À la rentrée, le veau boit du petit lait
Chaque année, la réouverture des collectivités est une période faste pour le veau de boucherie. 2004 n'échappe pas à la règle. Le prix de la carcasse 2R3 départ abattoir, estimée par l'Ofival, a pris 3 centimes lors de la 4e semaine du mois d'août. Il se situe à 5,02 euro/kg net, contre 4,67 euro/kg net en 2003. Cette hausse s'est confirmée la semaine dernière, aussi bien au stade production que chez les grossistes.
La progression pourrait être accentuée par le recul de la production. Selon l'Ofival, les retards de mises en place lié à la mise aux normes des bâtiments ont affecté l'offre européenne pour le premier semestre 2004. Celle-ci reculerait de 1,5 % par rapport à 2003. Ce repli concerne la France (depuis le début de l'année), l'Italie de façon plus récente, et devrait également toucher l'Allemagne au cumul de l'année (on prévoit un retrait de 1,8 %).
De façon plus détaillée, les abattages français reculent de 4,3 % en volume sur les six premiers mois de l'année. Pour M. Berthelot, du SDVF (syndicat de la vitellerie française), ce repli était prévisible et la filière a tout de même réussi à passer ce cap important de la mise aux normes, alors que des scénarii catastrophiques avaient été prédits il y a quelques années. Les cessations d'activité ont été compensées par la création de nouveaux bâtiments, si bien que, au niveau de l'outil d'engraissement, la France devrait récupérer sa capacité de production dès à présent.
Moins de veaux nés, élevés et abattus en France
Pour lui, le facteur limitant reste les disponibilités en petits veaux, qui ne cessent de s'amoindrir. L'analyse de l'indicateur Ofival sur les mises en place confirme cette crainte. Pour le 1er semestre, les mises en place sont restées quasiment stables (+0,3 %), ce qui pour le 3e trimestre, devrait entraîner une hausse de 1 % des sorties, liée à la progression du poids moyen de carcasse. Mais pour le dernier trimestre 2004, les estimations sont moins optimistes et les sorties pourraient être en retrait par rapport à 2003.
Pour compenser ce déficit de l'offre intérieure, les importations ont été et sont toujours indispensables, surtout pendant les mois d'avril, mai et juin. L'Allemagne a été jusqu'à présent notre principal fournisseur. Depuis le mois de juin, près de 40.000 veaux allemands sont arrivés sur notre territoire. Depuis l'élargissement de l'Union, des veaux de huit jours arrivant des pays de l'Est ont également pris place dans les ateliers d'engraissement français. Les chiffres des douanes font état de 200 animaux importés sur le mois de juin, mais les arrivages ont dû progresser au fil des mois. La proportion de veau élevés et abattus en France (mais nés ailleurs) pourrait donc augmenter.
Or la distribution comme la boucherie traditionnelle ont bien souvent des cahiers des charges exigeant les «3F» : né, élevé et abattu en France. Pour M. Berthelot, s'enferrer aux «3F» est un mauvais calcul, celui de limiter les volumes et de monter les prix. «Il ne faut pas que le veau, qui bénéficie d'une image positive auprès du consommateur, devienne un produit élitiste», analyse-t-il. Une campagne de promotion télévisuelle et radiophonique de deux semaines débutera à la fin du mois. La réceptivité du consommateur à de telles opérations est un atout de plus pour cette filière, désireuse de préserver un bon compromis entre la qualité et le prix.