Les Inrocks du mardi 29 mars
Entretien avec la fondatrice de L214
"Nous ne sommes pas une association anti-éleveurs, mais essayons essayer de pousser les gens vers le véganisme. Parfois, c’est quelqu’un qui avait accès à l’abattoir qui prévient, notamment des gens des services vétérinaires, qui se sentent impuissants à leur poste, mais aussi des intérimaires, embauchés par hasard et éberlués par ce qu’ils voient, ou des artisans extérieurs… On le fait plus rarement, mais on a aussi des gens qui se sont fait embaucher exprès dans des abattoirs pour filmer. Après il faut regarder les images pour vérifier si on a les preuves. Il y a des images qu’on n’a jamais diffusées, parce qu’on n’avait pas les preuves de la date ni de l’endroit. Ensuite, il y a toute la phase de communication, avec la presse et directement auprès du public, notamment via Facebook (450 000 likes). Une vingtaine de collaborateurs travaillent avec nous, mais aussi des bénévoles, et notre nombre d’adhérents augmente de manière exponentielle : 5 000 l’année dernière avec un budget d’environ 500 000 euros, 10 000 adhérents cette année…"
"Vivre du mouton, aujourd’hui c’est possible, affirme Dominique Brousseau, éleveur de 550 brebis avec son fils dans les Deux-Sèvres. Mais il faut s’équiper. Plusieurs années, j’ai travaillé dans un vieux bâtiment et beaucoup à la main. Si j’ai mal au dos, je sais pourquoi". Depuis qu’un nouveau toit abrite les animaux, les conditions de travail se sont nettement améliorées. Tous les agneaux, près d’un millier par an, sont élevés dans le bâtiment d’une superficie de 1 000 m² pour un coût de 150 000 €. En bois, il laisse entrer la lumière et l’air avec un système de claire-voie et une sortie en faîtière. Les frais vétérinaires sont maîtrisés et le taux de mortalité de seulement 7-8 %. « Nous ne portons plus aucun granulé pour les agneaux grâce à la ligne d’alimentation qui approvisionne les nourrisseurs tous les jours". Le couloir central et bétonné et permet le passage d’un tracteur. Les éleveurs ont des agnelages dix mois sur douze. La stratégie, inspirée du gavage des canards, permet d’avoir des entrées de trésorerie toute l’année.
Une dizaine d’éleveurs de moutons ont fait irruption le 25 mars dans un supermarché Lidl de La Primaube à proximité de Rodez pour observer la viande ovine en vente dans l’enseigne. Aucune trace d’agneau ou de mouton français dans les rayons. "C’est dommage, dans le premier département producteur de moutons de France" indique Jean-François Cazottes, président de la section ovine de la FDSEA de l’Aveyron. "Tandis que l’enseigne Lidl multiplie les coups de communication sur l’origine France de leurs produits, en ce qui concerne l’agneau pascal, il n’a pas trouvé la route « made in France » ", indique les syndicats agricoles dans un communiqué. L’opération a néanmoins permis d’ouvrir le dialogue avec le responsable achat du magasin et montrer la vigilance des éleveurs sur la présence de viande française dans les rayons. "On n’est pas contre les importations, la production française couvre 40 % de la consommation de viande ovine dans l’hexagone mais au moins que les consommateurs aient le choix".