« Aujourd'hui, il manque 50 % des volumes »
Tous les étés, les vacanciers et les opérateurs touristiques croisent les doigts pour que les mois de juillet et août soient beaux et chauds. Les producteurs de la lentille verte du Puy aussi. « Cela fait trois ans que nous avons des étés qui ne sont pas de vrais étés », déplore Antoine Wassner, président de l'ODG et directeur général de Sabarot-Wassner, l'une des trois entreprises de conditionnement de la filière. « Du coup, nous sommes en déficit de production : aujourd'hui, il manque 50 % des volumes pour couvrir la demande », annonce-t-il. La lentille, culture méditerranéenne, n'aime pas l'eau. Il lui en faut à la floraison, au mois de juin, mais ensuite, elle réclame un temps sec et ensoleillé jusqu'à la ” récolte du mois d'août. Sinon, elle souffre. « L'année dernière, à cause de la pluie de juillet, on a terminé sur une campagne à 7 quintaux l'hectare en moyenne, alors que le potentiel de production avait été estimé à 15 quintaux en juin, observe Laurent Béraud, président du groupement des producteurs. Certains ont récolté 2 quintaux, d'autres même rien du tout. »
“ Un hectare de plus par producteur
Une météo capricieuse qui pénalise la filière, alors même qu'elle s'escrime depuis quelques années à relancer son potentiel de production. « La lentille est une culture de diversification, explique le président. La majorité des producteurs sont des éleveurs laitiers qui, par souci de rentabilité immédiate, préfèrent parfois faire du lait et des céréales. » Alors l'année dernière, pour remobiliser les 760 producteurs de la filière, un appel « un hectare de plus par producteur » a été lancé, et entendu : 10 % de surfaces en plus ont été emblavées, soit 500 hectares pour un total de 3 860 hectares (voir graphique). Un sursaut collectif malheureusement insuffisant : en 2014, les tonnages récoltés ont plafonné à 2600 tonnes, alors que la moyenne ces dix dernières années se situe autour de 3 à 4000 tonnes. « Il faudrait 5 000 tonnes pour couvrir la demande actuelle et reconstituer un peu nos stocks », précise Antoine Wassner. « On aurait besoin d'une bonne récolte qui crée de l'émulation, ça fait dix ans que cela n'est pas arrivé », remarque Laurent Béraud. Et si c'était pour 2015 ?
1 700 euros la tonne à l'achatLa saison s'annonce bien, même si les surfaces semées ne seront connues qu'en mai. À 1 700 euros la tonne à l'achat et 1 000 euros par hectare de marge brute en moyenne, la lentille reste une culture attractive, d'autant plus que le prix du blé est en baisse. Si la météo ne leur joue pas encore un vilain tour, si les adventices et les maladies se tiennent tranquilles, si les rendements sont au rendez-vous, la filière pourra enfin livrer tous ceux qui l'attendent avec impatience. « La demande est pressante, c'est un produit qui plaît beaucoup, vendu dans plus de 70 pays dans le monde », confirme Antoine Wassner, dont l'entreprise exporte 50 % des volumes collectés. « Notre défi national, c'est de revenir en GMS », ajoute Laurent Béraud.
Passionnés, fiers de leur produit d'exception, les acteurs de la filière restent optimistes : un bel été et la lentille verte AOP du Puy retrouvera toute sa place dans les rayons des distributeurs.