Au Pays de Galles, autonomes avec des agneaux légers
La famille Evans partage ses 2 000 brebis entre montagnes et collines. Ces tondeurs ont aussi rapporté des rutabagas de Nouvelle-Zélande.
La famille Evans partage ses 2 000 brebis entre montagnes et collines. Ces tondeurs ont aussi rapporté des rutabagas de Nouvelle-Zélande.
Située à Tynant, la maison familiale Evans est décorée de trophées de tonte. Le père Dilwin, sa femme et leurs deux fils Rhydian et Elgan vivent entourés de leurs brebis Welsh Moutain depuis quatre générations. La ferme s’étend sur 1 100 ha, dont une bonne moitié dans les zones montagneuses à 600 mètres d’altitude, les Hills. Ces milieux sont couverts de molinie, de fougères et de cailloux. Les 2 000 brebis welsch alternent entre la montagne et les collines en fonction de leur note d’état et du nombre d’agneaux par portée. Les éleveurs tondeurs ont ramené de leurs séjours néo-zélandais une panoplie de moyens afin de gagner en autonomie sur leur ferme.
À l’arrivée de Rhydian sur la ferme il y a cinq ans, ils ont commencé à retourner certaines de leurs prairies pour y implanter des rutabagas. Associées à l’enrubannage et une gestion au fil, elles permettent d’assurer la ration quotidienne des brebis gestantes gémellaires jusqu’à l’agnelage. Au printemps, une prairie temporaire remplacera la parcelle de rutabaga. Celle-ci servira à finir les agneaux nés en mars-avril, de leur sevrage jusqu’à leur commercialisation.
Des brebis en montagne l’hiver
Les Evans élèvent aussi des vaches afin de valoriser au mieux leur parcellaire. Leurs 75 vaches Black welsh sont croisées avec un taureau charolais et les veaux sont élevés sur la ferme jusqu’à la fin de l’hiver avant d’être vendus entre 10 et 12 mois.
Il n’y a pas de bâtiment type bergerie pour les brebis. Comme dans la plupart des troupeaux au pays de galles, les brebis passant toute la mauvaise saison en extérieur. Les seuls bâtiments où espaces aménagés qui leur sont consacrés sont les parcs de contention fixe servant aux divers travaux de tri, de tonte et de soins.
Une impressionnante énergie est déployée pour la création et l’entretien des clôtures. Ici, nulle existence du berger, les brebis s’éparpillent dans d’immenses parcs à l’image des escabeaux ariégeois. Une gestion optimisée de l’herbe en rotation permet de conserver le milieu fertile et ouvert. Les Evans ont d’ailleurs refusé de souscrire aux mesures environnementales destinées à la montagne afin de conserver le droit de monter des brebis en montagne l’hiver et ainsi d’éviter la fermeture du milieu.
Petits prix pour petits agneaux
Au final, 1 500 agneaux sont commercialisés pour la viande pour un poids carcasse de 15 kg. 700 agnelles welsh sont gardées pour le renouvellement et une soixantaine de veaux sortent de la ferme avant l’hiver. Les animaux sont vendus légers mais cela évite la gestion et les coûts élevés de l’alimentation hivernale.
Les revenus ovins sont relativement faibles malgré les efforts des éleveurs pour réduire leur dépendance aux intrants et aux concentrés. En effet, les prix de vente sont dérisoires : entre 52 et 70 euros par agneau. Par conséquent, les Evans complètent leurs revenus par des travaux pour des voisins, comme la tonte ou le transport du bétail. « Chaque penny compte », aime à rappeler Dilwin. Autonomes et ouverts, les deux frères continuent à leur manière de perpétuer la tradition des élevages de montagne entourés de leurs propres enfants, ramenant de leurs voyages et des concours internationaux des coupes et des innovations leur permettant de porter un regard serein vers l’avenir.