Peste porcine : « il y a peu de réels gagnants »
Les Marchés Hebdo : Quel effet la peste porcine africaine (PPA) peut-elle avoir sur le marché mondial ?
Richard Brown : Il y a de grandes incertitudes et de grands défis pour le 4e trimestre 2018, qui se répercuteront jusqu’en 2019. Deux pays ont déclaré la maladie en deux mois, la Chine et la Belgique. La situation chinoise est loin d’être claire avec dix-huit cas déclarés à travers la moitié du pays et de grandes distances entre eux. À l’heure actuelle, les prix des porcs vivants ont augmenté de 25 % dans les provinces qui dépendaient de l’approvisionnement des provinces du Nord (où les prix ont baissé). Beaucoup d’éleveurs chinois déstockent par peur de contracter la PPA et il y a donc un afflux d’offres supplémentaires à court terme.
LMH : À terme, qui pourrait profiter de cette situation ?
R. B. : Les importateurs chinois sont pour l’instant dans l’expectative, mais le Nouvel An approche. Avec la hausse des droits américains de 62 %, les Européens pourraient en profiter, mais manquent de production, et la Belgique est désormais bloquée à l’export vers six pays clés dont la Chine. Il y a une sérieuse menace que la PPA se répande en Allemagne et en France. Cela aurait un effet immédiat à la baisse sur le prix européen. Il y a peu de réels gagnants dans cette affaire. Le Canada dispose sûrement de la meilleure position, et le Brésil devrait profiter au maximum de son accès à la Chine.