650 brebis pâturent les intercultures

Au Gaec de la Bergerie, à Pel-et-Der dans l’Aube, seules les brebis prêtes à agneler et en lactation ont leur place en bergerie de septembre à janvier. Les autres pâturent les couverts végétaux. « L’automne et l’hiver derniers, nous avions 650 brebis qui pâturaient », expliquent Maxime et son père François-Xavier Taupin.

Et cela fait plus de 10 ans que l’alimentation des brebis est en grande partie basée sur les intercultures. En 2005, François-Xavier qui avait alors obligation de couvrir ses surfaces pour limiter les fuites d’azote s’interroge sur l’intérêt de la moutarde qu’il avait semée puis broyée l’hiver précédent. « J’avais 350 brebis à l’époque et étant davantage éleveur qu’agronome, je m’interrogeais sur les espèces à semer qui conviennent à la fois aux brebis et à la culture suivante. Je suis allé prendre conseil auprès de mon voisin car nous n’avions aucune référence. J’ai ensuite semé 10 hectares d’un mélange de vesce et d’avoine brésilienne sans aucune certitude quant au résultat. Au 15 novembre, le mélange mesurait un mètre de haut et le taux de prolificité des brebis en lutte a été augmenté de 20 %. Cela m’a convaincu ! » Depuis, sur les 100 hectares de grandes cultures que compte l’exploitation, 40 ha de couverts sont semés tous les ans. La nature des espèces a évolué au fil des années et se compose actuellement d’avoine brésilienne, de vesce, de pois fourrager, de radis structurator, de colza fourrager et de féverole. « Nous produisons la semence ou bien faisons des échanges avec nos voisins pour la majorité des espèces, ajoute Maxime. La dose de semis varie entre 50 et 60 kg par hectare et le mélange nous revient à environ 50 euros par hectare ».

La réussite des intercultures est aussi importante que celle des céréales

Le semis est particulièrement soigné. Au Gaec de la Bergerie, le couvert végétal est une culture à part entière, aussi importante que les neuf cultures de l’assolement : blé, colza, chanvre, betteraves sucrières, trèfle porte-graine, maïs… « Toutes les décisions qui sont prises en matière d’assolement le sont aussi par rapport aux brebis, ajoute François-Xavier. L’un ne va pas sans l’autre ». Et pour assurer trois à quatre mois d’alimentation tous les ans, les brebis pâturent aussi chez les voisins céréaliers. « Nous avons des voisins qui sont en non-labour comme nous et ils ont choisi les couverts multi-espèces pour restructurer le sol. Nos brebis peuvent être comparées à un broyeur devant et un épandeur derrière. C’est gagnant gagnant ! ». L’année dernière, 100 ha ont ainsi été utilisés en plus des 40 ha de l’exploitation. Les champs pâturés sont clôturés avec trois fils électriques posés et déposés au quad. Selon François-Xavier, cet équipement a participé à l’évolution de la technique sur l’exploitation. « Si nous avions continué à poser les clôtures à pied, nous aurions arrêté. C’était trop contraignant en temps de travail ».

De 500 à 1 500 brebis

Avec l’installation de Maxime en 2016, le troupeau est passé de 500 brebis de race Romane conduites en trois agnelages en deux ans à 1 000 sans augmentation de surfaces sur l’exploitation. À moyen terme, le troupeau va passer à 1 500 brebis. Une bergerie de 2 300 m² est en construction mais toujours avec une place pour la moitié des brebis. « Nous allons essayer les mélanges de moha et pois devant une céréale, conclut Maxime. Ces espèces sont moins gourmandes en eau. Nous avons également comme projet de tester des couverts non gélifs à mettre devant le maïs : un mélange de seigle forestier, féverole d’hiver et de pois d’hiver. L’objectif est de prolonger la période de pâturage jusqu’en mars ».