Consommation
Des produits ovins et caprins trop mal connus
Habitudes, styles de vie, prix ou manque de connaissances des consommateurs, les obstacles à la consommation de viande et produits laitiers ovins et caprins ne manquent pas.
Habitudes, styles de vie, prix ou manque de connaissances des consommateurs, les obstacles à la consommation de viande et produits laitiers ovins et caprins ne manquent pas.
Alors qu’elle n’a cessé de diminuer depuis vingt ans, la consommation de viande ovine de l’Union européenne s’est stabilisée autour de 1 million de tonnes ces dernières années et pourrait retrouver une dynamique positive à partir de 2020. Les prévisions de l’OCDE à horizon 2028 sont ainsi légèrement à la hausse. La consommation européenne, probablement tirée par les flux d’immigration en provenance de pays du Moyen-Orient ou de l’Afrique du Nord où la viande ovine fait partie de l’alimentation traditionnelle, devrait augmenter d’environ 1 % en moyenne chaque année.
En France, la consommation de viandes ovine et caprine par bilan a été relativement stable l’année passée selon FranceAgriMer, la consommation enregistrée en 2019 dépassant de 0,2 % celle de 2018. Malgré ces chiffres, les perspectives d’évolution du secteur des petits ruminants en Europe restent incertaines, d’autant plus que de nombreux obstacles au développement de la consommation des produits ovins et caprins (viande et lait) persistent.
L’origine des produits, un critère fort pour la viande
Ces produits, considérés comme trop gras et nécessitant, au dire des consommateurs, des compétences en cuisine élevées, ne sont pas associés à la consommation quotidienne. Les achats de ces produits pâtissent aussi d’un prix élevé et d’un goût prononcé, souvent méconnu des jeunes consommateurs. C’est ce que rapportent les résultats du projet européen iSage qui s’est intéressé aux tendances de consommation des produits ovins et caprins dans six pays de l’UE (France, Grèce, Italie, Espagne, Royaume-Uni et Finlande) ainsi qu’en Turquie.
Les enquêtes réalisées auprès d’un panel de consommateurs déclarant manger au moins occasionnellement de la viande ovine ou caprine, ont révélé que dans les sept pays suivis, les consommateurs sont prêts à payer plus cher un produit d’origine nationale. La France est le pays de l’étude où le consentement à payer est le plus élevé, le critère de l’origine apparaissant même plus important que la présence d’un label AOP ou IGP.
Le consommateur manque de connaissances sur les produits
Du côté des produits laitiers, la France est le seul pays parmi les sept étudiés où le consommateur se déclare prêt à payer plus cher pour un fromage de chèvre. Ce n’est pas le cas en revanche pour le fromage de brebis, le consentement à payer davantage pour cette espèce étant nul. Cette tendance observée en France peut être en partie expliquée par le manque de connaissances des consommateurs, les fromages de brebis étant souvent moins bien identifiés que les fromages de chèvre.
Si le consommateur connaît les grands noms de fromages de brebis (roquefort, osso-iraty), il n’est pas toujours capable de les associer au lait de brebis. Des observations similaires ont été faites en Grèce alors même qu’un des fromages traditionnels grecs, la feta, est confectionné à base de lait de brebis. Le phénomène est d’ailleurs très bien connu des détaillants qui déclarent le manque de connaissances des consommateurs comme un des principaux obstacles au développement du marché des produits laitiers ovins et caprins.