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La contention au service du bien-être des éleveurs

Les manipulations et les soins aux brebis sont les activités qui prennent le plus temps pour l’éleveur. En Haute-Vienne, Denis Vautier a mis la contention au centre de son exploitation.

Ici, tout est en auto construction ! », annonce Denis Vautier, membre associé du Gaec des Gravilles. C’est une fierté pour cet éleveur massif de 46 ans, mais avant tout, c’est une nécessité pour réduire les coûts. Les deux bergeries (en dehors des toits), qui accueillent les 1 500 brebis du Gaec et la salle de tonte ont été construites par les Denis, sa compagne Sophie et Pierre-Yves, le troisième associé. Et ils bâtissent à bon rythme puisque la première bergerie a été construite en trois mois tout justes et la salle de tonte en seulement trois jours. Celle-ci n’a d’ailleurs coûté que le cinquième d’une salle de tonte neuve et ça n’empêche pas les éleveurs « d’apprécier de nouveau cet évènement ». La ferme appartient à la famille de Denis depuis sept générations et a toujours eu un troupeau ovin, complémentaire à un atelier bovin. Ce dernier, n’ayant plus sa place sur l’exploitation a été arrêté en 2010. « Les vieux bâtiments sont toujours recyclés plusieurs fois, l’étable est devenue l’atelier, la bergerie historique, trop petite, est devenue la salle de tonte et ainsi de suite », explique l’éleveur, sa tignasse blonde en bataille.

Le bricolage dans le sang

La fièvre du « fait maison » ne touche pas seulement les bâtiments mais aussi les équipements nécessaires pour la manutention. Par la force des choses et du métier d’éleveur, Denis est bien bricoleur. Président de sa Cuma, il en répare les engins dans son atelier. Pour ses associés et lui-même, il a construit un camembert de contention automatisé. Les barrières de contention sont d’occasion et tout le matériel de câblage, les vérins et la pompe hydraulique sont de la récupération. Lorsque le manipulateur est au niveau de la cage de retournement, il peut actionner à distance le moteur, qui est en fait un rotor de moissonneuse-batteuse. Celui-ci est relié à une barrière de longueur égale au rayon du camembert qui va pousser les brebis vers l’entrée du couloir. En quelque sorte, ce système remplace le chien qu’il faut guider, ou les allers-retours éreintants pour l’éleveur.

Un gain de confort inestimable, sans trop d’investissements

La cage de retournement, elle aussi, est bricolée pour alléger la fatigue liée à son utilisation. Même système de vérins et de pompe hydraulique qui remplacent les barres manuelles, présentes à l’origine sur cette cage classique. L’éleveur n’a plus qu’à presser un bouton et cage et brebis se retournent. « On ne gagne pas en temps avec cette installation, mais par contre le confort de travail est largement amélioré », souligne Denis. Le poste de pilotage de la cage et du camembert est commun, mais il y a également un accès aux commandes au sein même du camembert, encore une façon de limiter les va-et-vient inutiles. Tout est prévu sur l’exploitation pour qu’une personne seule puisse travailler. L’ensemble constitué du couloir de contention, du camembert et de la cage a coûté 3 000 euros au Gaec. Tout ce système est principalement utilisé pour le parage des onglons, ou éventuellement pour des manipulations sur des petits lots n’excédant pas 200 brebis. L’éleveur se sert également d’un sécateur pneumatique, qui lui a coûté autour de 400 euros, moins efficace qu’un sécateur électrique mais également deux à trois fois moins cher.

25 minutes pour soigner 200 brebis

Les trois associés du Gaec des Gravilles misent beaucoup sur la contention pour alléger leur travail du quotidien car ,en plus de la cage et du camembert, la première bergerie est équipée de cornadis autobloquants de part et d’autre du couloir pour le tracteur. « Ça a été un investissement important, à tel point que nous n’avons pas pu équiper la deuxième bergerie de la même manière », reconnaît Denis Vautier. Mais pour lui, pas de doute, quand un jeune veut s’installer, il faut lui faire comprendre l’importance de la contention. « Même s’il ne peut pas mettre des cornadis partout parce que c’est trop cher, il faut qu’il y réfléchisse sérieusement ». Pour les trois associés, le retour sur investissement est indéniable, au vu du confort de travail et du gain de temps pour les manipulations, qu’il s’agisse des inséminations, échographies, prises de sang… « Pour droguer 200 brebis, Pierre-Yves, ce jeune fou, ne met que 25 minutes », se satisfait son ancien maître d’apprentissage, aujourd’hui égal à égal. Sans les cornadis, il faut compter au moins quatre fois plus de temps pour le même rendu. Vincent Villelegier, technicien de la coopérative Limovin qui suit le Gaec des Gravilles, apprécie aussi ces installations qui permettent « un travail plus précis, plus efficace et plus rapide ». La recherche du gain de temps et du bien-être de l’agriculteur se retrouve aussi dans l’utilisation d’un drone. Celui-ci effectue les diagnostics culturaux et envoie directement à l’épandeur les bonnes quantités d’azote à apporter sur les parcelles.

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