Cinquante ans de sélection génétique à l’Upra lacaune
Avec un demi-siècle d’existence, l’organisme de sélection Upra lacaune se félicite de la qualité génétique des brebis. Les acteurs du territoire et la filière roquefort sont à l’origine de ce progrès sans cesse grandissant.
« Apporter plus de visibilité à notre organisme de sélection, montrer ce que l’on fait et rappeler les raisons qui font que notre organisation professionnelle et collective existe depuis cinquante ans ! »
Michaël Dressayre, président, et Ioan Romieu, vice-président, sont fiers de célébrer ce demi-siècle d’existence de l’Upra (Unité de sélection et de promotion de race) lacaune. « Notre collectif est composé des deux entreprises de sélection, Ovi-Test et le service élevage de la Confédération de roquefort avec le GID lacaune. Le tout fonctionne ensemble », rappellent les deux responsables.
Faire progresser la lacaune
Et même si les visions sont parfois différentes, les objectifs, tout comme la stratégie, sont partagés : faire progresser la race lacaune. « Nous avons lancé collectivement des projets structurants comme la génomique, la refonte du règlement zootechnique européen. La race ne serait jamais allée aussi loin sans cette émulation permanente », confirme le directeur, Pierre Arsac.
Revenant sur les origines de l’Upra, Michaël Dressayre rappelle qu’elle a été créée au départ autour du roi des fromages : « C’est la filière de qualité qui nous a fédérés et a poussé les premières orientations de la race : la quantité de lait, la qualité, la fromageabilité autour d’une colonne vertébrale, le roquefort. D’autres enjeux se sont greffés mais depuis cinquante ans la priorité reste la même : que la génétique de la lacaune soit créée par et pour les éleveurs de notre bassin de production. »
Une génétique qui convient à tous
Et Ioan Romieu de compléter : « La génétique que l’on crée est calibrée pour le système roquefort mais elle convient à tous les opérateurs. Nous sélectionnons pour une production traditionnelle sur notre rayon. » L’éleveur laitier, basé à La Cavalerie, rappelle ainsi que les premiers gros apports techniques ont été possibles grâce à Société des caves et ses premiers agronomes, sa ferme d’essais pour améliorer la production laitière.
Certains éleveurs ont peut-être un peu de mal à voir leur génétique s’exporter et profiter à des producteurs étrangers dont les produits pourraient concurrencer les leurs, mais pour les responsables de l’Upra ces marchés à l’export sont un moyen de récupérer de la valeur ajoutée pour financer les programmes de sélection et permettre aux éleveurs du bassin de bénéficier de la meilleure génétique à un coût abordable.
La force du collectif
« Notre force, c’est le collectif et c’est aussi la forte adhésion des éleveurs, qui sont à la décision des orientations et l’effet de nombre des effectifs », avance Michaël Dressayre. Le fait que la race soit à la pointe aujourd’hui, elle le doit à sa stratégie génétique en ovin lait identique dans tous les bassins de production.
« La race lacaune s’adapte aussi bien à nos systèmes traditionnels déjà très diversifiés que l’on soit sur les monts de Lacaune, le Larzac, le Réquistanais… qu’à des systèmes plus intensifs comme en Espagne, voire à du hors-sol, souligne Ioan Romieu. Elle sait contenter les éleveurs sur des systèmes très économes comme sur des systèmes très productifs. » À cela s’ajoute un bon réseau d’appui technique, ancré, ancestral, presque naturel chez les éleveurs.
Des avancées réfléchies
Des moyens sont mis en œuvre pour cadrer les programmes, gérer la diversité génétique avec des règles : « On ne va pas plus loin, plus fort, plus vite mais on avance de façon raisonnée », indique Michaël Dressayre. Et de citer les 30 % de progrès génétique en plus grâce à la génomique.
« Nous nous posons des questions à chaque étape, que ce soit auprès des éleveurs, des techniciens, des scientifiques du CNBL, de l’Inrae pour savoir dans quoi on investit. Il faut bien réfléchir en amont et ne pas se tromper. Cela prend du temps même si nous avons la chance d’avoir une diffusion plutôt rapide de la génétique grâce à la forte adhésion des utilisateurs », précise Pierre Arsac.
Ces dernières années, l’orientation porte sur la longévité fonctionnelle des brebis. L’objectif est d’améliorer la rentabilité économique. Un autre projet porte sur la sélection de la résistance au parasitisme.
La défense et la promotion de la race
Conscients des responsabilités qu’ils portent pour l’avenir de la lacaune, les responsables de l’Upra se projettent sur une brebis qui approvisionne la filière et fait vivre les éleveurs. Et s’ils ne prévoyaient pas forcément le développement que connaît la race à l’échelle nationale, ils veulent profiter de cette belle dynamique autour du lait de brebis.
Autant de bons arguments pour leur mission de promotion sur les salons, au Salon international de l’agriculture à Paris, au Sommet de l’élevage et à Provinlait. « Notre rôle est de défendre et de promouvoir la lacaune tout en veillant à la maîtrise des orientations que nous avons choisies. Dans le cadre génétique national, nous défendons notre organisation collective et mutualiste, qui profite en premier aux éleveurs. Et cela ne changera pas tant que nous maintiendrons cette vigilance », ont assuré Michaël Dressayre et Ioan Romieu.