« Un rêve » qui peut virer au cauchemar
> Alain Jolly a déposé le bilan de la charcuterie Besson cet été.
Reprendre une entreprise, c'était un projet de longue date. La réalisation d'un rêve pour la fin de ma carrière dans l'agroalimentaire », déclare Alain Jolly, qui a racheté l'entreprise de charcuterie Besson. En décembre 2011, il décide de quitter son poste de directeur du développement des ventes pour la consommation hors domicile chez Lactalis, pour se consacrer entièrement à sa recherche d'entreprise. « C'est indispensable d'arrêter son activité salariale, explique-t-il. Cela permet d'être plus crédible auprès des entreprises intermédiaires qui travaillent peu avec des entrepreneurs individuels. »
En mars 2013, il trouve le dossier de l'entreprise Besson, basée à La Chevrolière (Loire-Atlantique), via la structure de fusions-acquisitions du Crédit agricole. Après cinq mois pour trouver un accord sur un protocole d'acquisition des titres, le cédant refuse finalement de signer la vente. Il revient vers Alain Jolly en novembre avec une proposition de rachat d'actifs, selon ce dernier. « Avec une acquisition des titres, il y a une garantie des actes de gestion. Ce qui n'est pas le cas avec l'acquisition du fonds de commerce », précise-t-il. La reprise est actée en mars 2014.
S'entourer de tous les conseils possiblesMais le rêve d'Alain Jolly s'est vite transformé en cauchemar. « Entre le 21 mars et fin octobre, j'avais 270000 euros de perte », confie-t-il. « Mon coût de transport était particulièrement élevé ». L'entreprise produisait notamment des carottes râpées, taboulés, betteraves rouges et concombres bios sous MDD pour E.Leclerc, Système U et Auchan. « Je livrais des petites quantités trois fois par semaine et jusqu'à six fois pour U », commente-t-il. L'entrepreneur envisage d'arrêter les marques de distributeurs, mais se heurte aux contrats, qui prévoient six mois de préavis. En avril 2015, Alain Jolly dépose le bilan de la charcuterie Besson. En l'absence de repreneur, l'entreprise est placée en liquidation judiciaire et ferme ses portes, le 31 juillet 2015.
“ J'ai perdu mes 300 000 euros d'apport
” « J'ai mis dix-huit ans à épargner, et j'ai perdu mes 300 000 euros d'apport. On n'a qu'une seule cartouche dans le fusil. Il faut s'entourer de tous les conseils possibles. Il faut faire preuve de pugnacité, avoir une gestion spartiate et n'avoir aucune empathie », remarque Alain Jolly. Alice Flores