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La blockchain, un « super ERP » au service de l’image

Certains acteurs de l’agroalimentaire ont pu, grâce à la blockchain, se différencier et renforcer le lien avec le consommateur, mais aussi en interne avec l’ensemble de la filière.

De plus en plus utilisée par les entreprises de l’agroalimentaire, la technologie de la blockchain est ancrée chez certaines depuis plusieurs années. Entre une amélioration de l’image, une confiance renforcée d’un bout à l’autre de la filière et des gains de temps, les retours des uns et des autres sont très positifs. « Adopter la blockchain s’est inscrit pour nous dans une démarche d’amélioration continue et d’excellence opérationnelle », souligne Benoît Rousseaux, responsable innovation du groupe Soufflet qui s’intéresse au sujet depuis 2017.

La blockchain est appliquée à six références de la société aujourd’hui, valorisées par un QR code sur leur emballage que les consommateurs peuvent scanner pour découvrir leur histoire. « La blockchain permet de dire ce que l’on fait au consommateur et de faire ce que l’on dit », assure Garance Osternaud, directrice merchandising et approvisionnements de Carrefour. La technologie, amenant transparence et traçabilité, renforce la confiance entre les IAA et leurs fournisseurs. « Les données viennent prouver les engagements des acteurs de l’amont », complète Benoît Rousseaux. Cependant, c’est la transmission de l’ensemble des informations de la filière jusqu’au consommateur qui intéresse le plus. « Cette traçabilité permet d’ouvrir une fenêtre pour le consommateur sur la partie immergée de l’iceberg », dépeint Benjamin Veillé, directeur marketing et achats d’English Tea Shop. Cette meilleure transmission de l’information est accueillie très chaleureusement par tous les acteurs de la filière.

Renforcement du lien avec les consommateurs

Lorsqu’il scanne le QR code, le consommateur est emmené vers un site Internet où il peut y trouver de multiples informations sur le produit. « Cette démarche de transparence nous permet de nous différencier », estime Claire Madoré, directrice marketing de Grands Moulins de Paris. « La blockchain permet de faire passer au consommateur les cahiers des charges très exigeants de la production bio pour qu’il se rende compte que son achat contribue au développement de la filière », commente Benjamin Veillé.

Beaucoup proposent au consommateur de découvrir une carte où sont répertoriés les lieux de production de tous les ingrédients, avec des photos et vidéos des exploitations agricoles. « Les vidéos des agriculteurs sont les plus regardées », confie Claire Madoré. « La blockchain est une technologie qui vient au service de l’image » d’une entreprise, d’une marque et d’une filière, conclut Bastien Rousseaux.

Un gain de temps

« La blockchain peut être vue comme un super ERP. On gagne un temps considérable. Par exemple, lors d’audits de traçabilité, nous avons besoin de cinq minutes pour récupérer les fichiers demandés avec des données plus détaillées et plus fiables. Avant, nous aurions eu besoin d’une journée entière », raconte Benoît Rousseaux. Toutes les données de l’amont agricole sont digitalisées, ce qui facilite la vie des entreprises agroalimentaires qui auraient besoin de ces informations ultérieurement. « Il fallait envoyer une demande à l’agriculteur, patienter jusqu’à la réponse… maintenant, nous obtenons les informations en temps réel », précise Garance Osternaud. L’envoi des données vers le système est, par ailleurs, automatisé et ne nécessite qu’une simple vérification en interne de la part des sociétés. « Le suivi ne nécessite que peu de temps », ajoute Mohamed Reggad, responsable des achats de Grands Moulins de Paris.

Vers un jumeau numérique de l’usine

Si la blockchain permet la fabrication et la valorisation des données, celles-ci peuvent contribuer à la création d’un jumeau numérique de l’usine orienté production et qualité. « On peut faire des modélisations pour optimiser notre supply chain », annonce Bastien Rousseaux. En tenant compte de toutes les informations sur les matières premières entrant dans l’atelier de production, le jumeau numérique permettrait de donner des pistes de réflexion sur ce qu’il se passe si la société souhaite réduire son empreinte carbone en fonction des approvisionnements disponibles et des coûts de production. « On pourrait modéliser les effets d’éventuelles crises émergentes ou voir comment on pourrait réduire nos coûts de production », complète Bastien Rousseaux. La définition d’un jumeau numérique est un premier pas pour l’agroalimentaire en direction du métavers industriel.

Prendre le temps pour sa mise en place

Entre la détermination des données à extraire, l’explication aux partenaires et les discussions transversales au sein de l’entreprise, la mise en place de la blockchain est complexe.

Si la blockchain offre de nombreux atouts, sa mise en place est complexe et chronophage. « C’est un processus qui se construit étape par étape, en s’interrogeant sur la valeur créée à chaque fois, pour ne pas se perdre dans les technologies », avertit Mohamed Reggad, responsable des achats de Grands Moulins de Paris. « L’installation nécessite des discussions longues et met beaucoup de monde autour de la table », raconte Bastien Rousseaux, responsable innovation du groupe Soufflet. Il faut déterminer quelles données doivent être envoyées dans le système. Les expertises des responsables d’usines et des services commerciaux, marketing, communication, achats, qualités sont sollicitées. « Cette équipe pluridisciplinaire nous a permis d’anticiper d’éventuels blocages », résume Mohamed Reggad.

Des coûts abordables

Les filières ont eu besoin en moyenne d’un an pour mettre en place la blockchain. « Il n’y a pas eu besoin d’investir des sommes déraisonnables », précise Claire Madoré, directrice marketing de Grands Moulins de Paris. « Il faut aider les agriculteurs à s’équiper pour digitaliser la data en amont. Cette étape peut aussi demander du temps », poursuit Benjamin Veillé, directeur marketing et achats d’English Tea Shop. « Il faut faire preuve de pédagogie avec les partenaires, démythifier le terme de blockchain et leur expliquer comment ils peuvent contribuer », ajoute Garance Osternaud, directrice merchandising et approvisionnements de Carrefour.

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