Forte tendance locavore dans les cantines de Rhône-Alpes
Si le bio dans les cantines a pu attirer les élus locaux, l'approvisionnement local semble aujourd'hui davantage gagner du terrain. En Rhône-Alpes, relativement précoce sur le sujet, les initiatives pullulent. Industriels et agriculteurs s'adaptent pour répondre à la demande. Pour ceux qui n'ont pas encore franchi le pas, le programme Realisab propose des outils pratiques.
Si le bio dans les cantines a pu attirer les élus locaux, l'approvisionnement local semble aujourd'hui davantage gagner du terrain. En Rhône-Alpes, relativement précoce sur le sujet, les initiatives pullulent. Industriels et agriculteurs s'adaptent pour répondre à la demande. Pour ceux qui n'ont pas encore franchi le pas, le programme Realisab propose des outils pratiques.
Si le développement des produits bios en restauration collective a été la grande révolution écologique de 2009, il n'a pas eu comme seul impact de développer les filières agricoles bios en France. Aujourd'hui, les politiques publiques s'attachent davantage aux produits locaux.
Rhône-Alpes, 2e bassin de production agricole après la Bretagne et 2e bassin de consommation après la région parisienne, fait figure de bon élève en la matière. Les expérimentations, projets pilotes, modèles de développement économique ou tout simplement partenariats fourmillent.
Succès pour le réseau CorabioLe réseau d'agriculteurs bios Cora-bio, par exemple, a mis en place depuis 2006 l'opération « Mon lycée mange bio ». Quatre-vingt-dix lycées de la région sont engagés dans la démarche. Ils servent une dizaine de repas 100 % bio local dans l'année et introduisent deux familles de produits bios locaux par semaine. Fort de son succès, le modèle s'est dupliqué, il y a trois ans, dans le monde de la restauration d'entreprise. Ainsi, l'opération « Manger bio et local en entreprise » rassemble douze établissements, gérés par six sociétés de restauration (Eurest, R2C, SHCB, Elior, Sodexo et Sogeres) autour d'un objectif simple : introduire 20 % de produits bios locaux dans les douze restaurants. L'opération est un succès, et devrait représenter d'ici à la fin de l'année 15000 convives. Mais l'agriculture bio n'est pas la seule filière à développer les liens qui l'unissent à la restauration collective. Depuis 2007, un accord-cadre entre la préfecture Rhône-Alpes, la chambre régionale d'agriculture, l'Ania, la FRSEA, Coop de France, Restauco (ex-CCC)… fédère les acteurs du secteur autour d'une plateforme virtuelle qui référence l'ensemble des producteurs capables de fournir la restauration. Le site Web achatlocal-consorhonealpes.com liste les producteurs de fromage, de vin, de fruits et légumes, de viande (bœuf, porc, volaille, cheval), de produits issus de la pêche…
Autre exemple, l'association ReColTer rassemble les producteurs agricoles du territoire Rhône Pluriel autour d'un catalogue de produits locaux de saison. ReColTer fonctionne comme une plateforme traditionnelle, mais garantit aux acheteurs une transaction solidaire et équitable entre les différentes parties.
Une initiative similaire existe depuis 2006 en Isère. Portée par le conseil général de l'Isère qui souhaitait développer les approvisionnements locaux, l'association « Manger bio et autrement en Isère » met en adéquation l'offre locale et la demande. Partie de sept producteurs, la plateforme en rassemble aujourd'hui près d'une centaine.
Les cantines autogérées et concédées s'organisentSi le monde agricole sait donc bien se fédérer pour offrir des>> produits locaux, les expérimentations sont également nombreuses du côté des collectivités ou des sociétés de restauration. Au lycée agricole des Sardières (01), un travail de fond a été fait sur le gaspillage du pain. Les économies réalisées ont permis de financer l'introduction de produits locaux. Le collège Le Bassenon à Condrieu (69), qui est engagé dans un projet « Lycée Éco-responsable », a fait le choix d'acheter systématiquement au meilleur prix les éventuelles surproductions locales de gré à gré ou encore d'acheter des produits locaux livrés directement en vrac ou dans des emballages retournés aux producteurs (bac de fromage blanc, panier de faisselle…). Le lycée a également supprimé de ses lignes de commande les fromages en portion au profit de fromages entiers locaux.
Des groupements d'achats apparaissent pour réduire les coûts et intéressent le plus de fournisseurs possible. Citons par exemple celui coordonné par le lycée Jean Puy à Roanne (42) qui rassemble soixante-neuf établissements scolaires de la Loire ou encore celui des hôpitaux de Chambéry, Firminy, Roanne et Saint-Chamond.
Enfin, les sociétés de restauration collective ont, elles aussi, bien compris l'importance des approvisionnements locaux. La société
“ Vercors Restauration partenaire de l'Adayg
” Vercors Restauration, par exemple, a signé en 2004, un partenariat avec l'Adayg (Association pour le développement de l'Y grenoblois) pour s'approvisionner en matière première locale.
Et ces exemples, ne sont qu'une petite partie de la kyrielle d'initiatives qui existent en Rhône-Alpes. Grand bassin de production, volonté politique, sensibilité agricole, volonté des administrés de voir dans les assiettes de leurs enfants scolarisés des produits locaux… Il est difficile de dire qui impulse cette « locavore attitude » qui pourrait s'étendre à la consommation à domicile. L'introduction de produits locaux en restauration collective, avec toute la communication qui peut se faire autour, pourrait, en effet, contribuer à faire évoluer les comportements des consommateurs sur le long terme.