Inquiétudes sur les filières biologiques
Initiative Bio Bretagne fait remonter les inquiétudes de ses adhérents quant à la situation économique de bon nombre de filières, dans une note qu'elle vient de publier.
Initiative Bio Bretagne fait remonter les inquiétudes de ses adhérents quant à la situation économique de bon nombre de filières, dans une note qu'elle vient de publier.
" Alors que l'année 2020 a été exceptionnelle pour les filières biologiques, des voyants rouges s'allument sur plusieurs d'entre elles en 2021", estime Jean-Louis Cheve, président d'Initiative Bio Bretagne (IBB). L'organisme a réalisé une veille économique sur les filières bio, à la suite des alertes remontées par ses adhérents.
Des situations tendues dans toutes les filières
Pour le lait de vache bio, si la collecte a augmenté en Bretagne (+15,5% par rapport à 2020 sur la même période) ainsi que le nombre de producteurs, des inquiétudes sont "présentes quant au prix du lait payé au producteur avec la baisse de la consommation et la forte croissance de la collecte au printemps". L'IBB rappelle que les ventes en hyper et supermarchés ont diminué sur tous les produits qui y sont liés entre 2020 et 2021 : lait conditionné (-2,8%), beurre (-9%) et crème (-10,3%).
Du côté des fruits et légumes bio, "les professionnels observent une pression sur les prix par les distributeurs, dont certaines enseignes s'approvisionnent en Espagne plutôt que sur le marché local", note l'IBB. L'association précise que plusieurs groupements de producteurs ont mis un frein sur les conversions ou installations nouvelles pour maintenir le marché à l'équilibre. " Au cours du 2ème trimestre 2021, les achats d’un panel de 15 fruits et légumes frais bio ont reculé de 14,6 % en volume et de 16,2 % en valeur rapport à la même période en 2020", selon l'IBB.
Le marché des viandes bio est également affecté. "Au cours du premier semestre 2021, les ventes de viande hachée bio à poids fixe en GMS (hard discount, proximité et drive inclus) ont reculé de 9 % en volume et de 6,3 % en valeur par rapport à la même période en 2020. Les ventes de charcuterie bio libre-service à poids fixe dans ce même circuit ont baissé de 14,1 % en valeur sur les mêmes périodes".
Des "dé-conversions" à l'horizon ?
Enfin, elle rappelle également les fortes tensions existantes sur le marché des oeufs biologiques. " La production a augmenté avec une évolution de +6,9 % des fermes Bio en France ainsi que de +13,2% des poules pondeuses.Toutefois, selon le Kantar Worldpanel entre le 1er janvier et le 31 juillet 2021, les ventes d’oeufs Bio reculent de - 7,5 % par rapport à la même période en 2020", précise l'IBB, qui rappelle la "menace sérieuse de surproduction". Et les difficultés devraient se poursuivre avec une augmentation significative des coûts de production (aliment, sexage, élevage des poulettes, contre-performances zootechniques) en lien avec l'application de la nouvelle réglementation bio, rappelle l'association. "Il est indispensable que les metteurs en marché anticipent les débouchés afin que les producteurs ne subissent pas les conséquences négatives et éviter les dé-conversions qui se profilent à l'horizon", estime le président de l'IBB.
" Si les éléments évoqués précédemment concernant les filières légumes, fruits, viandes et lait sont liés principalement à la conjoncture économique, pour ce qui est de la filière des oeufs on se situe plus dans une problématique structurelle", estime l'IBB.
Pour le président de l'IBB, il serait souhaitable de "réfléchir à des contractualisations pluriannuelles, permettant de garantir le revenu des producteurs" et de "construire des outils permettant de mieux adapter l'offre à la demande spécifique au bio".