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La Caveb met en place un contrat tripartite en faveur de l’installation en ovin

La Caveb, coopérative des Deux-Sèvres, lance son contrat premium, qui associe éleveur, abatteur et coopérative pour inciter à l’installation en production ovine.

Mi-novembre dernier, la coopérative deux-sévrienne nous convie chez Gaël Bouvier, qui signe le premier contrat tripartite « premium » mis en place entre la Caveb, l’éleveur et l’abattoir partenaire Sovileg. Le jeune homme de 37 ans, tout sourire, a obtenu son permis de construire pour sa future bergerie, après s’être tout récemment installé en mars dernier. En attendant, ses 300 brebis sont hébergées dans les bâtiments de ses beaux-parents, tout juste vidés de leurs précédentes occupantes, des chèvres laitières. Gaël n’avait pas écarté d’emblée l’idée de reprendre l’activité caprine mais s’est heurté au problème de la main-d’œuvre. « Je me suis tourné vers le mouton, en partie car je pouvais compter sur l’accompagnement des techniciens de la coopérative, explique Gaël Bouvier, qui a réalisé une reconversion professionnelle après 15 ans passés dans le BTP. La valorisation des agneaux avec le label rouge Diamandin était une autre raison de mon choix de production. » Son troupeau est composé de 200 brebis mouton vendéen croisées charollais et de 100 romanes. Cette dernière race étant exclue du cahier des charges du Diamandin, Gaël Bouvier a pu s’orienter sur l’Agnocéan.

Antoine Proust est le président de la section ovine de la Caveb, qui compte 190 éleveurs et 40 000 brebis mères. Il définit le cadre du nouveau contrat premium : « Ce contrat a pour vocation de donner envie de s’installer ou de créer des ateliers ovins sur son exploitation. Dans les Deux-Sèvres, avec la perte récente de l’ICHN, nous craignions de voir le cheptel ovin baisser. » La Caveb a donc fait le choix de la fidélisation en rassurant ces futurs membres quant à la valorisation et aux débouchés de leur production. « Le travail conduit avec notre abattoir partenaire Sovileg permet de garantir des prix toute l’année et notre volonté est aussi de responsabiliser nos éleveurs sur les périodes de production ».

Yohann Richard, directeur de la Caveb : « Avec notre contrat, nous garantissons notre pérennité, le renouvellement des adhérents de la coopérative et notre croissance. »
Yohann Richard, directeur de la Caveb : « Avec notre contrat, nous garantissons notre pérennité, le renouvellement des adhérents de la coopérative et notre croissance. » © B. Morel
Et les modalités du contrat premium sont orientées pour accompagner les nouveaux installés en production ovine. Il garantit un prix minimum pendant sept ans, établi à 7 euros du kg. « Autant le prix ne passera pas au-dessous de cette limite, autant si la cotation s’envole comme actuellement, la valorisation est indexée dessus », détaille Yohann Richard, directeur général de la Caveb. Ce prix minimum garanti n’est cependant pas dénué de conditions, qui peuvent néanmoins être vues comme des engagements qualité et sécurité pour l’éleveur. Par exemple, tous les béliers doivent être inscrits. « Je préfère connaître les qualités de mes béliers, que je sélectionne sur la valeur laitière, la conformation bouchère et les qualités maternelles », appuie Gaël Bouvier. « Nous avons une réputation à préserver d’agneaux de qualité et le levier de la génétique encadrée nous permet de nous y tenir », soutient Yohann Richard. Par ailleurs, l’éleveur s’engage à vendre 100 % de ses agneaux et de ses brebis à la Caveb. Enfin, le contrat premium s’articule autour d’un objectif principal : 40 % des agneaux doivent être produits entre le 15 octobre et le 30 avril. L’éleveur doit obligatoirement fournir un prévisionnel de sortie et pour cela, la Caveb propose un service de diagnostic de gestation.

En contrepartie de ces efforts, et en plus du prix minimum, Gaël bénéficie d’un accompagnement technique (obligatoire) et son technicien se charge de réaliser le GTE et le bilan de reproduction. Enfin, Gaël Bouvier est suivi par un « parrain », un éleveur voisin qui se rend disponible pour accompagner le jeune moutonnier dans ses premiers pas. La Caveb souhaite également créer du lien entre ses nouveaux membres, avec la mise en place d’un groupe Whatsapp et Facebook, d’une rencontre annuelle entre éleveurs, abatteur et coopérateurs. Gaël pourra également se rendre au siège de la Sovileg pour assister au premier abattage de ses agneaux et se rendre ainsi compte de la qualité de son travail.

Gaël Bouvier n’a pas encore vendu d’agneaux, mais il a calé ses périodes d’agnelage afin de valoriser sa production au mieux selon le contrat. Il s’est basé sur un système de trois agnelages par an, en août, novembre et janvier ce qui lui permet de jongler entre élevage et grandes cultures, sans que les travaux ne se superposent.

Pour la Caveb, Gaël Bouvier est le premier signataire d’un contrat qui va sans doute faire des émules, huit autres projets de reprise et d’installation étant en cours avec le contrat premium.

Financement du troupeau à taux zéro

Pour une installation ou une création d’atelier, une des plus importantes charges est l’achat du troupeau. La Caveb propose une solution de simplicité pour les nouveaux éleveurs ovins. « Nous connaissons les mouvements d’éleveurs à moyen et long termes, avec les arrêts de production, les départs à la retraite, etc., explique Sophie Laurent, la technicienne de la Caveb qui suit l’exploitation de Gaël Bouvier. Nous sommes donc en mesure de proposer des cheptels à reprendre aux porteurs de projet. » La Caveb lève 800 000 euros auprès de ses banques partenaires avec un taux préférentiel. La coopérative prend à sa charge les intérêts pour proposer au porteur de projet un emprunt à taux zéro. L’éleveur peut donc souffler un peu économiquement et cela évite aussi des origines multiples du troupeau, source de maladies. Enfin, au niveau de la Caveb, ce système évite une décapitalisation du cheptel ovin.

Le défi de la régularité

Pour Rodolphe Lepoureau, P.-D.G. de l’abattoir spécialisé en agneaux, situé à Thouars (Deux-Sèvres), le contrat tripartite est aussi un gage de régularité : « Notre demande de mieux répartir la production sur l’année a été prise en compte dans la construction de ce nouvel outil. Nous avons vraiment besoin d’un effort de production de novembre à Pâques, notamment avec des agnelages de fin d’été. » Le directeur de Sovileg reprend : « La consommation et le marché nous demandent de relever deux challenges : miser un maximum sur les signes officiels de qualité et sécuriser les apports et les volumes. » Si le premier défi est relevé avec près de 90 % des agneaux commercialisés par la Caveb qui sont en filière qualité, le nouveau contrat a pour vocation la sécurisation de la production sur l’année. « Le consommateur ne peut pas comprendre aujourd’hui, qu’il y ait des ruptures d’approvisionnement. La saisonnalité des produits n’a plus cours dans la société actuelle. » Rodolphe Lepoureau se dit satisfait du contenu du contrat premium qui, selon lui, permet à toute la filière ovine de vivre. « Tous les maillons de l’amont à l’aval s’y retrouvent. »

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