"Nous baissons le prix de nos aliments porcs grâce à notre fabrique à la ferme"
Philippe et Guillaume Vasseur fabriquent les 800 tonnes d’aliments annuels nécessaires pour leur atelier de multiplication de 130 truies et la suite. Ils utilisent des céréales autoproduites ou acheté dans la région et des complémentaires du commerce.
Philippe et Guillaume Vasseur fabriquent les 800 tonnes d’aliments annuels nécessaires pour leur atelier de multiplication de 130 truies et la suite. Ils utilisent des céréales autoproduites ou acheté dans la région et des complémentaires du commerce.
Éleveurs multiplicateurs Danbred à Lavare dans la Sarthe, Philippe et Guillaume Vasseur ont investi en 2015 dans une fabrique d’aliment à la ferme pour alimenter leurs 130 truies, les porcelets, les futures cochettes et une partie des porcs charcutiers engraissés sur le site de l’exploitation. « L’objectif était de diminuer le prix des aliments en utilisant des céréales achetées ou produites sur l’exploitation », expliquaient-ils lors d’une réunion Airfaf des Pays de la Loire organisée sur l’exploitation le 22 juin dernier. Le choix d’utiliser des complémentaires leur a permis d’investir dans une installation très simple. Sous un hangar sont regroupés trois cellules de 250 tonnes chacune pour stocker à sec les trois céréales entrant dans les formules (orge, blé et triticale), quatre silos toiles pour le stockage des complémentaires, et un ensemble trémie-broyeur-mélangeur horizontal sur jauges de contrainte Multi-eco Toy permettant des fabrications d’une tonne. Les céréales sont reprises dans leurs cellules par des vis. Elles sont pesées, puis broyées et incorporées dans le mélangeur, suivies du complémentaire. L’aliment reconstitué est ensuite transféré vers une remorque d’aliment équipée d’une vis élévatrice et attelée à un tracteur pour approvisionner les silos des bâtiments d’élevage. « Il faut compter 35 minutes pour fabriquer une tonne d’aliment », indique Guillaume Vasseur. Les fabrications et le remplissage de la remorque sont généralement regroupés la nuit pour que l’éleveur puisse transférer l’aliment le matin.
560 tonnes de céréales par an
Les besoins de l’élevage sont de 800 tonnes d’aliment par an, une partie des mâles étant engraissés en façonnage. Les complémentaires constituent 30 % des aliments gestante, porcelets et porc charcutiers, et 50 % de l’aliment de lactation. « Nos besoins sont de 560 tonnes de céréales par an. » 250 tonnes de triticale et d’orge produits sur les 38 hectares de SAU de l’exploitation sont autoconsommées. Le reste est acheté départ champ auprès des voisins ou des organismes stockeurs de la région. « Nous n’avons pas de difficultés d’approvisionnement, la Beauce est à 30 kilomètres. »
Un coût de fabrication de 15 euros par tonne
L’installation a coûté 150 000 euros en 2015. « Un chiffre qui peut être augmenté de 25 % aujourd’hui à cause de l’inflation du coût des matières premières », regrette Alexis Le Moignic, technico-commercial Toy. Les éleveurs se sont fortement investis dans la maçonnerie et le montage des équipements, ce qui a réduit le montant investi. En période d’amortissement, le coût de fabrication est de 15 euros par tonne d’aliment reconstitué. En tenant compte de ce coût, Guillaume Vasseur calcule un prix d’aliment charcutier de 253 euros par tonne en moyenne sur le premier semestre de 2021. Il est de 330 euros par tonne pour l’aliment de lactation, 247 euros par tonne pour l’aliment de gestation et 269 euros par tonne pour le 2e âge. « Ces prix sont inférieurs de 30 à 40 euros par tonne à ceux des aliments du commerce », estime Philippe Vasseur. Ils tiennent compte d’une valorisation des céréales stockées à la récolte à 160 euros pour le triticale et 180 euros par tonne pour l’orge. Le prix du blé dont une partie a dû être achetée récemment est à 220 euros par tonne en moyenne sur la période. « Il est évident que nous aurions intérêt à augmenter notre propre production de céréales », analyse Guillaume Vasseur. « Cependant, la pression sur les terres est très forte dans la région et les opportunités d’achat sont rares. » Le jeune éleveur réfléchit aussi à plus long terme à la construction d’un bâtiment d’engraissement pour ne plus être dépendant du façonnage. « J’envisage un bâtiment sur paille pour répondre aux attentes sociétales et, pourquoi pas, valoriser la production auprès d’un salaisonnier ou en vente directe. » Dans la région, nombreux sont les parisiens qui viennent en villégiature le temps d’un week-end et dont l’engouement pour les circuits courts a fortement augmenté depuis le début de la crise sanitaire.
Repères
Prix des aliments reconstitués (période : décembre 2020-juin 2021)
Côté éco
Le coût des équipements
La Faf en images
L’utilisation de complémentaires en association avec trois céréales permet de concevoir une fabrique d’aliment très simple, avec des équipements faciles à entretenir.