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Quota 481 : « la qualité du bœuf de feedlot reconnue »


> Santiago Doval, membre de la Chambre argentine des engraisseurs en parc.
L'Argentine bénéficie d'un accès au quota 481 pour exporter sa viande bovine. Les premiers abattages de bovins engraissés pour ce nouveau quota ont eu lieu le mois dernier. Entretien avec Santiago Doval, membre de la Chambre argentine des engraisseurs en parc.

Les Marchés Hebdo: Vous engraissez à Tandil, au sud de Buenos Aires, plus de 50 000 bovins par an en enclos, et êtes agréé par l'autorité sanitaire argentine pour fournir le quota 481. Que cela signifie-t-il pour vous ?

Santiago Doval : C'est une nouvelle alternative commerciale qui profite aux engraisseurs et à toute la filière, des naisseurs aux abattoirs. Elle nous offre en effet la possibilité de porter les animaux à un poids plus lourd que celui voulu par notre marché intérieur. Les consommateurs argentins préfèrent les petits gabarits : la catégorie d'animaux la mieux payée localement se trouve en dessous de 300 kg, alors que le contingent 481 exige des animaux de plus de 400 kg.

LMH : Ce nouveau débouché à l'export est-il rémunérateur ?

S. D. : Oui. Le prix moyen de la viande expédiée dans le cadre du quota 481 est d'environ 8500 euros la tonne (€/t), contre 12000 €/t dans celui du contingent Hilton, car ce dernier concerne uniquement les morceaux de premier choix qui sont taxés à l'import à 20 %. Le quota 481 porte sur tous les morceaux et ceux-ci ne sont pas taxés.

DÉJÀ 1600 BOVINS ABATTUS ET 20000 SUR LES RAILS

Pour rappel, l'UE a accordé aux États-Unis et au Canada un contingent d'importation de bœuf de qualité non taxé en guise de compensation suite au conflit sur le bœuf aux hormones. D'autres pays, dont l'Uruguay et l'Argentine, ont ensuite accédé à ce quota selon des règles de parité de l'OMC. Le contingent 481 exige une durée minimum d'engraissement de 100 jours avec des rations riches en céréales. Les animaux font l'objet d'une traçabilité stricte et sont abattus avant l'âge de 30 mois. Selon l'autorité sanitaire argentine (Senasa), environ le tiers du total des bovins abattus dans ce pays provient de parcs d'engraissement intensif, dont 28 ont obtenu l'agrément pour fournir le contingent 481. Parmi ceux-ci, 18 compteraient actuellement 20 000 animaux répondant à de telles exigences. 1 600 animaux pesant entre 420 et 460 kg, dont la viande a été exportée vers l'UE par l'établissement Gorina.

LMH : Les premiers abattages de bovins engraissés spécifiquement pour ce nouveau quota ont eu lieu en Argentine le mois dernier. Comment avez-vous réagi à la nouvelle ?

S. D. : Très positivement. C'est le premier marché de haute valeur qui s'ouvre à l'Argentine depuis des décennies ! Jusqu'au début des années 2000, nous avions accès au marché nord-américain dont les prix sont également intéressants, mais nous l'avons perdu à cause de la découverte de foyers de fièvre aphteuse. Nous espérons le récupérer prochainement et fournir bientôt la Corée du Sud et le Japon qui sont aussi des marchés haut de gamme. Notre accès au quota 481 est de bon augure.

LMH : Le volume total du quota 481, limité à 48 200 tonnes, est approvisionné par les États-Unis, l'Australie, l'Uruguay, le Canada, la Nouvelle-Zélande et maintenant l'Argentine… qui ne fournit pas l'intégralité du contingent Hilton depuis plusieurs années. Le pays va-t-il réellement saisir cette nouvelle opportunité ?

S. D. : L'Argentine est passée en dix ans du rang de troisième exportateur mondial de bœuf à celui de onzième à cause des restrictions à l'export et d'une taxe à l'export de 15 %, appliquées par notre propre gouvernement. Malgré cela, nous restons compétitifs avec une échelle de production importante et des céréales bon marché. La valeur locale du maïs dépasse à peine les 100 euros la tonne.

LMH : Comment exploitez-vous cet avantage ?

S. D. : Il est relatif. Le maïs représente 20 % du coût total de la production. Je préférerais travailler avec une céréale plus chère, car cela nous obligerait à en faire une utilisation plus performante dans les rations. Actuellement, certains naisseurs engraissent eux-mêmes leurs animaux avec du maïs donné au champ, ce qui est peu efficient.

LMH : Au-delà de la conjoncture, que représente pour la filière l'accès au quota 481 ?

S. D. : C'est une reconnaissance internationale de la qualité de la viande issue de nos parcs. À moyen terme, nous fournirons autant de bovins lourds engraissés de façon intensive que le demande le marché européen.

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