Deux laiteries basques donnent des vacances à leurs éleveurs
Les laiteries Etxaldia et Onetik soutiennent une cinquantaine de leurs éleveurs par un congé remplacement afin que ceux-ci puissent prendre des vacances.
Le manque de main-d’œuvre sur les fermes est une problématique de plus en plus capitale, « de surcroît en élevage laitier », constate Antton Etxeberri, en charge des relations avec les producteurs pour Onetik et Etxaldia. Si les laiteries veulent que leurs fournisseurs continuent à les livrer il faut que les fermes demeurent vivables autant que viables, « sans parler de ceux qui hésitent à s’installer », relève-t-il.
Dans un contexte de manque de lait de brebis, mais aussi de vaches et de chèvres, sur le bassin des Pyrénées-Atlantiques, ces deux laiteries liées par une même gouvernance, ont voulu se démarquer dans une perspective humaine.
Sachant que les exploitants agricoles peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt au titre des dépenses engagées pour leur remplacement pendant leurs congés, à hauteur de 60 % pendant dix-sept jours, les laiteries Etxaldia et Onetik prennent en charge les 40 % restants, durant 72 heures. Le coût horaire étant de 22 euros l’heure, à 7 heures par jour, le coût par ferme est de 630 euros pour la laiterie. À part pour les associés en couple, invités à partir en vacances ensemble, cette prise en charge est par exploitation et non par associé.
Remplacement et appoint
Cependant, comme il est difficile de trouver des salariés juste pour les périodes de congés, les laiteries leur ont proposé de constituer, par secteur géographique, des groupements d’employeurs. Chacun des cinq groupements d’employeurs, constitué de six à onze éleveurs, emploie à temps plein un salarié, toute l’année, en CDI, afin de les fidéliser. Anthony Plantard, 38 ans, en reconversion professionnelle après un BPREA, est l’un d’eux. Il couvre un secteur dans un rayon d’une quarantaine de kilomètres et intervient depuis août dans des élevages ovins lait, vaches laitières et chèvres.
Pantxika Predaigne, à Ostabat, est l’une des éleveuses qui a recours à ses services. Elle s’est engagée dans le groupement d’employeurs pour 240 heures par an, les 72 premières heures seront couvertes à 100 % par le crédit d’impôt et sa laiterie, les 47 heures suivantes ouvriront droit au crédit d’impôt à hauteur de 60 % et au-delà les heures sont intégralement à sa charge.
« Mes parents, qui me donnaient un coup de main, vieillissent, ce système me permettra d’une part de partir en vacances, dix jours à la Toussaint, et d’autre part d’être secondée en moyenne deux jours par mois, notamment au moment des agnelages », explique-t-elle.
Des plannings fixés mois par mois
L’avantage est que dans la laiterie il y a des éleveurs de brebis, chèvres et vaches, qui n’ont pas de besoin de main-d’œuvre en même temps, donc le roulement peut être irrégulier. Les agriculteurs se retrouvent tous les deux mois avec Antton Etxeberri et l’animatrice du service de remplacement basco-béarnais, pour faire le bilan de la période passée (Anthony étant encore à l’essai) et le planning du mois suivant. « Nous partageons un groupe WhatsApp avec Anthony pour les changements de planning de dernière minute », précise Pantxika, qui prend plaisir à retrouver des confrères lors de cette réunion.
Anthony se sent de plus en plus à l’aise dans les fermes où il travaille, même s’il continue à prendre des notes sur le fonctionnement de certaines machines.
Antton Etxeberri, chargé des relations avec les producteurs pour Onetik et Etxaldia
« 120 heures par an minimum »
Pour intégrer la dynamique de groupement d’employeurs, chaque ferme devait au moins s’engager pour 120 heures par an afin de permettre aux salariés de ne pas se disperser sur plus d’une dizaine de fermes. Par ailleurs, chaque éleveur qui s’absente doit désigner un référent, parent, voisin ou autre, qui connaît bien la ferme, pour, en son absence, prendre des décisions qui ne relèvent pas de la responsabilité d‘un salarié.Le groupement d’employeurs s’appuie sur le service de remplacement basco-béarnais, pour l’établissement des feuilles de paie, les formations et l’administratif : recrutement, mutuelle, remboursement de frais de transport et vestimentaire…
En effet, le crédit d’impôt concerne autant l’emploi direct de salariés que le recours à des personnes mises à disposition par un tiers (service de remplacement, groupement d’employeurs, prêt de main-d’œuvre). Les frais d’Anthony lui sont remboursés dans la limite de 40 kilomètres aller-retour à 0,40 euro le kilomètre pour ses déplacements et sont limités à 150 euros par an pour les vêtements.