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Colère des agriculteurs : la pression va monter avant le salon de l’Agriculture

A quelques semaines du salon de l’Agriculture 2024, le mouvement #Onenmarchesurlatete initié en novembre dernier dans le Tarn prend de l’ampleur. La FNSEA vient d’acter le principe d’une mobilisation d’envergure dont les modalités restent à définir.

Le 18 janvier, des jeunes agriculteurs bloquent avec des tracteurs un péage d'autoroute dans le Tarn et Garonne.
Des jeunes agriculteurs bloquent un péage d'autoroute dans le Tarn et Garonne.
© Jeunes agriculteurs du Tarn et Garonne

Alors que les agriculteurs allemands ne désarment pas contre le gouvernement du chancelier Olaf Scholz, en France la gronde initiée par les jeunes agriculteurs de la région Occitanie prend de l’ampleur. 

Lire aussi : Panneaux retournés : qui est derrière cette opération qui se répand en France ?

Une mobilisation actée par le conseil d’administration de la FNSEA

Après la manifestation du 16 janvier qui a vu des centaines de tracteurs converger vers Toulouse, un conseil d’administration s’est réuni hier soir à la FNSEA avec les présidents des fédérations régionales pour faire un point sur la décision.

Et selon nos informations, le principe d’une mobilisation d’envergure avant le salon de l’agriculture a été acté.  

Lire aussi : « Les agriculteurs ont le moral au fond des bottes » : après les panneaux retournés, manifestation à Toulouse le 16 janvier

 

Quelles modalités du mouvement de contestation agricole ? 

Jeudi 25 janvier un conseil fédéral du syndicat majoritaire agricole devrait se tenir pour définir les modalités, le niveau d’action (régional ? national ?) et les mots d’ordres des revendications.

On ne se contentera pas de petites phrases et d'une photo devant les vaches au Salon de l'agriculture

Le 10 janvier devant la presse, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, avait listé les 10 dossiers chauds, sur lesquels le syndicat attend des réponses au niveau de l’Etat français ou de l’Union européenne. « Nous commençons l’année gonflés à bloc, avec des sujets de première importance sur lesquels on attend du concret […] On ne se contentera pas de petites phrases et d’une photo devant les vaches au salon de l’agriculture », avait-il alors prévenu.

Relire : Les 10 dossiers agricoles chauds de 2024 selon la FNSEA

Après la conférence de presse d’Emmanuel Macron, le syndicat majoritaire agricole entend aussi bien prendre au mot le président de la République qui a parlé de « réarmer la France », en lui demandant quels moyens il compte donner à l’agriculture, et comment il compte en simplifier les normes.

Mise à jour | Colère des agriculteurs : comment le gouvernement essaie d’éteindre l’incendie ?
 

La colère des agriculteurs s’exprime sur le terrain et les réseaux sociaux

Sur le terrain, les esprits s’échauffent. La circulation sur l'autoroute A64 entre Toulouse et Bayonne était bloquée en Haute-Garonne vendredi à la mi-journée et depuis le début de la matinée par une action d'agriculteurs en colère, selon l'AFP. 
Sur les réseaux sociaux, nombre d’agriculteurs affichent désormais leur volonté de descendre dans la rue pour exprimer leur colère. Comme Antoine Thibault (alias AgriSkippy) qui écrit sur X (ex-twitter) : « des accords d’importations de viande et de lait, une règlement UE ou FR kafkaïenne, des laiteries qui tirent les prix vers le bas, un carburant taxé, s’il faut bloquer un pays pour ses paysans puissent y vivre alors nous le bloquerons ».

 

Alexandre Morel, jeune éleveur très suivi sur TikTok, exprime les raisons de la colère des agriculteurs, pourquoi il entend sortir son tracteur pour aller manifester et invite les jeunes agriculteurs à se mobiliser.

Lire aussi : Prix du lait : les manifestations se multiplient contre Lactalis

Marc Fesneau se dit « très attentif aux expressions des agriculteurs »

« J’entends et je suis très attentif aux expressions des agriculteurs », a déclaré Marc Fesneau, dans une interview accordée à La Dépêche du Midi. « Je comprends le besoin de cohérence entre les politiques et de réciprocité des normes pour éviter de placer nos agriculteurs en situation de concurrence déloyale : c’est un chemin difficile mais sur lequel avance », poursuit le ministre de l’Agriculture qui tente de désamorcer la grogne. Concernant la lourdeur des procédures administratives, Marc Fesneau précise aussi au quotidien régional avoir lancé un travail au sein du ministère avec les organisations agricoles et alimentaires « sur les simplifications possibles ».

Le Rassemblement national va à la rencontre du monde agricole

Comme en Allemagne, l’extrême droite s’intéresse de près à la gronde des agriculteurs. Le 17 janvier dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg, Jordan Bardella président du Rassemblement national et député européen, a réclamé « l’état d’urgence agricole », proposant une exonération d’impôts sur les transmissions, un moratoire sur les accords de libre-échange, la fin de l’écologie punitive, la garantie des prix, « une sobriété normative » ou encore « une priorité dans la commande publique ».

Le Rassemblement national annonce par ailleurs que son président se rendra le 20 janvier à la rencontre d’agriculteurs en Gironde.

Lire aussi : Elections européennes : L’Alliance Rurale soutient les agriculteurs mécontents

Un risque pour Emmanuel Macron dans le cadre des élections européennes

Selon le sociologue François Purseigle, interviewé par La Dépêche du Midi, si les agriculteurs ne devraient pas se tourner massivement vers le RN pour les élections européennes, n’étant pas dupes des discours de ses dirigeants peu spécialistes du sujet, « le risque pour Emmanuel Macron est de perdre cette clientèle, qui a largement voté pour lui en 2022 ». 

« Les agriculteurs pourraient simplement s'abstenir, eux qui jusqu'à présent allaient au bureau de vote comme à l'église », prévient-il.

La Commission européenne appelée à clarifier sa position sur l’avenir de l’agriculture

Au niveau de l’Union européenne, le Copa et la Cogeca appellent la Commission européenne à « clarifier la portée du dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture ». Après que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ait annoncé en septembre dernier vouloir ouvrir ce dialogue, une première réunion doit avoir lieu le 25 janvier prochain. 

« Nous souhaitons un débat approfondi avec la Commission et les parties prenantes qui place la réalité de l'agriculture au cœur des discussions et nous restons convaincus, comme l'a dit la présidente von der Leyen, « que l'agriculture et la conservation de la nature peuvent aller de pair », préviennent le Copa et la Cogeca qui déplore que « la machine réglementaire européenne continue de fonctionner à plein régime, ignorant le contexte géopolitique, climatique et économique qui met à mal les exploitations agricoles et les revenus des agriculteurs ». 

A la veille des élections européennes « le dialogue stratégique sur l'avenir de l'agriculture doit rétablir l'agriculture, la compétitivité et les revenus des agriculteurs ainsi que la cohérence des politiques agricoles de l'UE comme priorité stratégique », écrivent le Copa et la Cogeca.

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