole européenne mais aussi pour transmettre une agriculture plus durable aux nouvelles générations. » Le tour de France ovin se poursuit en janvier et février en attendant le congrès de la FNO qui se tiendra à Paris le 23 avril.