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LÉGUMINEUSES
Du méteil grain pour les ovins

Cultivés et récoltés ensemble, céréales et protéagineux donnent un aliment riche qui intéresse les éleveurs bio et conventionnels. Vive les mélanges !

Le méteil est un mélange de céréales et de protéagineux cultivés ensemble sur une même parcelle. Cultiver plusieurs espèces ensemble permet de bénéficier des avantages agronomiques des mélanges. Ainsi, les légumineuses fourniront naturellement et gratuitement de l’azote au sol. « C’est une façon intelligente d’enrichir ses céréales et son terrain en azote », apprécie Stéphane Martignac, conseiller fourrage à la chambre d’agriculture de Corrèze. De même, comme tous les mélanges, le méteil est plus résistant face aux aléas climatiques tels que sécheresse ou gel printanier tardif. Grâce à la couverture des sols, les adventices se développent peu. Le mélange d’espèces est aussi une barrière naturelle contre les maladies et les ravageurs. « On n’a pas besoin de fongicide ni d’herbicide pour le cultiver, explique Sylvie Denis de la chambre d’agriculture de Corrèze. C’est pourquoi les méteils ont très vite séduit les producteurs bio mais aussi les éleveurs conventionnels qui cherchent de la protéine pas trop chère. » Cela rend les exploitations plus autonomes avec une meilleure maîtrise des coûts alimentaires.

Sur les parcelles saines et peu gélives

La culture du méteil grain demande de respecter un itinéraire technique précis pour obtenir un mélange satisfaisant. Le mélange au semis doit prévoir une quantité de grains de céréales par mètre carré de 80 à 100 % de celle d’une culture pure. On vise donc 240 à 300 grains en agriculture conventionnelle et 280 à 350 grains en bio. L’objectif est de récolter au moins 30 % de protéagineux (pois, vesce et/ou féverole) pour espérer obtenir un aliment à 16 % de protéines. Or, « on sait ce que l’on sème mais pas forcément ce qu’on récolte » indique la conseillère ovine. De toute façon, si la parcelle n’est pas homogène, il y aura toujours une espèce qui s’en sortira mieux.

Pour optimiser ses chances de voir grandir les protéagineux, on évitera les parcelles humides. Le mélange se sème à la même période que les céréales, en un seul passage à 3 cm de profondeur environ. Un roulage de la parcelle après semis permet de bien niveler le terrain et d’améliorer la capacité de germination. Au printemps, suivant la richesse du terrain et des précédents culturaux, 30 à 50 unités d’azote par hectare pourront être apportées de façon précoce. « L’objectif étant de produire de la protéine, on se cale sur la maturité des protéagineux pour déclencher la récolte » explique Stéphane Martignac. Le réglage de la batteuse n’est pas forcément évident et il faudra procéder par étapes en vérifiant par exemple qu’on ne laisse pas trop de grains au sol ni de grains cassés dans la trémie.

À compléter pour apporter suffisamment de protéines

Les proportions de céréales et de protéagineux récoltés étant parfois assez différentes de celle semées, il est primordial d’estimer la valeur de son méteil grain. On peut bien sûr demander une analyse chimique de chaque constituant mais il faut compter environ 65 euros par analyse et l’analyse du méteil en mélange n’est pas fiable. L’autre solution, de loin la plus pratique, consiste à trier puis peser chaque matière première. À partir du pourcentage de poids et des tables Inra, on peut ensuite calculer les valeurs énergétique et azotée. « Cela prend une vingtaine de minutes pour trier un sac de deux kilos, estime Stéphane Martignac, ensuite il faut faire une règle de trois… »

Pour des agnelles en croissance, un minimum de 14 % de matière azoté totale (MAT) est recommandé. On recommande 16,5 % de MAT pour des agneaux de bergerie et 18 % pour des brebis en fin de gestation ou en lactation. « Si le compte n’y est pas, on peut ajouter une autre source de concentré azoté, propose Sylvie Denis, un complémentaire azoté du commerce, un tourteau d’oléagineux, un protéagineux pur voire un fourrage riche en légumineuse comme un foin de luzerne ». Riches en phosphore et pauvre en calcium, les mélanges doivent être complétés par un aliment minéral vitaminé de type 0-20 comprenant du chlorure d’ammonium.

Un avantage économique lié à la faiblesse des intrants

D’un point de vue économique, l’introduction du méteil est toujours bénéfique. Des simulations chiffrent des gains supplémentaires de l’ordre de 5 à 12 €/brebis suivant le système initial. Dans tous les cas, l’implantation des méteils ne dégrade pas l’EBE. « Même si l’intérêt économique est parfois limité, il faut tenir compte des effets indirects au niveau des surfaces, de l’élevage, ou encore des enjeux d’aujourd’hui avec des pratiques plus respectueuses de l’environnement et moins dépendantes des intrants » concluent les deux techniciens.

La fiche de 10 pages Du méteil grain pour les ovins est à télécharger sur idele.fr.
Écoutez aussi le podcast sur le sujet sur www.inn-ovin.fr et www.idele.fr rubrique « radio ovins »

Pour une meilleure autonomie alimentaire

Exemples et conseils de mélanges

En conventionnel : triticale (55 kg/ha), avoine (15 kg/ha), blé (55 kg/ha), pois fourrager (20 kg/ha), vesce (3 kg/ha), féverole (50 kg/ha)
En bio : triticale (50 kg/ha), seigle (35 kg/ha), épeautre (60 kg/ha), pois fourrager (15 kg/ha), vesce (3 kg/ha), féverole (50 kg/ha)
Une densité trop importante en pois fourrager ou en vesce entraînera la verse du mélange. Pour conserver un mélange debout jusqu’à la récolte, on conseille de ne pas dépasser 12 à 15 grains/m² au total pour ces deux espèces.
En altitude ou sur des parcelles froides, on augmente légèrement la densité de semis des protéagineux pour compenser les pertes climatiques.

Avis d’éleveur 

« Du méteil grain et de la paille appétente »

« Cela fait plus de dix ans que j’utilise du méteil pour complémenter mes brebis et engraisser mes agneaux. En fonction du méteil récolté, j’équilibre la ration en ajoutant du triticale et un correcteur azoté à 40 % de MAT. Mon troupeau de 520 brebis est nourri avec ce mélange et une paille appétente. Avec 58 quintaux par hectare en 2016, les rendements sont satisfaisants. Deux années de méteil s’intègrent dans une rotation prairie-méteil-méteil-prairie que je cultive sur les parcelles orientées sud-sud-ouest. Je réalise un léger passage de cover crop après la moisson et, si la pluie est au rendez-vous, je peux faire pâturer une petite centaine de brebis sur 5 ha pendant trois semaines l’été. La deuxième année, si j’estime qu’il manque de densité, je sème à la volée 100 kg/ha de mon méteil. La récolte est stockée dans un silo en bois avec une soufflerie que j’active quelques heures la première semaine. L’an dernier, des terrains en location m’ont permis de passer de 5 à 10 hectares de méteil »

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