L'Argentine freine sec à l'export
La production de raisins de variété malbec serait toujours rentable.
Avec le malbec comme symbole de l'amélioration globale de la qualité de ses vins, l'Argentine a doublé sa participation au commerce international des vins entre 2005 et 2010. Celle-ci est passée de 1,5 % à 3 %, selon l'Institut national de la viticulture. Mais pour la seconde année consécutive, les exportations de la filière sont en baisse. Les 262 millions de litres écoulés à l'étranger en 2014 pour une valeur totale de 940 millions d'euros marquent une baisse de 16,6 % en volume et de 9,5 % en valeur par rapport à l'année antérieure, toujours selon l'Institut national.
“ Les nouvelles vendanges seraient les pires des trente dernières années
” Ce sont surtout le vrac et le moût produits de ce côté-ci de la cordillère des Andes qui sont devenus bien moins compétitifs. La valeur des exportations de bou-teilles, elle, n'a diminué que de 1 % suite à une infime progression (0,3 %) constatée en 2013, qui avait déjà été un signal d'alarme après une décennie de croissance à deux chiffres.
Coût de production : 3 800 euros par hectarePar exemple, la coopérative La Riojana a cessé de livrer Walmart États-Unis depuis l'an dernier, incapable de rivaliser sur le créneau des bouteilles vendues en magasin à moins de 20 dollars.
Un autre exportateur cité par le mensuel économique Apertura admet qu'il fournit à perte un client allemand dans le seul but de le préserver. Le cabinet d'études Evaluecom estime à 3 800 euros le coût de production total moyen d'un hectare de vigne à Mendoza, dont 60 % de coût de main-d'œuvre.
Or, le prix des raisins est presque le même depuis trois ans dans un contexte d'inflation générale des prix de 20 à 30 % par an, et avec des négociations salariales qui se soldent en chaque début d'année par des hausses du même ordre.
La production de raisins de variété malbec serait toujours rentable, mais pas celle de variété créole. Les vignerons non intégrés et les petits cavistes sont les plus exposés dans cette mauvaise passe qui s'explique essentiellement par la politique financière interne de l'Argentine.
Les cavistes réduisent leurs coûts en produisant moins, ou bien tentent de renforcer leur place sur le marché intérieur, mais celui-ci sature avec une consommation estimée à 992 millions de litres par an, en recul de 4,1 % en 2014, selon l'Institut national de la viticulture.
400 caves exportatricesSur les 1 300 caves recensées en Argentine, près de 400 exportent. Seules les plus grandes pourraient encore tirer leur épingle du jeu à l'étranger, notamment celles qui ont leur propre équipe commerciale dans les principaux pays importateurs de vins argentins, les États-Unis en tout premier lieu et, loin derrière, le Canada, le Royaume-Uni, le Brésil et les Pays-Bas.
Également préoccupantes, les nouvelles vendanges, célébrées à Mendoza au début de ce mois-ci, seraient les pires des trente dernières années, selon Evaluecom. Au moins le problème d'offre de raisins surabondante semble-t-il en voie d'être réglé.