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Alimentation ovins / caprins
Épeautre, la céréale rustique

Riche en protéines et en fibres, l´épeautre retrouve de l´intérêt en alimentation animale. Son rendement s´améliore et il valorise les terres peu productives.


L´épeautre, céréale proche du blé d´hiver, a été cultivé à une grande échelle jusqu´à la fin du XIXe siècle dans une grande partie de l´Europe. Puis cette culture a connu une régression très importante et rapide en faveur de la culture du blé. Dans le courant des années cinquante, les surfaces d´épeautre ont atteint leur minimum. Après l´inscription des variétés Rouquin en 1979 et Hercule en 1982, la culture de l´épeautre a connu un nouvel essor concrétisé.
Aujourd´hui, de nouveaux progrès génétiques ont été obtenus et se sont traduits par les inscriptions de Ressac et Poème en 1999. Ces variétés ont permis un progrès quant à la rentabilité de la culture, mais aussi sur le plan de la sécurité culturale par l´amélioration de la résistance à la verse et de la résistance aux maladies. Des rendements de près de 10 t/ha ont en effet été obtenus dans les essais. D´autre part, ces nouvelles variétés, adaptées aux conditions de culture "bio" et dans le cadre de mesures agri-environnementales, permettent d´atteindre de hauts rendements en l´absence de protection fongicide.
Dans le cadre des exploitations mixtes céréales-élevage, l´épeautre a sa place. En effet, il constitue un aliment de choix dans la ration alimentaire non seulement des ruminants mais aussi des chevaux par sa richesse en protéines et en fibres, propriétés très intéressantes. Il ne faut pas oublier sa production importante de paille.
La valeur alimentaire de l´épeautre n´est pas très différente des autres céréales. Par contre, le taux de protéines sur grains nus peut atteindre 19 % ; l´épeautre contient trois fois plus d´albumine, de phosphore et de vitamine A que le blé. La résistance à la fusariose des épis lui confère des propriétés de sécurité alimentaire tant pour le bétail qu´en alimentation humaine.
La place d´un blé
L´épeautre occupe au sein de la rotation une place analogue à celle du blé, c´est à dire qu´il succède généralement à la plante tête de rotation. En deuxième paille ou dans des rotations à charge céréalière importante, les problèmes liés aux maladies du pied sont aussi présents qu´en blé. Du fait de sa sensibilité à la verse, une attention toute particulière doit être prise dans des situations à disponibilités azotées du sol importantes.
Semis
Les mêmes modalités (profondeur, date, densité) que celles préconisées en blé sont applicables pour l´épeautre. Dans les régions traditionnelles de sa culture, eu égard aux conditions hivernales plus rudes, la densité optimale pour les semis du mois d´octobre est de l´ordre de 325 grains/m2, soit plus ou moins 200 kg de semences par hectare. En zone limoneuse, pour des semis réalisés à la même époque,
une densité de 250 grains/m2 suffit largement, ce qui correspond à 160 kg/ha de semences. Il faut remarquer que les emblavures claires en épeautre permettent d´atteindre des productions élevées à très élevées. Les problèmes sont souvent plus accentués dans le cas de végétation trop dense avec des risques de verse importants.
Les variétés disponibles en France
De nouvelles variétés sont disponibles pour l´automne 2000 : elles apportent un progrès sur le plan du rendement et sur celui de la résistance aux maladies. Ce sont les premières variétés d´épeautre produites en semences en France.
 Poème
Variété à épi roux clair, inscrite en 1999, Poème associe la résistance à la verse, aux maladies (bonne pour la rouille brune, bonne pour la rouille jaune et l´oïdium) et la qualité boulangère du niveau de Rouquin.
Poème réalise des rendements de 10 % supérieurs à Rouquin.
Autre avantage pour les régions où la maturité est tardive : Poème est la variété actuellement la plus précoce à maturité.
 Ressac
Variété à épi roux, inscrite aussi en 1999, Ressac associe productivité, qualité et résistance aux maladies. Cette variété présente un niveau de résistance à la verse des plus élevés. Ressac est une variété assez tardive à la maturité. Ressac semble constituer une alternative particulièrement intéressante à Rouquin.
©D.R.

Désherbage
Les réactions des variétés actuelles d´épeautre aux herbicides sont semblables à celles du blé d´hiver. Dès lors, les programmes classiques du désherbage du blé peuvent être transposés en épeautre avec des doses de produits identiques.
Fumure azotée : limiter la verse
Le raisonnement de la fumure azotée en épeautre se réalise suivant les mêmes lignes de conduite qu´en blé mais avec le souci de limiter au maximum les risques de verse. Sachant qu´il est possible d´atteindre des niveaux de rendement très importants avec de faibles populations d´épis, il est dès lors inutile d´exacerber la végétation en début de culture par des apports de fumure élevés.
En ce qui concerne les variétés, les nouvelles variétés Poème (86 qx/ha) et Ressac (87 qx/ha) ont démontré leur haut potentiel de rendement.
La variété Rouquin (80 qx/ha) a confirmé sa plus grande sensibilité à la verse (coté 5,2) tandis que pour ce facteur, la variété Ressac (8,2) s´est montrée très résistante.
La dose totale d´azote optimale dans cet essai a été de 140 unités pour chacune des variétés avec un fractionnement en 3 applications limitant l´apport au tallage à 40 unités/ha.
A partir de ces résultats et des enseignements des essais antérieurs, on peut préconiser après un précédent (betterave, maïs, fourrage) les modalités de fumure suivantes en tenant compte des facteurs culturaux, variétaux et régionaux.

Produit antiverse
La fréquence et l´importance de la verse sont plus accentuées en épeautre qu´en blé. Aussi est-il important que tous les moyens phytotechniques soient mis en ouvre pour limiter cet accident de végétation (densité de semis, fertilisation azotée, variété). En outre, l´utilisation de produit antiverse doit obligatoirement être envisagée.
Pratiquement, le CCC s´utilise à raison de 2 litres de produit commercial à 46 % ou 1,5/ha de produit commercial à 72 % (soit 0,5 l de plus qu´en blé) et peut être appliqué du stade tallage jusqu´au stade fin redressement.
Les produits à base d´étéphon peuvent être également employés aux même stades de végétation qu´en blé.
Protection fongicide
Des maladies comme l´oïdium, les rouilles ainsi que les agents du piétin verse et du piétin échaudage sont présentes sur l´épeautre. Toutefois, en raison de la rusticité de cette céréale, principalement en fin de végétation, la protection fongicide s´impose avec moins d´intensité en épeautre qu´en blé.
Les résultats d´un essai mettent en évidence l´intérêt d´une protection fongicide précoce puisqu´un seul traitement réalisé au stade dernière feuille donne un rendement similaire à celui obtenu avec une double application (dernière feuille + épiaison) et ce quelles que soient les variétés. Ce qui représente une augmentation moyenne de ± 15 qx/ha.
Récolte : conserver les enveloppes
La récolte de l´épeautre a lieu au même moment que les blés. Le travail de la moissonneuse se limite à fragmenter l´épi sans extraire le grain des enveloppes. Afin de réduire au maximum le pourcentage de grains nus, un réglage minutieux de la moissonneuse s´impose et consiste notamment à augmenter l´écartement entre le contre-batteur et le batteur et à diminuer la vitesse de rotation de celui-ci et à réduire de la ventilation.
Ne pas récolter par conditions trop sèches permet encore de réduire le taux de grains nus.
L´épeautre se récoltant en grains vêtus, son poids par hectolitre (± 40 kg/hl) est la moitié de celui du blé. Il faut en tenir compte en matière de transport et de stockage du produit de la récolte.

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