Aller au contenu principal

La contractualisation dans le secteur des fruits et légumes

Après la loi, le décret : il ne reste que quelques semaines pour mettre en œuvre une obligation au contenu mal défini. L’administration saura-t-elle faire preuve de clémence dans cette période d’incertitude ?
Le Journal officiel du 31 décembre 2010 a procédé à la publication du décret du 30 décembre rendant obligatoire entre producteurs et acheteurs, à compter du 1er mars 2011, la conclusion de contrats écrits pour l’achat de fruits et légumes livrés sur le territoire français et destinés à la revente à l’état frais. Le décret n’apporte que peu de précisions quant au contenu des contrats : pas de modèle de clause, pas de précisions techniques, pas de modalités pratiques, que seul un accord interprofessionnel négocié entre les représentants des professionnels concernés, plus au fait que l’administration des pratiques de terrain, pourrait, concrètement, prévoir.

Contenu du contrat

En l’état, les parties doivent convenir par écrit :
- d’une durée minimum de trois ans ;
- des volumes qui les engagent, éventuellement par sous-périodes, avec ajustement possible dans des limites à prévoir ; des caractéristiques des produits ; des modes de valorisation des signes de qualité et des règles applicables en cas de défaillance ;
- des modalités de livraison en précisant les obligations respectives des parties ;
- des modalités et critères de détermination du prix ;
- des modalités de facturation et de paiement ;
- des modalités de révision du contrat ;
- des modalités de résiliation et de rupture, avec préavis minimum de quatre mois.
Appelée à se prononcer sur le projet de ce décret, l’Autorité de la concurrence avait rendu le 13 décembre 2010 un avis rendu public le 11 janvier dernier, qui ne manque pas d’intérêt.

Nécessaire adhésion

Si elle se félicite de la promotion de la contractualisation dans un secteur à forte volatilité des prix et où l’offre est atomisée, elle relève que le dispositif dépend de l’adhésion des producteurs qui, contrairement aux acheteurs, ne peuvent faire l’objet de sanction en cas d’absence de contrat écrit. Elle souligne l’effet de distorsion que la nouvelle contrainte peut générer en raison de son application territoriale limitée (livraisons sur le territoire français) et indique avoir noté les réticences de certains des acteurs qu’elle a consultés. Dans ce contexte, elle regrette que la précipitation apportée dans la mise en œuvre de la loi risque d’en réduire, faute d’adhésion, l’efficacité.
L’Autorité considère que la durée de trois ans peut être facteur de distorsion au préjudice des détaillants et des expéditeurs et nuit à la notion de « circuit court », mais a accueilli avec faveur les précisions de l’administration invoquant la possibilité (non prévue dans le décret), de clauses de revoyure « permettant d’adapter les modalités des contrats aux réalités des marchés ». Elle suggère que la question des volumes soit traitée avec souplesse, proposant que les contrats distinguent deux volumes : un volume de base, au prix fixé sur plusieurs mois, et un volume de pointe, au prix du marché. Quant aux prix, elle revient sur son analyse des indices ou recommandations interprofessionnels, qu’elle écarte, et évoque la nécessité d’une négociation individuelle des producteurs lorsqu’ils n’appartiennent pas à une organisation de producteurs propriétaire de la marchandise, condamnant une fois de plus toute intervention des AOP (associations d'organisations de producteurs) de gouvernance en la matière.
Le cadre est donc tracé, beaucoup d’incertitudes demeurent, mais tout reste à négocier. Et vite !

Voir les textes cités sur www.racine.eu, rubrique « autres publications », « textes LMAP ».
Rédaction Réussir

Les plus lus

Mâles bovins d'un an de race limousine au pâturage.
Broutards et jeunes bovins : les prix de marché dépassent les nouveaux prix de revient

Les prix des vaches, jeunes bovins et broutards continuent de progresser. Pour ces deux dernières catégories, ils dépassent…

oeufs dans une casserie
Hausse fulgurante des prix des œufs en Europe

Même s’ils n’atteignent pas les sommets affichés aux États-Unis, les prix des œufs en Europe ont bondi cette semaine, et…

graphique de prix
Les prix des œufs américains dépassent 1000 €/100 kg

La grippe aviaire fait des ravages aux États-Unis avec 30 millions de poules perdues en 3 mois. De quoi créer des ruptures d’…

carcasses de bovins en abattoirs
Gros bovins : coup d’arrêt à la baisse des abattages en 2024

Les abattages de gros bovins se stabilisés en 2024, la baisse des abattages de vaches allaitantes étant compensée par la…

un marteau aux couleurs du drapeau américain écrase un conteneur européen
Taxes Trump de 25 % sur l’Europe : qui est concerné dans l’agroalimentaire

Dans une diatribe, le 26 février, Donald Trump a annoncé son intention d’imposer des droits de douane de 25 % sur les produits…

des poules oranges
Prix des poules pondeuses – Cotation réalisée le 21 février 2025

La CPP est publiée dans Les Marchés un lundi sur deux et couvre une période de deux semaines. La CPR est publiée dans Les…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio