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Lait : négociations tendues avant la fin des quotas



Actions en justice contre Lactalis, manifestations d'éleveurs contre Sodiaal… L'ambiance se crispe dans les campagnes autour de la négociation des prix du lait. Après une année 2014 plutôt faste, les producteurs laitiers résistent au mouvement amorcé de baisse de prix dans les autres pays européens tandis que l'industrie subit les pressions de la grande distribution.

Les prix du lait payés aux producteurs dévissent en ce début d'année et les relations se tendent entre les maillons de la filière, à trois mois de la fin officielle des quotas laitiers en Europe. Les industriels français ont le sentiment d'être écartelés entre les craintes des producteurs et les exigences de la grande distribution. Témoignages.

Il règne une drôle d'ambiance dans les campagnes. Depuis novembre, les producteurs lai-tiers ont compris qu'après deux années plutôt correctes en prix de base (entre 360 et 370 euros les 1 000 litres sur l'année 2014), il leur faudrait démarrer 2015 dans une toute autre configuration. Autrement dit, avec des prix en chute, autour de 300 à 310 euros pour 1 000 litres en ce début d'année, et vraisemblablement des prix encore plus dégradés au printemps. L'année 1 d'une Europe laitière sans quota démarre donc dans la volatilité des prix. Naturellement, les relations entre les producteurs et leur laiterie se sont quelque peu tendues. On assiste çà et là à des rassemblements d'éleveurs en colère : dans le Finistère, jeudi 22 janvier, contre Sodiaal, ou en Basse-Normandie, mi-janvier.

Actions de groupe

La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) a fait officiellement savoir qu'elle soutient l'action de groupe lancée par l'organisation des producteurs de Normandie-Centre (OPNC) contre Lactalis. L'action de groupe a été instituée dans la loi d'Avenir agricole dont les décrets d'application ont été signés en octobre. Elle permet aux adhérents d'une même organisation de producteurs (OP) – dans le cas d'une laiterie privée – de saisir collectivement la justice lorsqu'ils s'estiment lésés dans leur relation contractuelle. « Cette procédure d'intervention volontaire ne se limitera pas à la seule entreprise Lactalis, mais sera la règle dès qu'une OP agréée décidera d'une action de groupe contre son transformateur », a prévenu la FNPL dans un communiqué daté du 13 janvier.

Revoir les relations contractuelles

L'année 1 démarre dans la volatité des prix

La situation actuelle renvoie au défaut de conception originel de la contractualisation, mise en place entre la laiterie et chacun des producteurs avant même la naissance des OP. « Il faudra revoir ces relations contractuelles, estime Marcel Denieul, président de la chambre d'agriculture d'Ille-et-Vilaine, administrateur de la FNPL. Industriels et producteurs doivent se comporter comme de réels partenaires à l'écoute de l'autre. Dans la mesure du possible, le producteur doit s'astreindre à produire du lait quand l'industriel en a besoin. L'industriel doit donc rémunérer le producteur de sorte qu'il puisse continuer à moderniser son exploitation. Sinon, c'est toute la filière qui manquera de compétitivité. »

” Dans les entreprises laitières aussi règne une atmosphère bien particulière. Ce début d'année correspond à la période de négociations des prix avec la grande distribution. Et comme à chaque>> fois, les fournisseurs y trouvent à redire. Ils craignent qu'après la guerre des prix ouverte entre les enseignes, le regroupement récent des centrales d'achat contribue à déséquilibrer encore plus l'offre et la demande. Que ce soit lors du round de négociations commerciales sur les marques (actuellement) ou lors de celui des MDD qui suivra jusqu'à la fin février, pas de surprise.

Après une année laitière correcte, « les acheteurs de la grande distribution n'hésitent pas à nous faire des propositions de prix pour le moins farfelues », explique un industriel requérant l'anonymat. Dans ce contexte, pas un industriel n'a accepté que Les Marchés Hebdo publie son nom. Le bras de fer semble compliqué. Les GMS regardent la bonne année 2014, les industriels et les producteurs la chute de prix de 2015. Le niveau de prix mondial actuel des produits industriels (beurre et poudre) correspond à un prix du lait équivalent 1 000 l de 230 à 250 €, contre « 400 il y a six mois », précise Hervé Moël, secrétaire général de la FRSEAO Lait. Lui comme d'autres font remarquer que les industriels laitiers français n'ont pas répercuté toute la hausse des cotations mondiales des poudres sur le prix du lait. Il a manqué en 2014, selon Hervé Moël, entre 8 et 10 € aux 1 000 l produits en France par rapport au prix pratiqué en Allemagne. « J'ose espérer que la baisse prévue sur 2015 sera aussi mesurée que l'a été la hausse de 2014 », poursuit Hervé Moël.

Propositions de prix pour le moins farfelues

Incitation à des regroupements

Par anticipation, les industriels ont investi massivement dans les tours de séchage et les process d'élaboration des formulations en poudres humaines. Ils ont également développé les positions commerciales de leurs marques. Paysan Breton (groupe Laïta) communiquera prochainement sur le sujet. « Mais les industriels ne peuvent changer de stratégie en un claquement de doigt, fait remarquer Alain Le Boulanger, délégué général de la représentation Ouest de la Fédération nationale de l'industrie laitière. Ce qui est sûr, c'est que le yo-yo des marchés risque de pénaliser les opérateurs les plus fragiles, et donc d'inciter à des regroupements. »

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