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Décharger les prairies pour alléger les charges

Pour pouvoir désintensifier la conduite de la surface fourragère et réduire les charges, la baisse du chargement est souvent incontournable. Cela passe le plus souvent par la récupération de nouvelles surfaces, surface agricole utilisée (SAU) ou parcours, plus que par une réduction du troupeau.

En zone à bon potentiel, la concurrence sur le foncier est souvent rude, et les éleveurs ovins ne sont pas toujours les plus à même de récupérer des surfaces supplémentaires. Toutefois la baisse globale des cheptels ovins et bovins peut offrir des opportunités, lorsque les surfaces ne sont pas récupérées pour les grandes cultures, notamment pour les parcelles en prairies permanentes.

Trouver de nouvelles surfaces

En zone pastorale ou de déprise agricole, les éleveurs ovins peuvent bénéficier de situations plus favorables, la limite pouvant être le coût de remise en état de surfaces plus ou moins enfrichées. Il est à noter que c’est le poste de charges opérationnelles qui a battu des records (+72 %) en matière de flambée des intrants en 2022.

Mieux valoriser le fumier pour réduire la fertilisation minérale

Afin de limiter le recours à des achats d’engrais minéraux, plusieurs stratégies sont déployées. La première consiste à ne conserver que la fertilisation minérale azotée, en faisant l’impasse sur les apports de potasse et phosphore, compensée par des apports de fumier. La deuxième correspond à l’arrêt total de l’achat d’engrais minéral en valorisant au maximum le fumier. À plus long terme, l’enrichissement des prairies en légumineuses et la couverture permanente des sols avec des couverts végétaux sont des stratégies payantes.

Benoit Ronzon du Gaec La Ferme de Benoit et Murielle, polyculteur-éleveur dans le Rhône (46 ha de SAU et 75 de surfaces pastorales, 335 brebis)

40 % des apports alimentaires grâce aux surfaces additionnelles

Benoit et Murielle Ronzon, polyculteurs-éleveurs dans le Rhône (46 ha de SAU et 75 de surfaces pastorales, 335 brebis).
Benoit et Murielle Ronzon, polyculteurs-éleveurs dans le Rhône (46 ha de SAU et 75 de surfaces pastorales, 335 brebis). © DR
« Sur mon exploitation des monts du Lyonnais, la ferme ne permet pas de nourrir mes 330 brebis F1 Grivette x Île-de-France. Pour limiter les achats alimentaires, j’ai opté pour une conduite en deux troupes séparées. Le premier lot agnèle en novembre et monte à l’estive de Garnier dans les monts du Forez (Loire) de juin à mi-septembre sur une surface estimée à 30 hectares. Elles ont des parcs indépendants les uns des autres et peuvent donc être luttées en estive.

Le deuxième lot met bas à partir du 20 mars et pendant trois semaines. Les brebis et leurs agneaux partent en juin en alpage au col de la Colombière en Haute-Savoie pendant quatre mois sur une surface d’environ 40 hectares. Elles rejoignent les brebis de trois autres éleveurs et sont gardées par un berger.

À la descente, ces 170 brebis pâturent des surfaces additionnelles (cultures intermédiaires semées après des céréales) sur la commune de Corbas pendant deux mois. Les parcelles sont coupées par des filets et les brebis pâturent sur le même parc pendant une semaine. Elles sont luttées à ce moment-là début novembre. À leur retour à la ferme, elles pâturent pendant trois semaines sur des parcelles de ray-grass d’un voisin. L’utilisation des surfaces additionnelles est variable selon les années, mais permet de gagner en autonomie fourragère.

Sur l’exercice 2022, toutes les surfaces hors exploitation représentent environ 40 % des apports annuels alimentaires. Si je devais acheter l’équivalent en fourrages et concentrés, mon coût de production exploserait. »

Patrick Saunois, polyculteur-éleveur en Côte-d’Or (345 ha de SAU dont 320 ha de cultures et 330 brebis)

Du fumier plutôt que de la potasse et du phosphore

Patrick, Philippe et Emmanuel Saunois, polyculteurs-éleveurs en Côte-d’Or (345 ha de SAU dont 320 ha de cultures et 330 brebis).
Patrick, Philippe et Emmanuel Saunois, polyculteurs-éleveurs en Côte-d’Or (345 ha de SAU dont 320 ha de cultures et 330 brebis). © J.-M. Bidoire
« Malgré la flambée du prix des engrais, nous n’avons pas voulu changer nos pratiques de fertilisation azotée pour préserver les rendements. En revanche, nous avons revu notre politique pour les engrais de fond. Nous avons choisi de faire l’impasse sur la potasse et de diminuer le phosphore par deux, voire de le supprimer aussi pour les parcelles ayant eu du fumier. Les frais d’engrais ont quand même été multipliés par deux l’année dernière malgré ces efforts. »

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