Produits biologiques
Un air d’ici parie sur un avenir sans déchet
Zéro plastique non biodégradable, zéro déchet, des produits majoritairement en vrac… La PME vauclusienne, Un air d’ici, vient de se doter d’une usine flambant neuve non émettrice de déchets. Un pari sur l’avenir dans un contexte difficile pour le vrac.
Zéro plastique non biodégradable, zéro déchet, des produits majoritairement en vrac… La PME vauclusienne, Un air d’ici, vient de se doter d’une usine flambant neuve non émettrice de déchets. Un pari sur l’avenir dans un contexte difficile pour le vrac.
En novembre 2020, Franck Bonfils, fondateur de la société Un air d’ici, mettait en service une usine flambant neuve de 10 000 m2 à Carpentras (Vaucluse) lui permettant de quasiment tripler ses capacités de production de fruits secs, graines et céréales biologiques, commercialisées majoritairement en vrac sous la marque Juste Bio. Initialement pensé pour être un entrepôt logistique, le projet de construction du site s’est pas à pas orienté vers un espace de production de 6 000 m2 et un espace de stockage de 4 000 m2. « À partir du second semestre 2017, notre activité vrac se développe fortement. On implante 1 000 magasins supplémentaires. On a commencé à être coincés sur la logistique. Donc, on l’a d’abord externalisée, puis en 2018, on voulait créer 2 000 m2 uniquement pour la logistique. Face au développement continu de notre activité, le projet n’a fait qu’évoluer durant trente mois, pour finalement arriver à cette usine qui regroupe production et stockage. Et nous avons également loué d’autres bâtiments à Montreux pour notre logistique », raconte Franck Bonfils.
Face au développement de notre activité, le projet n’a fait qu’évoluer durant trente mois
Il faut dire que l’entreprise enregistrait un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros en 2016 et employait une quinzaine de salariés ; elle en a réalisé, en 2020, 78 millions d’euros et emploie 130 personnes.
Un investissement de 16 millions d’euros et un nouvel actionnaire
L’entreprise a dû investir 16 millions d’euros, dont 9 millions pour le bâtiment et 7 millions en matériel. Seule la machine à chouchou, « machine historique » avec laquelle Franck Bonfils a commencé, a été transférée de l’ancien vers le nouveau site. Les autres équipements sont totalement neufs, permettant ainsi d’améliorer l’automatisation de certaines tâches, notamment au niveau du conditionnement et du stockage. Des robots viennent notamment récupérer les cartons pour les palettiser ensuite. Ce montant important a été financé par de la dette grâce à un pool bancaire. Le fonds Ambrosia est également rentré à hauteur de 20 % au sein du capital, pour aider au financement du projet. Car au-delà des capacités de production, Franck Bonfils voulait également concevoir une usine zéro déchet. Des efforts ont été portés sur l’utilisation de plastique biodégradable et compostable, sur une imprimante laser pour supprimer les étiquettes. Reste encore le film utilisé pour la palettisation, mais là les fournisseurs ne sont pas encore au point.
Le fondateur le concède : « Notre usine est pour le moment trop grande pour ce que nous produisons, mais là où nous étions, nous arrivions à saturation. Et les projections pour le marché du vrac sont plutôt dans le sens d’une forte croissance. » Dans son ancienne usine, également installée près de Carpentras, la société était à l’étroit dans 1 600 m2 pour une production de 7 000 tonnes. Elle est désormais à l'aise dans sa nouvelle usine.
Le vrac, entre potentiel de croissance et réassurance
Mais selon son fondateur, le marché du vrac va tripler à l’horizon 2022. « Le marché, aujourd’hui, pèse 1,3 milliard d’euros, hors fruits et légumes et tous circuits confondus (dont 50 % en GMS). Il devrait tripler dans les deux ans. C’est un marché en croissance », assure-t-il.
Le marché du vrac devrait tripler à l’horizon 2022
Un marché qui connaît néanmoins quelques remous depuis la crise liée à la Covid-19. À l’annonce du confinement en mars 2020, les rayons vrac des hypermarchés se sont fermés du jour au lendemain pour deux raisons principales : pour une question purement logistique, les distributeurs ne voulaient pas gérer ces rayons-là, alors que Juste Bio apporte tout le service clé en main, les meubles et les techniciens pour les remplir ; et une question davantage sanitaire, les clients n’ayant pas confiance en ces temps de crise sanitaire en l’hygiène du vrac. « Nous avons un grand travail de pédagogie à faire. À aucun moment, nos 200 techniciens ne touchent les produits. Nous sommes évidemment capables de gérer la traçabilité des lots », indique Franck Bonfils.
Un chantier de réassurance des consommateurs a été lancé, car ils sont encore 13 % à avoir réduit leurs achats en vrac, dont 3 % qui ont complètement arrêté, selon le fondateur d’Un air d’ici. « Notre activité est toujours en retrait par rapport au préconfinement. Nous devions réaliser 100 millions d’euros en 2020. Notre chantier va être de réassurer le consommateur, de faire de la pédagogie, puis nous engageons des actions pour développer nos implantations dans l’Hexagone », précise-t-il. Hormis le développement sur le circuit de proximité, il développe également son implantation dans les magasins spécialisés en produits bios, grâce à sa marque Louis & P’tit Jules, lancée début 2020. Elle est déjà présente dans quelques magasins indépendants et dans quelques enseignes, dont Biocoop.
Une nouvelle gamme made in France
Si Un air d’ici s’approvisionne majoritairement à l’étranger, Espagne, Turquie ou même Vietnam, elle a bien conscience de la montée en puissance des démarches locales. C’est pour cette raison qu’une nouvelle gamme Cocorico de graines issues de filières française biologiques fait son apparition dans les rayons de la grande distribution. Cerneaux de noix, graines de courge et de tournesol, mélange 100 % graines France, vont ainsi être commercialisés en sachet fraîcheur refermable de 80 ou 100 grammes dans un emballage compostable pour un prix marketing conseillé allant de 2,10 à 4,48 euros.