Charcuterie
Comment Popy a triplé de taille en 18 mois
Après Amand-Bianic en 2017, Laurent Jolivet, fondateur du groupe Popy, s’offre le groupe Gilbert Lemelle et devient le leader français de l’andouille et de l’andouillette haut de gamme.
Après Amand-Bianic en 2017, Laurent Jolivet, fondateur du groupe Popy, s’offre le groupe Gilbert Lemelle et devient le leader français de l’andouille et de l’andouillette haut de gamme.
Il s’agit de la huitième acquisition pour Laurent Jolivet depuis 2000 et de la création du groupe Popy, spécialisé dans la fourniture d’andouilles et andouillettes. Le 14 janvier 2019, le groupe Gilbert Lemelle, ancré à l’est et en région parisienne et qui enregistre quelque 30 millions d’euros de chiffre d’affaires, est venu renforcer Popy dans sa position de leader sur ce marché de 18 000 tonnes, avec une part de 55 % en volume et un chiffre d’affaires de 90 millions d’euros avec 600 salariés.
Bernaudeau (2002), La Champenoise (2005), Duval et Chédeville (2007) : « nous avons fait une première phase d’acquisition à marche forcée, puis une pause pour consolider le management et les financements », rappelle Laurent Jolivet, président fondateur du groupe Popy. Et puis en juin 2017, le groupe acquiert Amand-Bianic. Il reprend dans la foulée le grossiste Jannaire via Chédeville, puis Gilbert Lemelle. « Au premier semestre 2017, nous étions trois entreprises concurrentes à peu près de la même taille. Dès que j’ai fait la première opération, je me suis tout naturellement tourné vers Gilbert Lemelle. En reprenant Amand-Bianic, nous devenions beaucoup plus gros. Cet achat a déclenché le deuxième. En 18 mois, j’ai triplé de taille », raconte Laurent Jolivet.
Financée par Bpifrance, Banque populaire Alsace Lorraine Champagne, Crédit agricole de Normandie et LCL, l’opération apporte à Popy trois sites de production certifiés IFS (le groupe en compte désormais dix au total), des marques et certifications de qualité (Véritable andouillette de Troyes, Porc Francilien, Andouillettes 5A…) et une clientèle en GMS, qu’il abordait peu jusque-là.
J’ai ciblé mes achats sur le haut de gamme
« Avant, mes ventes se répartissaient entre la RHD (40 %), les grossistes (40 %) et les GMS (20 %), je vais désormais arriver à un tiers, un tiers, un tiers », se félicite Laurent Jolivet qui souligne que le segment restauration a souffert fin 2018 du mouvement des gilets jaunes. Pour affronter le monde de la grande distribution, il estime aujourd’hui avoir la taille suffisante et surtout avoir mené une stratégie de différenciation haut de gamme par rapport à ses concurrents (que sont Kermené, Jean Rozé, Cooperl, Jean Floc’h). « J’ai ciblé mes rachats sur les fabricants d’andouilles et d’andouillettes haut de gamme, avec les appellations “véritable” andouillette de Troyes, lyonnaise, “véritable” andouille de Vire de Guéméné, l’appellation 5A », souligne Laurent Jolivet, parmi les initiateurs du dépôt de la marque 5A (lire LMH du 11 janvier).
Pas de marque nationale
« En GMS, nos produits seront vendus sous MDD qualitatives – Nos régions ont du talent, Reflet de France, Monoprix Gourmet… – et à nos marques locales », poursuit-il. Si le groupe Popy a désormais la taille d’une ETI, pas question de créer une marque nationale, son patron tient à garder l’image de PME qui lui colle à la peau, « une image que je défends », affirme-t-il. Et quand on lui parle de synergies avec Gilbert Lemelle, pas question, selon lui, de licencier ou de fermer un site, mais de faire bénéficier des apports réciproques en matière de savoir-faire.
De bonnes perspectives vers l’Asie
Le groupe Popy, qui expose au Sial de Shanghai depuis 2006, fait partie des quatre charcutiers français à bénéficier depuis deux ans d’un agrément pour exporter en Chine. « Nous travaillons avec les services de douanes sur les étiquettes, on espère pouvoir expédier nos premiers produits cette année », confie Laurent Jolivet. La société Gilbert Lemelle dispose aussi de deux agréments pour exporter vers l’Asie, destination qui représente un bon potentiel de développement pour les andouilles et andouillettes, selon son fondateur. Le groupe Popy dispose par ailleurs d’un agrément pour exporter vers le Canada.