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« J’ai créé un atelier ovin complémentaire des grandes cultures avec un minimum d’investissement »

Dans le nord-est de l’Aube, Guillaume Maman a repris l’exploitation familiale orientée grandes cultures et a créé un atelier ovin complémentaire de l’activité principale.

Guillaume Maman
Guillaume Maman, 42 ans, est installé dans le nord-est de l'Aube. Il simplifie la conduite de sa troupe ovine pour donner la priorité aux grandes cultures.
© B. Morel

L’atelier ovin représente seulement 20 % du chiffre d’affaires de Guillaume Maman. Pour autant, l’éleveur aubois de 42 ans ne reviendrait pas en arrière. Créée en 2005, soit deux ans après son installation, la troupe ovine de 400 mères Île-de-France vient compléter les 230 hectares que compte l’exploitation. « Mes parents avaient un atelier ovin qu’ils ont arrêté. Avec mon intérêt pour l’élevage, j’ai recréé cette activité peu de temps après que je me suis installé », explique Guillaume Maman.

Pour lui, les complémentarités entre grandes cultures et élevage ovin sont multiples. « Je donne les grains mal calibrés aux ovins ainsi que les repousses des céréales» Les brebis pâturent sur les parcelles en herbe, qui, sans elles, seraient des jachères à passer au broyeur. Le fumier est restitué au sol, ce qui permet de diminuer les achats d’engrais, sans pour autant permettre de s’en passer complètement.

Autoconsommation pour la ration des brebis

Bergerie et bennes à grains.
La distribution de l'aliment se fait à la main, l'éleveur apporte les bennes dans le couloir de circulation de la bergerie. © B. Morel
Si Guillaume Maman achète tout le concentré pour les agneaux, la ration des brebis se fait en autonomie sur l’exploitation avec une distribution d’orge, de luzerne en foin sec et en enrubanné et de pulpe de betterave déshydratée en bouchons qu’il achète à la sucrerie.
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« Les ovins permettent une diversification des revenus, avec une rentrée d’argent lissée sur l’année et sur des périodes creuses pour les grandes cultures. » De même, la charge de travail est mieux répartie, permet de garder une activité constante pour le salarié quand les travaux des champs se terminent. « Nous faisons quatre agnelages par an, entre septembre et avril. De fait, si un agnelage tombe pendant un pic de travail dans les cultures, la charge de travail n’est pas non plus excessive et cela reste gérable », souligne Guillaume Maman.

Une conduite quasiment en race pure

Toiture en panneaux solaires
Le chiffre d'affaires de l'exploitation se répartit comme tel : 20 % atelier ovin, 70 % grandes cultures, 10 % revente énergie solaire, vente de paille, prestation de services. © B. Morel
Les agneaux sont en système bergerie et sont commercialisés par Cobevim. La coopérative les valorise en partie en label certifié Carrefour. Ils sont abattus à 120-130 jours pour un poids carcasse moyen à 20 kilos. La reproduction se fait en monte naturelle, en 100 % Île-de-France pour les multipares et en croisement mouton charollais pour les agnelles, afin d’avoir des agnelages plus faciles et des agneaux plus vigoureux à la naissance.

« Le choix de l’Île-de-France s’est fait assez naturellement, c’est la race régionale, elle se désaisonne bien et présente une prolificité de 1,7 à 1,8 qui me convient bien, énumère l’éleveur. J’essaie de faire le moins d’allaitements artificiels et je ne fais pas de croisement sur les brebis pour me simplifier le travail, d’autant que je garde les agnelles pour mon renouvellement. »

Un atelier ovin simple, à moindre coût

Bergeries
L'exploitation compte deux bergeries pour loger les 400 brebis. © B. Morel
« J’ai fait le choix de conduire un atelier ovin simple, intégré dans une exploitation grandes cultures, avec une conduite simplifiée. » Guillaume Maman réalise lui-même la tonte et le parage mais ne fait pas faire ni échographie, ni contrôle de performances et n’a pas de parc de tri. « Je fais confiance au technicien de la coopérative pour choisir les agneaux prêts à partir, la collecte se fait toutes les deux semaines. »

L’éleveur regrette l’absence de vétérinaire spécialisé en ovin dans le secteur et se sent isolé sur la distribution des médicaments. Sur l’accompagnement technique, il prend beaucoup d’informations auprès de la Cobevim et échange avec les autres éleveurs des environs.

Chiffres clé

2 UMO

400 brebis Île-de-France

230 ha de SAU, dont 10 ha de prairie naturelle, 5 ha de luzerne destinée aux ovins. Le reste est réparti entre chanvre, blé, orge, betterave sucrière, dactyle, fétuque, ray-grass semence

Installation en 2003

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