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Trop d'animaux finissent maigres et non labellisés


> Philippe Cabarat, président de la commission bio d'Interbev.
Dans les filières viande bovine et ovine bios, la difficulté n'est pas tant de produire que de parvenir à engraisser un maximum d'animaux pour bien les valoriser sous label AB.

En viande bovine bio, la production se porte plutôt bien, comme l'a démontré la commission bio Interbev, lors d'une conférence au Sommet de l'élevage, mercredi 1er octobre. Les cheptels allaitants et laitiers ont fortement progressé en 2010 et 2011 (+ 67 % en 2011 comparé à 2009), et continuent de grimper jusqu'en 2013, représentant 3 % des effectifs en France. Mais ce potentiel de production ne se traduit pas par les abattages d'animaux finis : une partie termine en maigre et en conventionnel.

70 % des jeunes mâles bios vendus en broutards conventionnels

” En allaitant par exemple, 70 % des jeunes mâles bios sont commercialisés en broutards conventionnels. Malgré des cours plus stables et plus rémunérateurs en bio, l'explication vient en partie des prix. « La différence entre le conventionnel et le bio n'est pas assez importante pour inciter les éleveurs à engraisser étant donné les contraintes des cahiers des charges », analyse Philippe Cabarat, le président de la commission bio d'Interbev (Interprofession bétail et viandes).

Dans le contexte de la mise en place de la nouvelle Pac, les éleveurs se demandent comment adapter leurs systèmes afin de commercialiser le maximum de leurs animaux en bio, en privilégiant notamment la voie mâle. Des simulations conduites par Arvalis et l'Institut de l'élevage montrent par exemple qu'en herbager, la valorisation des broutards en veaux sous la mère est une stratégie économiquement favorable. En revanche, la mise en place de bœufs perdrait a priori beaucoup de son intérêt avec la disparition des primes spéciales aux bovins mâles, et ce malgré une reprise des cours ces dernières années.

+50 % de vente de viande d'agneau bio en six ans

Côté ovin, même dynamisme concernant l'amont : les exploitations en allaitant bio ont progressé de près de 30 % entre 2010 et 2013, passant de 938 à 1 210, pour un cheptel atteignant les 131 000 brebis. Les tonnages de viande d'ovins allaitants bios ont augmenté de 20 % entre 2010 et 2013, et ce même en retirant la vente directe, comptabilisée depuis 2011. Conséquence : le chiffre d'affaires de la viande d'agneaux bios a atteint les 38 millions d'euros en 2013, alors qu'il était de 26 millions en 2007, soit une progression de près de 50 % en six ans.

Mais les filières peuvent mieux faire. Ainsi, selon l'observatoire des ovins bios coordonné par la commission bio d'Interbev, sur un potentiel de 89 146 agneaux allaitants produits en 2013, 55 000 ont été réellement abattus. Il reste donc 35 500 animaux non valorisés en bio.

Certaines initiatives montrent le chemin à suivre, comme la coopérative aveyronnaise Aprovia. Après avoir démarré dans le bio en 1997, elle a créé la marque Agno-bio en 2005 avec ses partenaires de l'aval. Elle commercialise aujourd'hui la production de 35 éleveurs ovins bios, dont deux tiers d'allaitants et un tiers de laitiers, avec des prix qui, fin août 2014, affichaient de +60 à +70 centimes au kg par rapport à un label Rouge. Résultat, selon Jean-Luc Bruel, directeur de la structure, presque 50 % des candidats à l'installation en ovin de la région optent pour la filière biologique.

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