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Des cures de minéraux aux moments clés

Si le troupeau pâture et ne présente pas de problème de santé particulier, apporter des minéraux toute l’année n’est pas nécessaire. Des cures aux moments clés sont suffisantes.

Ajuster au mieux la complémentation minérale d’un troupeau sur l’année est complexe. Si les animaux pâturent et sont en bonne santé, apporter des minéraux toute l’année est très coûteux et peut être préjudiciable pour la santé des animaux. En effet, l’excès d’un élément est alors à craindre, ce dernier bloquant l’assimilation d’un autre. Pour des animaux à l’herbe, des cures de minéraux aux deux moments stratégiques suivants suffisent : un mois (minimum) avant la mise à la reproduction et un mois (minimum) avant l’agnelage. Au cours des autres stades physiologiques, des cures d’un mois maximum alternées avec un ou deux mois sans apport sont également possibles. Par exemple, une pierre enrichie en zinc peut être apportée pour limiter les boiteries. Car pour les brebis à l’herbe et sans concentré, les pierres à lécher et les seaux sont les plus utilisés. Pour couvrir les besoins, les animaux doivent en consommer 15 à 20 g par jour, ni plus ni moins. Les bolus sont efficaces et agissent sur une durée plus longue pour un coût d’environ deux euros par brebis. Par contre, les doses chocs (un seul apport) en buvable et en injectable restent d’un assez mauvais apport qualité/prix. Enfin, l’apport d’un élément sur les prairies par des engrais enrichis (en sélénium par exemple) n’apporte pas les mêmes résultats que l’apport direct à l’animal car la plante l’absorbe plus ou moins bien.

Un CMV pour les brebis en bergerie

Sous forme de semoulette, de poudre ou de granulé, le complément minéral vitaminé (ou CMV) reste la formule la moins chère pour des animaux qui reçoivent du concentré. Il faut alors compter 700 à 900 euros la tonne. De l’ordre de 10 à 30 g par brebis sont alors distribués par jour. Les apports par pompe doseuse restent efficaces mais sont également plus chers.

Après trois semaines de stockage, les fourrages conservés (foin, ensilage, enrubannage) perdent toutes leurs vitamines. C’est la raison pour laquelle un apport vitaminique est nécessaire pour les animaux qui restent en bergerie. De plus, les animaux à forts niveaux de production (brebis en lactation par exemple) ont des besoins en calcium et phosphore qui ne peuvent pas être couverts par la ration quels que soient les fourrages et les céréales distribués. Les aliments complets et complémentaires azotés sont en général parfaitement équilibrés. Il suffit de vérifier leur composition sur le bon de livraison.

Choisir la formule « idéale »

Parmi les gammes de complément minéral commercialisées, choisir la bonne formule n’est pas chose simple. En se référant à l’étiquette, il faut commencer par vérifier que l’aliment est bien destiné aux ovins. Si l’espèce ovine n’est pas mentionnée dans la liste, il faut alors impérativement s’assurer que du cuivre n’a pas été ajouté à l’aliment sous peine de risque important d’intoxications. Pour cela, il suffit de lire la liste des additifs. Si le cuivre a été ajouté, il est obligatoirement mentionné.

Pour des brebis alimentées en bergerie autour de la mise à la reproduction et de la mise bas, un minéral avec la composition suivante en matière d’oligoéléments est parfaitement adapté (à raison de 20 g par animal et par jour) : zinc : 5 000 mg/kg (ou ppm) ; manganèse : 5 000 mg/kg (ou ppm) ; iode : 80 mg/kg (ou ppm) ; cobalt : 40 mg/kg (ou ppm) et sélénium : 25 mg/kg (ou ppm).

Le choix de la bonne formule pour le calcium et le phosphore est plus compliqué. Les compléments minéraux et vitaminés (CVM) sont généralement désignés par leur pourcentage de phosphore, de calcium, voire de magnésium. Par exemple, un CMV 7-21 contient 7 % de phosphore (7 g pour 100 g) et 21 % de calcium (21 g pour 100 g). Mais les apports et les besoins sont désormais exprimés en « absorbable » noté abs. Pour obtenir les valeurs P et Ca absorbables des constituants, il faut connaître leur coefficient d’absorption réelle, soit 65 % pour le phosphore et 40 % pour le calcium. Toujours avec le même exemple, un CMV 7-21 est donc en réalité un CMV 5-8 absorbable. Pour vous aider dans votre choix, une feuille de calcul « Alim’Ovin » est disponible sur www.inn-ovin.fr.

Du chlorure d’ammonium pour les agneaux

Mais la formule qui correspond exactement aux besoins des animaux existe très rarement et l’objectif est de s’en rapprocher le plus possible sans dépassement excessif. Vous pouvez ainsi vous fier aux recommandations du fabricant ou bien demander conseil à votre technicien. D’une manière générale, une formule de type 7/21/5 ou 6/24/5 pour le phosphore (premier chiffre), le calcium (second chiffre) et le magnésium (troisième chiffre) est à privilégier pour des rations sans légumineuses (foin ou déshydratés). Pour les rations avec luzerne ou trèfle violet, privilégier les formules plus équilibrées de type 15/15/5.

Pour des agneaux en finition élevés en bergerie, il convient d’une part de vérifier le rapport calcium/phosphore avec un optimum à 2. D’autre part, un aliment qui contient du chlorure d’ammonium limite les risques de gravelle chez les agneaux. Pour cela, il suffit de lire la liste des additifs sur le bon de livraison, l’étiquette ou bien directement sur le sac. Si rien n’est indiqué, l’aliment n’en contient pas.

Sachez enfin que si la « date limite de consommation » appelée aussi « date de durabilité minimale » est dépassée, les risques sanitaires restent limités sauf défaut de conservation avec présence de moisissures par exemple. En effet, seules les vitamines et les levures perdent alors une partie de leur efficacité. Le chlorure d’ammonium par exemple reste stable.

Deux fiches techniques du Ciirpo sur www.idele.fr et www.inn-ovin.fr : « choisir un complément minéral vitaminé (CMV) » et « savoir lire les étiquettes des aliments ».

Des minéraux mais pas trop

Mise en garde

Jamais de cuivre ajouté

Si le cuivre figure dans la liste des additifs, cet aliment n’est pas destiné aux ovins et les risques d’intoxications sont importants sauf diagnostic précis et motivé du vétérinaire qui aurait décelé une carence.

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