Grossistes
Le marché de Rungis exposé à un risque
Les flux de produits en provenance ou à destination du Royaume-Uni sont loin d’être négligeables à Rungis. Les viandes et produits tripiers britanniques sont bien représentés sur le marché francilien, selon une enquête de la Semmaris.
Les flux de produits en provenance ou à destination du Royaume-Uni sont loin d’être négligeables à Rungis. Les viandes et produits tripiers britanniques sont bien représentés sur le marché francilien, selon une enquête de la Semmaris.
La question des conséquences du Brexit sur l’activité du Min de Rungis a été jugée suffisamment sérieuse pour que la Semmaris, société gestionnaire du marché, diligente une enquête en octobre 2018 auprès des grossistes dans le cadre d’une réflexion menée avec les services du ministère de l’Agriculture. Sur les 218 entreprises ayant répondu à l’enquête, environ un quart importe des produits en provenance du Royaume-Uni, un autre quart disant en exporter.
Du côté des importations, c’est sans surprise en matière de viande que le risque potentiel sur l’activité apparaît le plus élevé. Sur les 32 000 tonnes de produits alimentaires importées en 2017 du Royaume-Uni par Rungis, près de la moitié est constituée de produits carnés. Les pavillons de la viande voient ainsi transiter chaque année près de 10 550 tonnes de découpes de viande et près de 4 000 tonnes de produits tripiers d’origine britannique.
Le poids de cette origine dans l’activité de ces secteurs est significatif, la production britannique pesant pour 15 % de l’offre de viande et 20 % de celle de produits tripiers. La vente de viande d’agneau, en particulier, dépend beaucoup des apports britanniques, dont certains opérateurs sont des spécialistes. Les provenances alternatives, comme l’Irlande, entendent bien sûr s’engouffrer dans la brèche si besoin.
D’autres secteurs sont également exposés quoique dans une moindre mesure : celui des produits de la mer, avec 5 700 tonnes, notamment de saumons d’Écosse frais et fumés, homards, tourteaux, bigorneaux, saint-jacques, maquereaux, poissons blancs, lieux jaunes, etc. ; celui du gibier, avec des apports importants provenant des chasses et élevages britanniques pendant les fêtes ; ou encore le secteur des produits laitiers, les fromages britanniques étant de plus en plus prisés sur les tables françaises ces dernières années.
Les exportateurs de fruits et légumes exposés
En sens inverse, deux activités ont à craindre d’éventuelles perturbations commerciales liées au Brexit : les fruits et légumes et les produits laitiers. Les exportations de ces deux catégories de produits pèsent pour plus de 90 % du total des volumes expédiés depuis Rungis vers le Royaume-Uni. L’exportation des fruits et légumes est de loin la plus concernée, avec 23 500 tonnes commercialisées outre-Manche, en tête desquelles agrumes, avocats, fruits à noyau ou exotiques, choux-fleurs, mâche, poireaux, melons, etc. Quelques sociétés ayant développé un courant d’affaires régulier avec cette destination sont particulièrement exposées.
3 000 t de fromages et spécialités laitières exportées outre-Manche
Les grossistes et exportateurs en produits laitiers se sont également construit une clientèle outre-Manche, dans les circuits traditionnels notamment. En 2017, plus de 3 000 tonnes de fromages et autres spécialités laitières françaises ont quitté Rungis pour le Royaume-Uni. De manière plus anecdotique en volume, mais significative en chiffre d’affaires, les grossistes de Rungis exportent aussi à la clientèle anglaise des produits gastronomiques (foies gras frais, surgelés, transformés, confits, truffes, charcuteries, etc.) ou encore des viandes et volailles haut de gamme.