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Produits laitiers : qui peut tirer parti de la guerre économique Chine-UE

Alors que la guerre commerciale entre la Chine et l’Union européenne ne donne pas signe d’accalmie, qui pourrait profiter des tensions sur le marché des produits laitiers ? La question se pose alors que la Chine a ralenti ses envois. 

Produits laitiers marque yili
Crème, fromage, qui va tirer parti des taxes chinoises sur les produits européens ?
© Virginie Pinson

La Chine a imposé des taxes sur six types produits laitiers européens dans le cadre de la guerre commerciale qu’elle mène au vieux continent pour continuer à y écouler ses véhicules électriques. 

Code douanier des produits concernés par l'enquêteType de produit
04015000 Lait et crème dépassant 10 % de MG
04061000 Fromage frais
04062000 Fromage râpé
04063000 Fromage transformé mais non râpé
04064000  Fromage à pâte persillée
04069000 Fromages, sauf frais

La part de marché occupée par les produits de l'UE pour ces produits spécifiques variait de 28 à 34 % de l'ensemble des importations de la Chine.

Lire aussi : Produits laitiers: Bruxelles attaque l’enquête anti subventions chinoise à l’OMC

La révolution laitière a eu lieu en Chine

Certes l’Europe sera moins présente sur le marché chinois, mais il ne faut pas perdre de vue que la demande chinoise est terne. Pour Li Yifan, responsable de la division Asie de StoneX, la Chine est désormais proche de l’autosuffisance en lait avec un taux à 73,1 % en 2023 qui devrait « à court terme atteindre 80% ».

La collecte chinoise a progressé plus vite que la demande ces derniers temps, comme l’a présenté Li Yifan au Sommet mondial du lait, estimant que « après deux années de chute, les importations chinoises de produits laitiers devraient stagner en 2025 ». Car la Chine a atteint la plupart de ses objectifs sur la production laitière en avance. Le pays voulait, pour 2025,

  • Produire 41 millions de tonnes de lait 
  • Compter plus de 100 vaches dans plus des trois quarts des élevages. Les fermes détenant 1 000 à 3 000 vaches bénéficient d’une subvention de 400 yuan (52 €) par vache. 
  • Dépasser 9 000 kg/an/vache
  • Améliorer les capacités reproductrices du cheptel
  • Pousser les entreprises laitières à construire leurs propres exploitations
  • Intégrer les fermes et les laiteries, avec des incitations financières à investir

Tous ces objectifs ont été atteints avant la date prévu, seul échec, celui de la réduction des coûts alimentaires. 

Une croissance de la collecte qui ralenti

La collecte laitière chinoise a atteint 41,97 millions de tonnes en 2023, 6,7 % de plus que l’année précédente. La croissance s’est tassée au premier semestre 2024 à seulement 3,4 % pour 18,56 millions de tonnes. Néanmoins, une semaine après son intervention au Sommet mondial du lait, Li Yifan révélait les derniers chiffres de la collecte chinoise : une chute de 5,3 % sur le troisième trimestre comparé à l'an dernier. Une vraie surprise, qui restait à analyser mais que le spécialiste incombait à "des marges très mauvaises pour l'amont en Chine". 

"Des marges très mauvaises pour l'amont en Chine"

La Chine a-t-elle encore besoin d’importer des produits laitiers ?

Les produits les plus exportés par l’Union européenne ne sont pas concernés par l’enquête en cours, notamment les poudres de lactosérum, de lait et les préparations infantiles. Néanmoins, rien n’exclut que la Chine les y inclut à leur tour si elle souhaite resserrer la vis dans la guerre commerciale. 

Les importations chinoises en chute libre

Les données DairyTrade indiquent que les importations chinoises de produits laitiers ont chuté de 22 % en équivalent matière sèche sur le mois de septembre. En cumul sur 9 mois, la baisse est de 14 %. Seuls le fromage et le lait infantile progressent, depuis juin. 

Des besoins en crème et fromage

Mais elle s’applique à la crème et au fromage, et la Chine est loin d’être autosuffisante sur ces produits, elle importe à peu près la moitié de sa consommation selon la Rabobank. Le savoir faire sur les fromages est encore balbutiant dans l’Empire du Milieu. Sur les fromages, Australie et Nouvelle-Zélande essaieront de récupérer des parts, mais ce sont peut-être les États-Unis qui sont les mieux placés grâce aux récentes ouvertures de laiteries… si tant est qu’ils échappent à une guerre commerciale alors qu’eux aussi augmentent les droits de douanes sur les voitures électriques... et que le retour de Trump laisse présager d'un nouveau feuilleton de guerre commerciale entre les deux géants Pour la crème, l’origine UE n’est actuellement pas compétitive avec des prix qui flambent et c’est la Nouvelle-Zélande qui fournit la majeure partie des volumes. Par ailleurs, la Chine a développé sa consommation des crème ces dernières années, dans les coffee shop, comme base des bubble teas, et si la collecte laitière continue son recul inattendu, les importations pourraient se ressaisir. 

 

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