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L’avis de Business France
« La France doit continuer à travailler sur la montée en gamme »

Christophe Monnier, directeur du département agroalimentaire de Business France.
© Gilles Crampes

Les Marchés Hebdo : Comment la France se positionne-t-elle dans les échanges internationaux ?

Christophe Monnier : Ce n’est pas très réjouissant. Nous continuons à reculer en valeur relative. La France se situe en sixième position dans les échanges internationaux, derrière les États-Unis, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Brésil et la Chine. Notre challengeur est l’Espagne. Ce pays a beaucoup progressé depuis la crise qu’il a connue, avec la dévaluation de son économie. Ceci étant, le delta entre nos exportations et les leurs est encore très important. La France exporte pour 60 milliards d’euros et l’Espagne pour 49 milliards. Elle est encore loin derrière mais l’écart se réduit.

LMH : Où la France a-t-elle perdu des parts de marché ?

C. M.  : La France a surtout perdu des parts de marché en Europe. En 2005, la France représentait 11,5 % des exportations européennes. En 2017, nous sommes descendus à 8,6 %. Et cela continue de diminuer, surtout sur les produits agricoles où les challengeurs sont nombreux. En revanche, vers les pays tiers, la France résiste plus grâce à l’exportation de produits transformés à valeur ajoutée, de vins et spiritueux. En 2005, la France représentait 3,9 % des échanges mondiaux, elle est à 3,2 % en 2017. Ce n’est pas si mal que ça.

LMH : Comment regagner des parts ?

C. M.  : Le « chasser en meute » que l’on entend depuis dix ans n’est pas culturellement ancré en France. Quelques entreprises se regroupent sur des salons ou en prenant un VIE dans certains pays, mais c’est insignifiant par rapport à l’enjeu. C’est surtout un problème de compétitivité. Les PME doivent grandir pour devenir des ETI et améliorer leur compétitivité. La France doit continuer à travailler sur la montée en gamme, car cela fonctionne. Les exportations de produits d’épicerie fine ou de BVP, certes encore faibles, ont doublé en dix ans.

LMH : Quelles sont les destinations à privilégier en 2019 ?

C. M.  : Entre août 2017 et juillet 2018, il y a eu une bonne reprise des exportations vers l’Europe du Sud, mais une stagnation dans les pays d’Europe du Nord. Les pays d’Europe centrale sont toujours à surveiller de près : la Pologne (+12 %), la Roumanie (+20 %), la Hongrie (+20 %). L’Amérique du Nord également, surtout le Canada où les exportations françaises ont progressé de 10 % sur cette période. Et puis, l’Asie avec la Grande Chine (Chine, Hong Kong, Taïwan) et le Japon bien sûr avec le nouvel accord commercial de libre-échange signé avec l’Union européenne.

Propos recueillis par Anne-Sophie Le Bras

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