Produits frais
[Coronavirus] Quelles conséquences sur le marché mondial alimentaire ?
Dans un monde où les chaînes de valeur agricoles et agroalimentaires sont interconnectées, l'onde de choc du coronavirus se répercute dans tous les secteurs. Certains plus que d’autres…
Dans un monde où les chaînes de valeur agricoles et agroalimentaires sont interconnectées, l'onde de choc du coronavirus se répercute dans tous les secteurs. Certains plus que d’autres…
Le marché mondial des produits frais et leurs ventes en restauration hors domicile (RHD) auront été lourdement affectés par la crise sanitaire. La pêche et l’aquaculture ont été particulièrement touchées dès le début de la crise. Les navires sont à l’arrêt en raison de l’effondrement des marchés et à cause des mesures sanitaires difficiles à appliquer à bord des bateaux. La fermeture de la RHD a bouleversé les marchés mondiaux des poissons et crustacés frais, fortement dépendants du commerce international. En Inde, la production de crevettes d’élevage devrait chuter de 30 à 40 % face à un repli de la demande. La consommation de saumon devrait aussi reculer de 15 % au moins en 2020, estime la FAO. La vente au détail de saumons frais et de truites fraîches, connaît un recul marqué et aucune reprise n’est attendue dans un avenir proche.
Côté fruits et légumes, l’association de consommateurs UFC-Que choisir déclarait que le prix global du rayon a augmenté de 9 % pendant le confinement. Les raisons sont multiples : la hausse des coûts du transport et d’emballage (les consommateurs privilégiant les produits emballés par crainte d’être contaminés) ; le manque de travailleurs saisonniers et les difficultés d’importations.
L’élevage bouleversé
Le secteur de l’élevage se voit, lui aussi, menacé par la pandémie avec un accès limité aux aliments pour animaux. « En Argentine – le plus grand exportateur mondial de farine de soja –, les restrictions ont réduit de moitié l’approvisionnement en soja des usines d’aliments pour animaux, ce qui pourrait affecter les flux commerciaux mondiaux », précise la FAO. L’accès limité aux vaccins et médicaments a augmenté la probabilité de nouvelles épizooties, comme la peste porcine africaine en Asie ou encore la grippe aviaire en Europe. Les capacités d’abattage ont aussi été limitées par des contraintes logistiques et des pénuries de main-d’œuvre. En France, le manque de personnel dû à la garde des enfants, à la quarantaine et aux congés maladie a atteint 30 % dans certains abattoirs, selon Culture Viande.
Le transport routier perturbé
Niveau transport, les restrictions ont conduit à une réduction de l’offre. Aux Philippines, une pénurie aurait même pu être provoquée par le retard des véhicules transportant les matières premières pour la transformation de la viande. En Chine, les contrôles routiers ont perturbé la transformation et le transport du lait conduisant à un dumping ! Dans l’Union européenne où 35 % de la viande bovine est exportée entre les pays membres, les exportations polonaises ont chuté tirant les prix vers le bas. La fermeture de la RHD dans plusieurs pays a aussi provoqué une offre excédentaire momentanée, déclenchant dans certains cas une réduction de la production.
Si les systèmes alimentaires mondiaux ont été chamboulés par la Covid-19, des différences marquées existent entre pays à haut revenu et pays à faible revenu et à l’intérieur d’un même pays. Les plus pauvres seront évidemment les premiers exposés à l’insécurité alimentaire et seront aussi les plus touchés à moyen terme.