Un climat plus propice aux primeurs que prévu
La campagne de pommes de terre de conservation 2014 s'achève dans un climat de dynamisme et de fermeté des prix inespéré, alors qu'elle était considérée jusqu'en mars, comme l'une des pires sur le marché français de la pomme de terre. Et le pire du pire était encore à craindre pour la fin de campagne, avec des stocks élevés laissés par une récolte pléthorique. Cette situation aurait pu mettre en péril une fois encore la campagne de primeurs exposée à un télescopage avec un énorme reliquat de vieilles pommes de terre. Un retournement de conjoncture s'est pourtant produit depuis quelques semaines. Les stocks, concurrents potentiels de la primeur, se sont révélés beaucoup moins élevés qu'on le craignait ; la consommation intérieure est plutôt bonne et le courant d'exportation perdure vers le sud de l'Union européenne où la production de primeurs a pris un retard de l'ordre de deux semaines.
L'horizon se trouve donc mieux dégagé pour accueillir une récolte de primeurs qui sera en baisse sensible compte tenu de la réduction des surfaces (de 30 à 50 % par exemple dans les trois grands départements producteurs bretons : Côtes-d'Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine). La demande se montre aussi, en ce début de saison de primeurs, incomparablement plus ouverte que l'an ” dernier, avec un élément primordial qui est le référencement en grande distribution. La pomme de terre primeur est un produit délicat à manipuler, et de courte conservation ; deux caractéristiques qui le pénalisent dans la gestion des rayons. Cependant, pour cette nouvelle campagne, la distribution s'est inscrite très volontairement dans la démarche interprofessionnelle initiée par le CNIPT qui propose des recommandations spécifiques pour la gestion de la campagne aux opérateurs et aux distributeurs. Ces derniers se voient rappelés la fragilité du produit et recommandés de petites commandes quotidiennes pour assurer la bonne rotation en rayon. Les caractéristiques et l'affichage du produit font aussi l'objet d'un rappel dans cette liste de recommandations. Les pommes de terre de primeur ou nouvelles doivent être récoltées dans l'année avant leur complète maturité, et ne peuvent être commercialisées que jusqu'au 15 août. Elles pourront utiliser les qualificatifs de « fraîchement récoltées » ou « primeur de France ».
“ La demande en primeurs est plus ouverte que l'an dernier
Par la suite, les pommes de terre très précoces mais récoltées à maturité, pourront porter jusqu'au 30 septembre la mention « nouvelle récolte ». Le passage de relais entre l'ancienne et la nouvelle récolte devrait alors être assuré, sans trop de heurts cette année. Il devrait bien se passer si l'on en juge par son tout début, en avril, avec la production précoce des îles de Noirmoutier et de Ré (cette dernière étant, comme la Bea du Roussillon, en AOP). On va maintenant entrer en pleine période de production bretonne, jusqu'à la conclusion alsacienne. L'Alsace qui aura illustré cette année, par l'effondrement de ses surfaces, le risque d'une quasi-disparition de la primeur française en cas d'une nouvelle campagne commerciale catastrophique.