Dans la Drôme, on suit les chiens de protection et les brebis par GPS
Des organisations agricoles drômoises se sont fédérées autour d’un projet d’équipement en balise GPS des troupeaux ovins et des chiens de protection pour mieux connaître leur comportement.
Tout commence au printemps 2018. Le département de la Drôme constate une augmentation des incidents entre usagers de la montagne et chiens de protection et invite les éleveurs ovins à réfléchir ensemble à des solutions. Le comportement des chiens de protection reste mal connu alors qu’il est la clé de voûte des explications des attaques. L’association départementale d’économie montagnarde (Adem), la FDO et la chambre d’agriculture se mobilisent et débutent une expérimentation de suivi des chiens au pâturage. Financés en partie par le plan d’aide ovine départemental, les colliers GPS sont distribués à quatre éleveurs, choisis en fonction de leur localisation (zone de montagne, pression de prédation, couverture de réseau GSM), de leur attrait pour les nouvelles technologies et de leurs pratiques d’élevage (plus de 200 brebis allaitantes, plus de six mois par an de pastoralisme et présence de chiens de protection).
Les éleveurs accompagnés par les conseillers
Le projet, initialement centré sur les chiens, développe désormais un double objectif. D’une part, comprendre l’activité des chiens de protection au cours des différents moments de vie du troupeau tout en appréhendant comment le suivi GPS peut aider les éleveurs et bergers dans leur gestion et limiter ainsi les incidents. D’autre part, les éleveurs se sont intéressés au développement d’un volet pastoral avec l’équipement des brebis. Cela permettra d’acquérir des connaissances sur l’utilisation des surfaces en milieux diversifiés ou fermés en mettant en perspective l’impact de l’outil sur la conduite pastorale et l’aide qu’il peut apporter aux éleveurs et bergers. L’éleveur choisit, avec les partenaires du projet, la fréquence d’émission de la balise, soit toutes les cinq minutes pour les brebis ou toutes les minutes pour les chiens, sachant que plus la fréquence est importante, moins la pile durera longtemps. Les données sont collectées dans une base de données reprenant la position GPS, l’identifiant de l’animal, la date et l’heure du relevé. Ces données sont accessibles à l’éleveur mais le nombre d’utilisateurs n’est pas restreint. Fabien Candy de l’Adem, détaille : « sur mon téléphone je peux visualiser les balises des quatre éleveurs du projet, cela nous permet d’échanger un simultané sur des évènements. »
Mieux connaître les habitudes de ses chiens
Le premier essai, qui s’est déroulé sur les trois mois d’été en continu, a permis une première analyse des données. Toutes les cinq minutes, les brebis parcourent en moyenne entre 20 et 34 mètres alors que les chiens parcourent entre 78 et 94 mètres. Les brebis réalisent les trois quarts de leurs déplacements entre 6h et 21h, en revanche près de 40 % des déplacements des chiens sont faits de nuit. Les éleveurs ont pu également constater que les chiens s’adaptent aux mouvements du troupeau et se répartissent pour surveiller les groupes de brebis qui se forment. Les chiens de protection prennent moins d’initiative de patrouille lorsque le troupeau est sous la garde d’un berger et sont davantage actifs en zone boisée qu’en estive ouverte. Ces données donnent des indications aux éleveurs sur le profil de leurs chiens, notamment s’ils souhaitent en intégrer un nouveau à la meute. Selon les résultats, ils opteront alors plutôt pour un chien « éclaireur » qui s’écarte plus facilement du troupeau ou pour un chien « gardien » qui va rester au plus près du gros des brebis. Les suivis GPS des chiens ont mis en avant une forte activité nocturne même chez des sujets d’apparence calme en journée. Tout comme les brebis, les chiens ont des circuits identifiés qu’ils vont emprunter préférentiellement. « L’essai n’est pas terminé et pourra être reproduit l’été prochain, continue Louise Riffard, de la Fédération départementale ovine de la Drôme. Des points sont à améliorer, autant au niveau du logiciel, de la longévité des piles, de l’ergonomie du collier et de la disponibilité du service après-vente qui se doit d’être flexible et réactif pour correspondre au rythme de travail des éleveurs. »
Le boîtier robuste de l’ardéchois Géovie
Les partenaires de l’essai ont retenu le collier Boazu de l’entreprise ardéchoise Géovie pour la robustesse et l’étanchéité du boîtier et la solidité de la sangle. L’antenne de 15 cm est souple pour éviter qu’elle ne s’accroche dans les clôtures ou dans la végétation. Les émissions de la balise se font toutes les cinq minutes pour les brebis et toutes les minutes pour les chiens et sont visibles sur une application pour smartphone, ordinateur et tablette. L’ensemble coûte entre 300 et 400 euros hors taxe, à quoi il faut rajouter l’abonnement de la carte SIM internationale (ce qui permet de connecter à n’importe quel opérateur). La balise reste néanmoins assujettie aux zones blanches, omniprésentes en montagne. Enfin, la balise fonctionne sur pile jetable avec une autonomie entre 8 et 20 jours. « Nous avons éliminé les batteries rechargeables car cela apportait une contrainte supplémentaire en estive avec la nécessité d’avoir un chargeur, davantage de batteries pour faire le roulement, etc. », explique Fabien Candy de l’Adem.