Des filières bio chahutées par l'instabilité des marchés
L'année 2021 s’est montrée particulièrement compliquée pour les filières biologiques, entre des ventes moins soutenues en magasins, l’instabilité de l’offre et la concurrence d’autres labels.
L'année 2021 s’est montrée particulièrement compliquée pour les filières biologiques, entre des ventes moins soutenues en magasins, l’instabilité de l’offre et la concurrence d’autres labels.
« On se réjouissait d’avoir un marché bio très dynamique en France en 2020, mais l’an dernier, les ventes ont été moroses », constate Claire Dimier Vallet, déléguée générale adjointe du Syndicat du réseau entreprises bio agroalimentaires (Synabio), lors du webinaire « L’alimentation biologique à la maison et en dehors de la maison : un mode de vie ! », organisé par Bio Organic Lifestyle EU, le 1er février 2022.
Décrochage des magasins spécialisés
En 2021, le chiffre d’affaires des produits bio a reculé de 2,6 % en grandes surfaces et de 5 % en magasins spécialisés bio. En cause, l’effet de la crise sanitaire. « On se compare à une année 2020 qui a été exceptionnelle, avec des changements d’habitude de consommation », rappelle-t-elle. Les Français ont moins acheté de produits bio, en lien notamment avec des achats moins compulsifs en magasins, comparé à 2020, et avec un pouvoir d’achat globalement diminué depuis septembre 2021. Même si les paniers d’achat ont été plus gros, cela n’a pas bénéficié au secteur du bio. « Si on se compare à l’année 2019, pour atténuer l’effet de 2020, on reste sur une croissance de 2,2 % en GMS et de 5,1 % en magasins spécialisés », temporise-t-elle.
Toutefois, le parc de magasins spécialisés a augmenté plus rapidement (+7,4 %) que les ventes. « On constate une baisse du panier moyen et de la fréquentation en magasins spécialisés. Le dernier semestre 2021 a été marqué par le décrochage des ventes par rapport à 2019 », sinquiète Claire Dimier Vallet. Autre point noir, cette fois-ci en GMS, tous les indicateurs de suivi de la consommation bio (taux de pénétration, fréquence d’achat, quantité et budget par acte d’achat) stagnent, voire reculent pour la première fois depuis cinq ans.
Difficultés rencontrées sur tous les maillons
Un sentiment d’insécurité globale pèse sur le marché du bio. Les filières biologiques communiquent de plus en plus sur l’instabilité de l’offre : surproduction en œufs et lait ou encore difficultés sur les disponibilités de fruits et légumes pour cause de gel. Par ailleurs, la pandémie a limité les débouchés en restauration hors domicile, nécessitant une restructuration de la filière. La baisse de la consommation a aussi entraîné mécaniquement une diminution de l’offre en rayons. Ainsi, avec des déréférencements et des rotations qui n’étaient pas au rendez-vous, les produits bio ont subi une baisse de visibilité en grandes surfaces.
La concurrence de l’offre locale non biologique vient aussi mettre à mal la filière. « Les acteurs du bio ont manqué de défensive pour contrecarrer la multiplication des labels qui se positionnent sur les mêmes valeurs que le bio (Zéro pesticide, Haute Valeur environnementale) à des coûts souvent inférieurs », souligne Claire Dimier Vallet, de quoi contribué à diluer le label bio, lui grignotant des parts de marché. « Si les Français ont montré un vrai intérêt dans les marques nationales ou dans les marques engagées pendant la pandémie, ils n’ont pas pour autant montré plus d’engouement pour les produits bio ; la filière a manqué de communication », précise-t-elle.
Face à ces diverses difficultés, La Maison de la bio a rassemblé le 19 janvier les acteurs du secteur pour travailler ensemble sur un plan de relance du bio.
Les axes du plan de relance du bio
- Récupérer des budgets auprès des ministères, pour expliquer la situation actuelle et la nécessité de faire un plan de relance du bio en France.
- Agir sur la communication en réaffirmant les valeurs du bio et en se défendant face aux attaques.
- Avoir des outils de suivi et indicateurs plus réguliers et fins que des données annuelles ou trimestrielles sur les évolutions de production et de consommation de produits bio.
- Profiter des élections présidentielles pour engager des actions de lobbying plus fortes autour de l’agriculture biologique.