Les Français boivent moins de bière
Une nouvelle fois, le secteur des boissons peut remercier les températures du dernier été. Pour les brasseurs, elles ont permis d’afficher une légère progression du marché de la bière, après plusieurs années de régression.
En 2003, la consommation s’est ainsi élevée à 21 M hl, soit une légère hausse de 2,6 % versus 2002. « Néanmoins, hors effet climatique, nous avions enregistré une baisse de 3 % », a tenu à rappeler Olivier Picot, président délégué de Brasseurs de France. Le répit aura été de courte durée puisque sur les 5 premiers mois de l’année en cours, la tendance est déjà repartie à la baisse, avec un marché global en chute de 2,5 %. La progression des eaux minérales (+8% par rapport à 2002) ou des softs drinks (+7%) n’aide pas la bière à améliorer son score, elle qui a perdu un quart de ses consommateurs en 25 ans. Pour M. Picot, cette tendance de fond tient également à plusieurs freins comme la diminution du nombre d’établissements en CHD (-50 % en 25 ans), ou encore une communication limitée par la loi Evin.
L’effet prix joue également. « À Madrid, le demi est à un euro, contre 2,5 à Paris », observe le président délégué de Brasseurs de France. Pour noircir le tableau, rappelons que malgré sa position de plaque tournante de la bière en Europe, avec des importations en provenance des pays du Nord et des exportations vers ceux du Sud, la France est le quatorzième consommateur sur 15 en termes de volume, avec 34,7 litres par habitant et par an, loin derrière l’Irlande (124,8 l) ou l’Allemagne (121 l). Seule l’Italie fait moins bien, avec 28,2 litres par an et habitant.
Le fait, est que la bière souffre de préjugés et d’idées reçues tenaces, notamment sur le poids. Le discours actuel de santé publique sur l’alcool contribue également à la morosité des ventes. « Nous sommes les premiers à combattre l’alcoolisme. En ayant mis la moitié des bières du marché français à un taux d’alcool réduit de 10 % en dix ans » annonce M. Picot. « Mais la diminution de la consommation semble se faire sans que le nombre de personnes alcooliques diminue. À notre sens, cette politique de santé rate sa cible », renchérit-il.
La France, 1er exportateur mondial de malt
Pour enrayer la chute, Brasseurs de France tient à soutenir l’activité en CHR, qui s’est repliée de 2,4 % l’année dernière (-7 % hors effet climatique) quand dans le même temps le hard discount a gagné 17 %. Le développement de marques sans alcool en CHD et à la pression est d’actualité, tout comme l’augmentation du budget de communication, qui a bondi de 10 % en 2004, une hausse à la mesure de la tâche à entreprendre. À contre courant de ces perspectives difficiles, la filière malt, orge et houblon se porte plutôt bien. En 2003, la production française de malt d’orge s’est élevée à 1,332 M t (+1,2% versus 2002), l’hexagone étant le 1er exportateur mondial de malt et le 2e pour l’orge de brasserie. « À l’échelle du globe, 12 % des bières sont brassées à partir d’orge français », tient à préciser Olivier Picot. Si le savoir-faire est là, il ne nous manque plus que le savoir boire.