Du lait de brebis à moindre coût
Thierry Chassang a misé sur l’autonomie et une bonne gestion de l’alimentation pour produire du lait de brebis à moindre coût.



Au nord-ouest de la Lozère, à 1 080 mètres d’altitude, Thierry Chassang produit du lait de brebis du 1er octobre au 5 juin. Son objectif est de « produire du lait pour pas cher tout en réduisant le temps de travail ». Depuis plusieurs années, la laiterie incite en effet les éleveurs à produire du lait toute l’année en démarrant tôt à l’automne. Avec un démarrage de traite au 1er octobre, l’EARL du Pastre évite la concurrence au niveau du travail entre l’astreinte de la traite et la récolte des fourrages. Cela permet aussi de valoriser au mieux l’ensemble des surfaces disponibles par le pâturage : en fin de période de traite et quand elles sont taries, les brebis pâturent les surfaces non récoltables pendant que l’éleveur récolte les stocks de la future campagne sur les prairies temporaires et naturelles. De plus, cela permet de mieux valoriser les agnelets dont les prix sont plus élevés en septembre-octobre. Le prix du lait est aussi plus intéressant. Installé sur l’exploitation depuis 1992, Thierry a rejoint Michel, le père de sa femme, éleveur de bovin laitier. La coopérative locale, qui développait à cette époque une production au lait de brebis, a permis à Michel de créer un atelier ovin laitier en remplacement des vaches laitières. Une bergerie de 300 places a ainsi été construite pour un troupeau qui est passé progressivement de 260 à 300 têtes. Il reste encore sur l’exploitation des bovins viande. Thierry est au contrôle laitier afin de suivre ses performances.
Viser l’autonomie au maximum
Thierry a toujours eu pour objectif de produire son lait au maximum à partir des fourrages de l’exploitation. Mais l’environnement direct de l’exploitation qui est située en altitude, sur des sols acides et humides est peu favorable à la culture de légumineuses et de céréales. L’éleveur est donc dépendant d’achats réguliers de luzerne pour améliorer la qualité de la ration de base. Les fourrages de bonne qualité (ensilage, 2e et 3e coupes) sont destinés aux brebis et les autres (foins de 1re coupe) aux vaches allaitantes. Depuis 2003, l’éleveur a opté pour une distribution des fourrages en rations mélangées. Il a donc acquis une mélangeuse ce qui lui permet de mieux valoriser ses fourrages. De plus, cela permet d’avoir une meilleure précision sur les quantités de fourrage distribuées et moins de refus. Le mélange est constitué de fourrage de l’exploitation complété par les achats de luzerne déshydratée. Ainsi, les éleveurs distribuent au troupeau une ration de base homogène et de qualité durant la période de traite tout en valorisant les fourrages de moindre qualité.
Une distribution de concentrée adaptée aux performances
Toujours dans une volonté de réduire ses coûts de production, Thierry a voulu diminuer l’utilisation de concentré. Pour ce faire, il a installé en salle de traite un distributeur automatique de concentré (DAC). Ce DAC permet de mieux couvrir les besoins alimentaires des brebis les plus productives et des antenaises. Il permet aussi d’éviter le gaspillage pour les brebis moins performantes. En effet, pour Thierry, le DAC permet « de valoriser les données collectées pendant le contrôle laitier en ajustant la distribution de concentré aux besoins des brebis ». La DAC distribue en effet à chaque brebis une quantité de concentré selon ses performances et ses besoins. Il a ainsi réussi à accroître la productivité de son troupeau (il est passé de 240 à 310 l/brebis/an) sans augmenter la quantité de concentré distribué (145 kg/brebis, dont 85 kg de complément azoté acheté). Sa marge sur le coût alimentaire a ainsi progressé en passant de 100 à 160 euros par brebis présente entre 2012 et 2015.