Volaille
MHP joue le durable pour conquérir l’UE
L’ukrainien MHP, découvert en France lorsqu’il a échoué à racheter Doux en 2018, vient d’annoncer qu’il visait la neutralité carbone pour 2030 et en fait un argument de déploiement international.
L’entreprise ukrainienne MHP est le premier groupe avicole au niveau international à afficher sa volonté d’atteindre la neutralité carbone en 2030. Fondé en 1998 par Yuriy Kosyuk, le leader ukrainien de la volaille (55 % de la production) exploite quasiment 385 000 hectares (céréales, tournesol, soja), abat 9 millions de poulets par semaine dans son pays, les transforme et les commercialise dans ses 1 800 points de vente.
Notre stratégie est l’intégration verticale et l’économie circulaire
L’ensemble dispose de filiales dans l’UE depuis 2016 : ateliers de découpe aux Pays-Bas et en Slovénie, puis expansion dans ce dernier pays avec le rachat d’un de ses leaders, Perutnina Ptuj, fermes avicoles en Serbie, en Croatie et en Bosnie-Herzégovine… « La stratégie du groupe, c’est l’intégration verticale et l’économie circulaire. Nous sommes autonomes en céréales et en tourteaux de tournesol et de soja, nous disposons de nos couvoirs pour développer une génétique permettant de mieux valoriser le tournesol par exemple », a expliqué John Rich, son directeur opérationnel australien, lors du récent Feedinfo Summit, à Genève le 28 octobre 2021.
La maîtrise de l’énergie, une priorité
Mais, surtout, le groupe mise sur sa maîtrise de l’énergie. Le groupe a commencé en 2010 par un diagnostic de l’efficacité énergétique de chacune de ses nouvelles installations, puis a investi en 2012 et en 2017 dans deux centrales de biogaz alimentées par ses coproduits d’abattoir et les litières de ses élevages (capacité de 17 mégawatts) tout en produisant la fertilisation organique pour ses cultures.
Selon le dirigeant, lorsque toutes ses consommations d’énergies fossiles seront remplacées par sa production d’énergies renouvelables (biogaz, solaire, éolienne, biométhane pour la séquestration de carbone), en sus de toutes ses mesures d’économie d’énergie, le groupe disposera même d’un surplus. « Nous sommes en avance sur de nombreux autres points du Scope 3, avec, par exemple, la place des femmes dans notre comité exécutif, héritée du passé dans le bloc de l’Est », indique John Rich. Quatre femmes occupent des postes clés en finance et contrôle de gestion, pour la communication internationale et la gestion de la qualité.
Être accrédité par le Carbon Trust
« Nous avons commencé dès 2003 en introduisant les standards de performance environnementale et sociale IFC et nous publions notre rapport de durabilité annuel depuis 2015. Nous avons fixé l’an dernier notre volonté de neutralité carbone pour 2030. Nous avons donc lancé un partenariat avec Alltech ECO2 pour chiffrer dans le détail notre empreinte carbone avec l’objectif d’être accrédité par le Carbon Trust », résume l’ancien banquier qui a d’abord travaillé plusieurs années comme consultant avant d’être embauché par MHP. « Pour lever des fonds verts, il vous faut absolument vous conformer aux codes de gouvernance UK CGC. Mais dans tous les cas, ne vous attendez pas à bénéficier d’un prix plus élevé pour produire durable, il ne s’agit désormais qu’un droit à produire », conclut John Rich.
Qui est MHP ?
MHP, dont la holding est actuellement enregistrée à Chypre, tient sa place de premier exportateur ukrainien de viande de volaille depuis 2016. Il a commencé dans le commerce de grains et la fabrication d’aliments pour animaux pour, très vite, investir en aviculture, et il dépasse désormais 55 % de la production du pays. Sa première marque, Nasha Ryaba, a été lancée en 2002, puis le groupe a investi dans la production agricole (maïs, tournesol, blé, colza…), la production de saucisses et des produits à base de viande, mais aussi l’élevage de bovins, et l’élevage d’oies pour la production de foies gras. En 2007, MHP ouvre son couvoir puis, en 2015, transforme un de ses sites en élevage de parentaux toujours dans l’idée de maîtriser ses approvisionnements. Depuis 2008, le groupe est autonome en maïs. Avec ses deux unités de trituration (tournesol hipro et soja), il indique produire 490 000 tonnes de tourteaux.