Évitons les incidents avec les chiens de protection
Le rôle des chiens de protection est de défendre le troupeau face aux agresseurs extérieurs. Cette mission peut entraîner des incidents soit par excès de zèle de la part des chiens, soit par une réaction contre-productive des promeneurs.
À la différence du chien de conduite qui travaille en binôme avec l’éleveur, le chien de protection est, lui, livré à lui-même et protège le troupeau surtout quand l’éleveur ou le berger est absent. La responsabilité de distinguer un potentiel agresseur d’un simple promeneur échoit de ce fait au chien lui-même. Celui-ci peut se montrer trop zélé et les autres usagers peuvent avoir des réactions inappropriées qui, dans bien des cas, vont avoir l’effet inverse que celui recherché. Une personne qui essaye de faire fuir un chien de protection en effectuant de grands gestes, voire en donnant des coups de bâton risque d’autant plus d’énerver le chien et de le faire attaquer.
Pédagogie avec les autres usagers
Il est donc impératif pour l’éleveur qui utilise des chiens de protection de faire preuve de pédagogie envers les autres usagers (promeneurs, chasseurs, vététistes, autres agriculteurs, etc.) et de signaler la présence des chiens. L’éleveur doit également former le berger qui va travailler avec le troupeau durant l’estive.
Si la question de la responsabilité de l’État en cas d’incident avec un chien de protection est remise sur la table politique, elle incombe aujourd’hui au gardien du chien au moment des faits. Le berger, s’il est salarié (ce qui est souvent le cas), sera tenu pénalement responsable car c’est lui qui a pouvoir de direction et d’ordre sur le chien in situ. En revanche, le propriétaire du chien, lui, sera responsable au niveau de la juridiction civile.
Ni chiens dangereux, ni divagants
Néanmoins, il est important de savoir que les chiens de protection ne sont pas considérés comme des « chiens dangereux » aux yeux de la loi. Les propriétaires n’ont pas à obtenir de permis de détention particulier, ni de faire passer des tests de comportements à leurs chiens. De même, les chiens de protection sont, dans le Code rural, exclus de l’état de divagation. En effet, dans le cadre de leur travail, ils ne sont pas censés être sous surveillance constante de leur maître. Il existe cependant un flou autour de la fonction de « protection des troupeaux ». En cas d’incident, l’interprétation de la situation est laissée au juge.
Comment se comporter face à un chien de protection
Voici quelques bonnes pratiques à communiquer avec son entourage et avec les autres usagers de l’espace rural pour éviter tout incident suite à la rencontre avec le troupeau et le chien de protection.
À l’approche du troupeau, regroupez-vous, les adultes encadrant les enfants.
Signalez votre présence en parlant à haute voix et marquez un arrêt. Les chiens vont alors venir vous identifier.
Restez calme, ne faites pas de gestes brusques, ne menacez pas les chiens, ne les regardez pas dans les yeux. Une fois que les chiens se sont éloignés, reprenez votre marche en contournant largement le troupeau.
Ne traversez jamais le troupeau, ne forcez jamais le passage.
Chien de compagnie ou de chasse doivent autant que possible ne pas entrer en contact avec les chiens de protection. Si cela est inévitable, tenez-les en laisse.
Ne prenez jamais votre chien dans les bras.
Si un chien de protection vous suit, ne l’encouragez pas ni le caressez, cela lui donnera la mauvaise habitude de s’éloigner du troupeau.
À savoir
En cas de morsure, une procédure particulière s’applique obligatoirement. Le chien doit passer une évaluation comportementale dont le résultat sera communiqué au maire. Celui-ci peut imposer au propriétaire du chien : le suivi d’une formation, l’éloignement définitif du chien incriminé ou toute autre mesure corrective, allant jusqu’à l’euthanasie du chien.