Les prix de l’alimentation animale toujours à des niveaux élevés
Les prix de l’alimentation animale ont flambé avant d’atteindre en ce début d’année un haut plateau. Au moins pour les deux prochaines campagnes, les prévisions tablent sur une stabilisation à des niveaux élevés.
Les prix de l’alimentation animale ont flambé avant d’atteindre en ce début d’année un haut plateau. Au moins pour les deux prochaines campagnes, les prévisions tablent sur une stabilisation à des niveaux élevés.
Dès la fin de l’automne 2020, les indices Ifip et Itavi ont progressé. En céréales, « des facteurs climatiques comme La Niña, la sécheresse et les inondations notamment en Amérique du Sud ainsi que les achats massifs par la Chine ont conduit à un amoindrissement de l’offre et à une hausse des prix », explique Mathilde Le Boulch, ingénieure d’études économiques. Ensuite, dans un contexte d’incertitude lié au début de la guerre en Ukraine, les prix ont littéralement bondi. « En France, l’autosuffisance en blé et en maïs a, en partie, permis de contenir la flambée des prix en 2022 », souligne l’ingénieure.
Moins d’animaux à nourrir
Une détente des cours du blé a été observée dès la moisson. Les indices Ifip porc et Itavi ont reculé. La baisse de la demande française en blé, maïs et orge pour la fabrication des aliments composés explique également ce repli des indices. La grippe aviaire a fortement réduit les mises en place hebdomadaires sur un an (novembre 2022-novembre 2021), -23,3 % en canard à rôtir, -9,4 % en pintade, selon l’interprofession de volaille de chair, Anvol. L’effectif des poules pondeuses est aussi en baisse. À l’inverse, les mises en place de poulet ont augmenté de 6,2 % entre octobre 2022 et octobre 2021. Le cheptel porcin accuse également un recul important, « -4,6 % entre le printemps 2022 et le printemps 2021 », indique Mathilde Le Boulch.
Par conséquent, les fabrications d’aliments composés en volume se sont tassées en octobre 2022 de 6,9 % par rapport à octobre 2021. Le fléchissement le plus important concerne les porcs (-8,7 %), suivi des poulets (-6,3 %), puis des poules pondeuses (-2 %). En revanche, la fabrication d’aliments composés a progressé en bovin (+2,4 %). Par ailleurs, « la France a également signé de nouveaux contrats avec d’autres exportateurs de matières premières, Brésil, Argentine, États-Unis, pour pallier l’absence de l’origine ukrainienne », ajoute l’ingénieure.
Stabilité des aliments sans OGM
Les prix semblent se stabiliser en aliments sans OGM. La France a rencontré des difficultés à se fournir en aliments sans OGM, surtout en soja. Le géant brésilien a fortement réduit sa production par manque de rentabilité. D’autre part, la Chine a acheté de forte quantité de soja brésilien, sans se soucier de la segmentation. Ces achats hasardeux et importants ont créé une tension sur ce marché en réduisant la disponibilité en soja sans OGM. Et la guerre en Ukraine a renforcé l’agitation. « Faute de pouvoir s’approvisionner chez ces deux importants producteurs (Brésil, Ukraine), la France s’est tournée vers d’autres fournisseurs comme l’Inde et le Nigeria. Toutefois, l’offre indienne était en repli en soja sans OGM au cours de la campagne 2021-2022. Du côté de l’origine nigériane, l’offre était d’appoint avec de faible volume et un contexte commercial complexe », précise Mathilde Le Boulch.
Actuellement, les bonnes récoltes brésiliennes en soja et canadiennes en canola libèrent de la disponibilité sur le colza sans OGM européen.