Les insectes classés « novel food » dès janvier 2018
Le statut réglementaire des insectes destinés à la consommation humaine et de leurs produits dérivés est désormais beaucoup plus clair : puisqu’ils n’étaient pas consommés de façon significative dans l’UE avant 1997, ils entrent dans la réglementation des nouveaux aliments dès le 1er janvier prochain. Les producteurs et transformateurs d’insectes, réunis dans l’Ipiff (International plateforme of insects in food and feed) s’avouent soulagés de disposer d’un cadre et de procédures clarifiés. Lors de la première conférence sur les insectes, organisée à Bruxelles ce 21 novembre, Heidi de Bruin, présidente du groupe de travail « novel food », a ainsi expliqué que la procédure d’autorisation serait harmonisée puisque tous les dossiers vont être validés par l’Efsa et non par chaque État membre.
Un an de transition pour déposer le dossier d’autorisation
Cela présente l’avantage de réduire les coûts, fait appréciable pour les entreprises souvent de petite taille, puisque l’Efsa ne prélève pas de frais de dossier. Autre point très apprécié des producteurs : les insectes entiers et leurs dérivés séchés et broyés (farines), déjà commercialisés dans l’UE, vont pouvoir rester sur le marché durant une période de transition d’un an. Année durant laquelle ils devront toutefois avoir déposé leur dossier d’autorisation.
Position souple du commissaire Andriukaitis
Les insectes et leurs dérivés sont déjà pleinement autorisés dans l'alimentation animale qui a commencé à les utiliser. En nutrition pour les animaux d’élevage, seuls les poissons peuvent en consommer, et ce, depuis le 1er juillet 2017. Sept espèces d’insectes sont listées dans le règlement 2017/893. Les premiers essais démarrent d’ailleurs en France. Des références explicites aux protéines et matières grasses issues d’insectes sont également apparues dans le catalogue des matières premières autorisées en nutrition animale.
Pour le commissaire Vytenis Andriukaitis, présent le 21 novembre à la conférence de l’Ipiff, il serait assez logique de les autoriser également pour les volailles et les porcs dans un futur proche si toutes les conditions de sécurité alimentaire sont assurées. Les producteurs voudraient également que l’étau se desserre du côté des substrats autorisés pour l’alimentation de leurs insectes afin de jouer pleinement la carte de l’économie circulaire en valorisant les déchets de la restauration par exemple. Ils espèrent que le prochain rapport d’analyse des risques de l’Efsa ira dans leur sens.
De larges gammes
La production en France d’insectes et de leurs dérivés à destination de l’alimentation humaine prend différentes formes qui devront toutes passer par l’autorisation du règlement sur les nouveaux aliments. Sont visés les marchés de l’alimentation du sportif (barres protéinées), les insectes entiers (apéritifs, grignotages, inclusion), les farines mises en œuvre dans les produits élaborés (pâtes, chocolats, biscuits). Jimini’s (SAS Entoma) transforme des insectes élevés en Europe (criquets, ténébrions, vers Buffalo, grillons) dans son unité de région parisienne. Elle propose ainsi une gamme dans les épiceries fines, les concept-stores, les magasins bios et sur Internet. Micronutris, éleveur et transformateur (grillons et ténébrions), possède sa propre usine de production de farines et travaille en partenariat avec des producteurs de pâtes et de biscuits. La société commercialise également via la distribution spécialisée et démarre en restauration commerciale.