Quels objectifs se donne la filière porc pour 2035
L'interprofession porcine française Inaporc a présenté sa démarche “demain le porc”. Souveraineté alimentaire, bientraitance animale sont notamment évoquées avec des objectifs à atteindre, la plupart pour 2035.
L'interprofession porcine française Inaporc a présenté sa démarche “demain le porc”. Souveraineté alimentaire, bientraitance animale sont notamment évoquées avec des objectifs à atteindre, la plupart pour 2035.
« Les professionnels d’Inaporc lancent leur démarche collective de responsabilité sociétale des organisations (RSO) : “demain le porc”. Il s’agit d’articuler une stratégie collective, mesurable et transparente pour répondre aux enjeux sociétaux actuels et futurs, tout en assurant la pérennité économique de la filière », a annoncé Philippe Bizien, président d’Inaporc, interprofession porcine, mardi 11 juin lors d’une conférence de presse à Paris.
Cinq piliers composent la démarche « demain le porc »
Souveraineté alimentaire en viande de porc
« L’objectif est d’agir pour une offre suffisante de porc français rentable et équitable », a expliqué François Valy, président de la fédération nationale porcine. « Notre objectif d’ici 2035 est de garantir au moins 100 % d’autosuffisance pour la souveraineté alimentaire et au moins 50 % de produits porteurs du logo Le Porc Français en rayon », a complété François Valy.
« L’objectif est d’agir pour une offre suffisante de porc français rentable et équitable »
Les exportations sont en hausse en volume + 2,4 % sur les deux premiers mois de 2024 comparé à la même période en 2023 selon l’Ifip d’après les douanes Eurostat. En volume, les importations ont augmenté de 3,4 % au même moment. « S’il reste positif, le solde de la balance commerciale s'effrite en volume : il est passé de + 12 500 tonnes sur 2 mois de 2023 à + 11 700 t sur 2 mois de 2024. En valeur, le solde négatif se creuse, de – 8,2 millions d’euros sur 2 mois 2023 à -9,8 millions d’euros sur deux mois 2024 », a complété Thierry Meyer, ancien président d’Inaporc.
Attractivité de la filière porc
« Il faut agir pour le renouvellement des générations et améliorer les conditions de travail », pour David Riou, co-président comité RSO et éleveur de porc. « Les 130 000 emplois locaux sont aujourd’hui menacés puisqu’un tiers du cheptel porcin est détenu par les éleveurs de plus de 55 ans, d’après la récente analyse du recensement agricole de 2020, et, à l’aval de la filière, abattoirs et entreprises de charcuterie ont de plus en plus de difficultés à recruter », a ajouté le co-président.
« Les 130 000 emplois locaux sont aujourd’hui menacés puisqu’un tiers du cheptel porcin est détenu par les éleveurs de plus de 55 ans»
Les deux objectifs d’ici 2035 sont « la reprise de 100 % des élevages porcins transmissibles [qui permet à un éleveur de vivre de son activité] et garantir 100 % des indicateurs du baromètre interprofessionnel de qualité de vie au travail ».
Protection de l’environnement
« Les professionnels veulent aller encore plus loin pour accentuer la lutte contre le réchauffement climatique notamment en réduisant de 25 % les émissions de gaz à effet de serre sur 20 ans pour la filière, réduire aussi de 25 % les émissions d’ammoniac (NH3) pour les élevages et garantir 90 % de matière recyclée dans les emballages », a dévoilé Philippe Duriez, co-président comité RSO.
« Les professionnels veulent aller encore plus loin pour accentuer la lutte contre le réchauffement climatique»
Cette initiative intervient dans un contexte de réchauffement climatique mais aussi dans « l’économie circulaire, car les effluents des élevages constituent un engrais organique naturel qui permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre », a contextualisé le co-président.
Sécurité sanitaire
« Inaporc veut agir pour renforcer les garanties de sécurité sanitaire et de santé publique, des priorités pour les consommateurs et les acteurs de la filière. Il s’agit pour les professionnels de fournir des produits sains et conformes aux attentes des consommateurs-citoyens », a argumenté Apolline Pissot, chargée de la RSO - Durabilité à Inaporc. Parmi les objectifs pour 2035 énoncés, on retrouve, « la poursuite de la réduction de l’utilisation des antibiotiques dans les élevages en restant vigilant sur l’application des bonnes pratiques ainsi que la poursuite de la réduction de la teneur en nitrites des charcuteries en poursuivant la recherche et développement pour trouver le meilleur équilibre entre sécurité sanitaire, durée de conservation et qualités gustatives ».
Bientraitance animale
Afin « d’agir pour la bientraitance animale », Caroline Tailleur, directrice adjointe d’Inaporc détaille plusieurs objectifs à horizon 2035 dont « 50 % de truies en bâtiments liberté, 100 % des camions équipés de dispositifs spécialement adaptés pour renforcer le confort et la bientraitance des porcs pour les trajets supérieurs à 4h30, 100 % des porcs abattus dans des abattoirs ayant réalisé un diagnostic interprofession de bientraitance animale dès 2030 ».
Des objectifs à atteindre d’ici 2035
Plusieurs objectifs sont fixés pour 2035. Cependant, « des avancées sont déjà en cours, puisque la filière porcine n’a évidemment pas attendu la mise en place d’une stratégie RSO pour débuter son processus d’adaptation aux enjeux économiques, sociétaux et environnementaux », a insisté Apolline Pissot. Pour le pilier “souveraineté alimentaire”, un objectif intermédiaire est fixé à 2025 « élaborer un indicateur spécifique pour suivre l’origine du porc consommé en RHD, afin de quantifier la part du porc français servie par ce débouché, dont le poids augmente », a illustré François Valy.
Un travail collaboratif
Pour y parvenir, un travail collaboratif a été mené. Plus de 250 acteurs régionaux ont donné leur avis. « Des parties prenantes externes à la filière » comme des représentants du ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire mais aussi des ONG ont été consultés.