Filière
L’industrie et l’export, moteurs de la pomme de terre
La transformation et l’exportation représentent de plus en plus les débouchés phare de la filière pomme de terre française. Mais cette année, le risque de surproduction plane.
De la suppression du CIPC (produit anti-germinatif), qui risque d’avoir des conséquences techniques et économiques importantes, aux inquiétudes qu’inspire la nouvelle politique agricole commune (Pac), en passant par le potentiel de l’exportation, chacune des organisations de la filière pomme de terre – la transformation avec le GIPT, les producteurs réunis dans l’UNPT et l’interprofession de la pomme de terre fraîche CNIPT – a débattu ces derniers jours des sujets de préoccupation de leur filière.
Le poids de l’industrie
La filière industrielle, qu’il s’agisse des produits transformés (frites surgelées, flocons, chips…) ou de la féculerie, continue de faire preuve d’un beau dynamisme, malheureusement parfois contrarié par des facteurs incontrôlables, dont le plus redoutable d’entre eux : les conditions climatiques de culture et de récolte.
Ainsi, malgré des surfaces en hausse sensible (+2 350 hectares), signe de l’intérêt des producteurs pour le débouché féculerie, la production de fécule, victime des mauvais rendements, est tombée de 232 800 à 190 000 tonnes en un an. Les transformateurs de pommes de terre ont travaillé 1,26 million de tonnes (Mt) de tubercules en 2018-2019, dont 1,11 Mt d’origine nationale pour fabriquer 626 972 tonnes de produits finis, une hausse de 2 % sur la précédente campagne.
Cinq ans plus tôt, la production n’atteignait que 530 400 tonnes. La destination industrielle est donc le cheval de bataille du marché français de la pomme de terre puisque, outre le prélèvement direct de plus de 1 Mt sur une production nationale de l’ordre de 6 Mt, elle intervient approximativement pour la moitié des quelque 3 Mt de pommes de terre fraîches exportées.
Le risque de surproduction sera fort
Il est convenu de dire qu’une pomme de terre produite en France (premier exportateur mondial devant l’Allemagne) est vendue à l’exportation et qu’une pomme de terre sur deux exportées est destinée à la transformation. Le développement de la production française suit celui du débouché industriel qui tient aujourd’hui un rôle majeur dans l’équilibre du marché. Il risque d’avoir fort à faire cette année pour l’assumer si l’on considère les dernières estimations de surfaces établies par le NEPG, organisation européenne représentant les cinq principaux pays producteurs du nord-ouest de l’Europe *.
Sur sa zone d’influence, l’organisation annonce 613 900 hectares emblavés, soit 2,6 % de plus que l’an dernier et 9 % de mieux que la dernière moyenne quinquennale, la France intervenant pour 148 300 hectares, +2 % d’une année sur l’autre et +14 % sur la moyenne quinquennale. Et le NEPG, rappelant que les médiocres rendements de 2019 avaient permis d’éviter une offre pléthorique, souligne qu’en cas de rendements simplement normaux cette année « le risque d’une surproduction sera fort, avec une pression sur les prix du marché libre pour les producteurs ».
Réflexion reprise par Arnaud Delacourt, président de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre, qui « appelle à la modération dans les emblavements ». Mais comment peut-on en déterminer la taille critique ?