Aviculture
Œufs : le virage vers l’alternatif tourne au cauchemar
La filière œuf a réalisé rapidement sa transition vers l’alternatif pour sortir les poules de cage, sous la pression des attentes des consommateurs. Mais les Français sont moins revendicatifs au moment de faire les courses et l’offre dépasse la demande.
La filière œuf a réalisé rapidement sa transition vers l’alternatif pour sortir les poules de cage, sous la pression des attentes des consommateurs. Mais les Français sont moins revendicatifs au moment de faire les courses et l’offre dépasse la demande.
Le marché de l’œuf bio n’est pas seul en crise. Les autres codes souffrent aussi. Les opérateurs de la filière rapportent que de nombreux volumes d’œufs de code 1 (plein air) ne trouvent pas preneurs et sont déclassés. L’offre est d’autant plus large qu’elle comprend une part d’œufs bio, déclassés car trop nombreux sur le marché. Les prix ne couvrent pas les coûts de revient et l’amont souffre. La transition s’est faite trop rapidement, et l’équilibre de marché est très fragile, avec parfois des manques, parfois des débordements massifs, confie un opérateur aux Marchés. Comme en bio, on évoque réformes anticipées, vides sanitaires élargis et mesures drastiques. Des opérations de promotion attendues sur la seconde partie du mois de juin pourraient néanmoins fluidifier un peu le commerce.
Quel poids pour chaque code à terme ?
Même en code 2 (sol), alors que l’origine France était rare et difficile à trouver il y a quelques années, la production se fait parfois trop pressante. Les prix des œufs hors contrats sont souvent alignés sur ceux du code 3. À l’industrie, le code 2 français peine à trouver sa place, confronté à une concurrence étrangère très compétitive. Les pays du Nord ont un savoir-faire de plus longue date, les Espagnols convertissent leurs bâtiments de cage à bas coût, deux à trois fois moins par poule qu’en France, grâce à des économies d’échelle, car les élevages sont plus grands, et à des systèmes simplifiés. Dans ce contexte, établir une stratégie sur les prochaines années, avec les lourds endettements qui vont avec, s’avère source de dilemmes pour des opérateurs qui naviguent à vue et peinent à imaginer la demande du consommateur de demain, et son arbitrage entre le prix et le bien-être des poules.