Aller au contenu principal

Volaille : comment la Croatie est devenue le nouveau terrain de jeu des industriels ukrainiens pour multiplier leurs productions

La Croatie semble devenir le nouveau terrain de jeu pour les entreprises ukrainiennes de volaille. De quoi déstabiliser le marché français et plus largement communautaire.

L'installation de "giga-fermes-usines" ukrainiennes en Croatie pourrait faire augmenter la production annuelle de poulet de 45 à 235 millions de têtes et destabiliser l'ensemble du marché communautaire selon l'interprofession de la volaille de chair.
© MPH

« Deux groupes industriels ukrainiens, MHP et PCC, dirigés par des oligarques, projettent d’installer deux gigapoulaillers-usines en Croatie », a indiqué l’interprofession de la volaille de chair (Anvol) dans un communiqué ce mercredi 22 mai.

Lire aussi : Poulet ukrainien : les chemins d’entrée dans l’UE

Une production de poulet multipliée par cinq en Croatie

Ces installations de giga fermes ukrainiennes sur le sol croate conduiraient à une hausse faramineuse de la production de volaille. En poulet, la production passerait de 45 millions à 235 millions de poulets par an, alors que le pays est autosuffisant à 95% fait savoir l’Anvol dans son communiqué. 

MHP envisage en Croatie la construction de 200 poulaillers représentant 8 millions de poulets

« Cette augmentation correspond à la production de poulets de la région des Pays-de-la-Loire », estime l’interprofession. « L’un des nouveaux projets prévus en Croatie par le groupe agro-industriel intégré MHP envisage la construction de 200 poulaillers représentant 8 millions de poulets », précise le communiqué.

Lire aussi : Poulet importé : “la souveraineté alimentaire est toute autant française que communautaire”

Réduire les coûts de production

« Depuis la fabrication des aliments, en passant par les couvoirs, les élevages, l’abattage des volailles et leur transformation, ils concentrent toutes les activités et les centralisent en un même lieu dans des installations XXL pour diminuer encore les coûts de production », mentionne l’interprofession. Ces viandes blanches produites à moindre coût sont ensuite exportées.

Un véritable pied de nez aux professionnels français et européens

Il s’agit pour l’Anvol « d’un véritable pied de nez aux professionnels français et européens des 27 États membres qui, malgré la récente mise en place de la mesure de sauvegarde sur les importations de poulet depuis l’Ukraine (limitation des importations européennes à 137 000 tonnes pour 2024) dénoncent depuis des années l’exonération des droits de douane sur les volailles ukrainiennes ».

Lire aussi : Poulet : combien faudrait-il investir pour reprendre des parts de marché à l’importation ?

La production de poulet français menacée

Les éleveurs français se sentent lésés alors que dans le même temps « dès qu’ils veulent moderniser, agrandir ou installer des élevages sur le territoire, ils font face à des difficultés administratives et des levées de boucliers de la part d’association militante », explique l’Anvol. D’autre part, les importations sont grandissantes. Un poulet sur deux consommés en France est acheté sur le marché international.

Lire aussi : « Dans le Morbihan, il n’y a pas eu un seul poulailler construit depuis deux ans »

Le Parlement européen doit trancher

« La filière française demande aux candidats au Parlement européen de se prononcer clairement contre le soutien financier de l’Union européenne (UE) à ce type de projets. La filière souligne en outre que le groupe agro-industriel intégré MHP a déjà reçu près de 400 millions d’euros de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement depuis 2008 », note l’Anvol. Ce soutien et « nouveau déferlement de volaille » iraient à l’encontre « de tous les principes prônés par l’UE, notamment le « Green Deal » et la stratégie « Farm to Fork » ».

Lire aussi : Poulet importé : le Brésil et l’Ukraine continueraient d’inonder le marché de l’Union européenne en 2024

Notons enfin que ce « cri d’alarme » intervient « à moins d’un mois des élections européennes et au moment où l’Assemblée nationale vient de débuter l’examen du projet de loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture ». 

Lire aussi : Les stocks de poulet français progressent à cause des importations

MHP acquiert des fermes dans les Balkans

La Croatie n'est pas le seul pays européen dans lequel MHP s'établit. Le groupe a acquis sept fermes avicoles dans la péninsule des Balkans, notamment en Albanie et au Kosovo, selon PoultryWorld. Le coût d'investissement est estimé à 16,8 millions d'euros. « MHP n’a pas expliqué la raison de ces acquisitions », a indiqué notre source.

Les plus lus

broutards charolais en centre de tri
Envolée des prix des broutards : « les conditions sont réunies pour que les prix restent élevés »

Les prix des broutards français atteignent des niveaux inédits, car l’offre manque pour répondre à une demande bien présente,…

graphique de la Cotation entrée abattoir du JB
A 5,74 €/kg, les prix des jeunes bovins viande battent un nouveau record

Les prix des jeunes bovins continuent de progresser en ce début 2025, une dynamique inhabituelle sur janvier. En vaches, la…

Comparaison des prix des vaches lait O en France et en Irlande, graphique
Vaches laitières : les prix irlandais dépassent les cours français

En Irlande, les prix des vaches laitières ont commencé à grimper cet automne tandis que les cotations françaises reculaient,…

une courbe descendante sur fond de silhouettes de vaches
Combien la France a-t-elle perdu de vaches en 2024 ?

Le cheptel de vaches a continué de reculer en 2024. Les maladies animales (FCO et MHE) ont donné un coup d’accélérateur à la…

Une carte de l'Allemagne en rouge, des silhouettes d'agneau, vache et porc au premier plan
Fièvre aphteuse : quelles conséquences des cas détectés en Allemagne ?

La fièvre aphteuse a été détectée en Allemagne. Le Royaume-Uni, traumatisé par l’épidémie de 2001, met en place un embargo…

une image avec un poulet, un camion, un conteneur, un oeuf, une saucisse, un steak, du blé, du maïs, de l'huile, du beurre, des frites, des tomates, du café, du cacao. Au premier plan, une loupe qui zoome sur un des courbes et histogrammes
Prix des matières premières agricoles : 25 cotations à surveiller en 2025

Les variations des prix des matières premières agricoles et alimentaire ont été fortes et parfois imprévisibles ces dernières…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio